Les Chemins de Khatovar

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L’Alliage de justice / Brandon Sanderson

Titre original : The Alloy of Law, 2011
Orbit
, 275 pages

Le gunfight allomantique introductif promettait une belle ambiance entre western et steampunk. Il n’en est rien car Brandon Sanderson en pure produit des ateliers d’écriture nous livre un produit bien troussé certes mais aussi bien formaté.

On entre rapidement dans un univers plus proche d’un comic victorien que d’un western steampunk, le système de la magie des métaux s’étoffe pour offrir des scènes d’action cinématographiques dans le style DC / Marvel. C’est fluide, c’est efficace, c’est rythmé et on identifie rapidement les personnages auxquels on pourra s’attacher (ils ne sont que 2 !).

C’est mieux qu’un méd-fan mais l’univers est survolé : le worldbuilding est inexistant.
Les multiples références aux héros divinisés de Fils-des-Brumes ne servent à rien, les multiples références aux exploits de Wayne, Wax et Miles dans les rocailles ne servent à rien et le cadre est minimaliste : on passe des salles de bal aux repaires de bandits en passant par le commissariat ou la batcave…

Sur le fond l’histoire est un remake très édulcoré de Batman Begins.
Dans la 1ère partie plusieurs semaines s’écoulent dans les ellipses qui séparent les chapitres qui nous permettent de découvrir l’univers de Fils-des-Brumes 3 siècles après les événements du Héros des Siècles.
On retrouve un aristocrate vigilante qui s’associe à un side-kick action-humour et une jeune ingénue à la fois belle et intelligente. Cela lorgne carrément sur les terres de la Batman Family mais ce n’est pas assumé du tout. On retrouve un majordome complice et un l’armurier malicieux et on a même droit à fond idéologique douteux avec un gentil riche qui défend l’ordre établi contre des méchants révolutionnaires gauchos.
Mais tout va bien : on évite le plagiat puisque ce n’est pas le héros qui s’appelle Wayne.
La 2e partie est une traque de 48h se terminant par une longue scène d’action.
On retrouve un gentleman baroudeur et un roublard transformiste qui doivent démasquer une mystérieuse conspiration et stopper les plans d’un super-vilain mégalomane et invincible doté de la robustesse d’un T-1000.
Cela ressemble à s’y méprendre à du Wild Wild West mais ce n’est pas assumé du tout.

Sur la forme les défauts sont nombreux ! Des tics d’écriture maladroits qu’on ne retrouve pas dans ses autres livres. Et que les branchouilles VOphiles ne viennent pas nous dire que la traduction de Mélanie Fazi est mauvaise…
On retrouve ainsi une héroïne potiche au possible, une (non-)histoire de romance mièvre, des deux ex machina en voulez-vous en voilà, des cabotinages insupportables, un humour qui tombe parfois à plat, des dialogues parfois minimalistes, des descriptions parfois foireuses et quelques copier-coller qui piquent les yeux.
Et comme d’habitude avec Brandon Sanderson l’épilogue nous en dévoile plus que tout ce qui a précédé pour obliger le lecteur à acheter la suite : c’est beaucoup de blabla pour faire avancer l’intrigue entre quelques scènes d’action longuettes ou quelques rebondissements forcés  et donc tout aurait largement tenu dans un BD de 50 pages.

On est en droit d’attendre bien mieux d’un auteur bankable comme Brandon Sanderson.
Un court roman qui sera fort plaisant pour le « tout venant » et les fans de Fils-des-BrumesSi vous ne connaissez pas l’auteur vous allez kiffer, si vous le connaissez déjà vous serez sans doute très déçu. Mais le lecteur averti se tournera vers le Frey de Chris Wooding, un western steampunk bien plus intéressant et le lecteur très averti se tournera vers le Grimnoir de Larry Correia, une épopée dieselpunk incontournable !

Note : 6/10

Albéric

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L'Alliage de justice / Brandon Sanderson, 6.4 out of 10 based on 8 ratings

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