Les Chemins de Khatovar

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La Guerre des dieux 1 : Le Serment de l’épée / David Weber

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Titre original : Oath of Swords, 1995
L’Atalante, 336 & 228 pages (cela ne pouvait pas tenir en 1 seul livre ?)

On passera sur les couvertures de Miguel Coimbra qui ont le bon goût de bien correspondre au contenu des romans, mais on s’interrogea sur la malédiction mercantile qui a obligé l’Atalante à découper en 2 un roman de moins de 600 pages (ce procédé qui a tout de l’arnaque gâche en plus la cohérence et le rythme de l’ensemble).

A lecture de l’avis du site dit de référence, je ne m’attendais pas à une lecture aussi sympa ! Ce cycle qui puise dans les classiques a débuté en 1995 et en lorgnant sur la fantasy d’antan, cela a le goût de la fantasy d’antan : certains vont détester, et c’est tant pis pour eux, d’autres vont bien aimer, et c’est tant mieux pour eux.
Pour ma part, avec ce qu’on pourrait juger de bon Feist j’ai presque redécouvert le plaisir de mes débuts en fantasy et les sensations que j’ai eu avec la saga Lodoss.
Dans un univers d’heroic fantasy pur jus, le frère caché de Gandalf à la tête d’un Conseil Blanc embauche Conan et Tristelune pour combattre les sbires de noires divinités.
On mélange agréablement Howard, Tolkien, Leiber et Moorcock (mais encore faut-il avoir des atomes crochus avec ces maîtres incontestés et incontestable du genre) avec un worldbuilding qu’on pourrait juger classique mais qui a le bon goût d’éviter les tolkieneries, les conaneries et les donjoneries & dragoneries qui en découlent.
Depuis la guerre des Sorciers qui a conduit à la chute de Kontovar, la magie est proscrite quand elle n’a pas disparu. Les survivants de ces jours sombres ont reconstruit la civilisation en Norfressa, mais la guerre éternelle entre les dieux blancs et les dieux noirs ne s’est jamais véritablement achevée…
Alors oui, on retrouve des elfes, des nains et des semi-hommes, mais l’histoire se concentre sur les heurs et les malheurs de 2 Hradanis (des « hommes-renards » berserkers). Nous suivons donc les aventures d’un prince Voleur de Chevaux qui a bien du mal à respecter son rang et son statut et un apprenti barde Épée Sanglante qui ne ménage pas ses efforts pour se distinguer de ses congénères brutasses.
C’est presque dommage que les aspects géopolitiques et les intrigues des débuts soient vite oubliés… Gageons qu’ils feront leur retour dans Les Champions de Tomanak et Les Cavaliers du vent !
Et il y a un petit côté western qui se transforme en grand côté roadmovie avec nos compères qui après leur cavale escortent un maître caravanier nain puis une mystérieuse gente dame de l’Empire de la Lance. Les scènes de combat sont courtes, âpres et violentes : elles apportent un véritable plus à l’ensemble.

La prose est simple et aisée donc facile d’accès : on retrouve le plaisir de la ligne droite où une péripétie et sa résolution nous emmènent vers une nouvelle péripétie et Frank Reichert est à l’aise dans cet exercice de style. C’est appréciable de voir l’histoire débuter à la page 1 ce qui permet de zapper la traditionnelle mise en place. Pour ne rien gâcher, David Weber en vieux routard de la SF aborde le genre Fantasy avec humilité et modestie puisque que toutes ses inspirations sont assumées par des clins d’œil savoureux pour les hardcore readers. Ainsi impossible de manquer le colosse barbare sauveur de la veuve et de l’orphelin qui hait les sorciers !

Le style est léger, les personnages sont amenés de manière un peu forcée, il y a pas mal de naïveté et on doit se coltiner quelques passages explicatifs assez lourds (genre les discours d’Obi Wan Kenobi sur le côté obscur de la force)… mais tout cela est désamorcé par une bonne dose d’humour !
– le héros qui n’arrête pas de maudire sa tête trop petite et son cœur trop grand…
– le héros qui balance à la flotte le prophète qui lui parle de quête et de destinée manifeste…
– le héros qui n’arrête de fustiger le TOC qui l’oblige à secourir les faibles martyrisés par les forts…
– ou les demi-elfes nobles d’esprit et de cœur chez Tolkien, ici dépeints comme des connards carriéristes TPLG !
Le 2e degré amené par l’auteur m’a bien plu, mais cette dimension est toujours subjective.

Rien d’extraordinaire au final mais pourquoi rechercher l’exceptionnel là où l’agréable suffit très largement ! Qui pourrait être véritablement intéressé par de tels romans ? Peut-être les nostalgiques, les easy readers, les lecteurs à la recherche d’un cycle agréable pas prise de tête… Bref la très grande majorité du lectorat fantasy qu’on se le dise. Y compris moi qui lira la suite avec plaisir.

Note : 7/10

Albéric

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