Les Chemins de Khatovar

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L’Aube de fer / Matthew Woodring Stover

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Titre original : Iron Dawn, 1997
Atalante, 470 pages

« Tyr est petite mais vaste est le monde… »

Dans les rues étroites de la cité-Etat de Tyr au XIIe siècle avant la naissance du Christ, Barra Coll Eigg Rhum nous présente une population cosmopolite : Phéniciens, Égyptiens  Hittites, Amorites, Indusiens, Grecs, Celtes et Pictes…
Il était une fois une petite princesse picte qui rêvait de devenir une grande princesse orientale : l’année de ses 14 printemps cette petite rouquine s’embarqua sur un navire phénicien et se fit adopter par les marchands Péliarchus et Tayniz grâce auxquels elle apprit à devenir une redoutable négociante. Et après avoir aperçu un magnifique héros tout de bronze vêtu et sa blonde chevelure flottant au vent, à 18 ans elle décida d’entrer elle-aussi dans la légende en allant combattre pour les Murs de Troie, mais le destin en décida autrement…
A 29 ans, Barra est devenue une guerrière accomplie, mais complètement fauchée au presque, qui rentre dans sa bonne vieille ville Tyr, accompagnée de Leucas Déodakaidès d’Athènes, un redoutable vétéran de la Guerre de Troie rencontré en Sicile, et de Khépéru de Thèbes, un roublard sehperankh banni d’Egypte.
Mais entre bateaux coulés, caravanes pillés, entrepôts brûlés, meurtres en série et une mystérieuse histoire de malédiction lancée par un non moins mystérieux sorcier, la tension monte entre les 5 Grandes Maison dirigeant la cité : la Maison Penthédès dirigée par l’achéen Agapenthès, la Maison Meinéidès dirigée par le Sémite Idonosteus, la Maison Mursuwalli dirigée par le Hittite Xuxusimilli, la Maison Tomitri dirigé par l Égyptien Nephrol et la Maison Jephunah dirigée par l’Amorite du même nom.

L’Aube de Fer forme un joli diptyque qui fait le choix de l’originalité en traitant du Proche-Orient à l’Âge du Bronze final

La 1ère partie intitulée « le recrutement » prend d’un côté la forme d’un polar antique, dans une ambiance finalement assez proche de séries comme Garrett P.I. ou Vlad Taltos, et nous apprenons à découvrir les personnages et le fonctionnement du trio (« Leucas combat, Khépéru calcule et Barra… est Barra » dixit Leucas). Dans le même temps nous redécouvrons l’univers de l’Âge du Bronze finissant avec Barra nous contant un Extrême-Occident divisé en Vieilles tribus (les Pictes) et Nouvelles Tribus (les Celtes), avec Leucas nous contant les exploits des héros achéens et troyens, et avec Khépéru nous contant les us et coutumes de l’Empire des Horus Vivants.
La 2e partie intitulée « la reculade ulate » est nettement plus violente, sombre sinon désespérée : les calamités s’abattent sur notre trio qui doit lutter seul contre tous et les nerfs des personnages et des lecteurs sont mis à l’épreuve. Mais Barra est une Picte et les Pictes ne capitulent jamais !!!

Les 3 personnages principaux sont sympathiques et attachants : bien décrits et bien campés, ils n’ont toutefois pas livré tous leurs secrets malgré tout ce qu’on apprend d’eux en 500 pages.
Avec Remmie, son acolyte, ses sbires, ses marionnettes et ses dupes, nous avons vilain flamboyant dont les apparitions constituent autant d’interludes qui nous racontent l’histoire du point de vue du méchant. C’est assez réjouissant finalement car dans cette optique, le qui et le pourquoi importent moins que le comment. Et là, les choses se corsent car c’est rapidement mission impossible pour Barra et ses amis.

Les autres personnages sont beaucoup moins fouillés, mais contrairement à beaucoup d’autres séries on a pas du tout une impression de vide : le séduisant mais psychopathe Chrysios, les chefs des Grandes Maison et leurs seconds tantôt fidèles tantôt fourbes, les légendaires Myrmidons de Kamadès de Phtia, Lidios le tenancier d’auberge grande gueule, l’alchimiste Tekrop-nekt, le gouverneur Akhu-shabt, le roi de Chypre Démétor et sa suite, Péliarchus et sa maisonnée… sans oublier le fidèle canidé Graegduz !

Le scénario mêle mystification et démystification en alternant low fantasy et high fantasy pour aboutir à un récit de Sword & Sorcery classique dans ses enjeux mais assez dynamique dans son déroulement.
Entre la trilogie Troie de David Gemmell et le diptyque des Immortels de Michel Pagel, j’ai été particulièrement séduit par cette Aube de Fer car l’auteur a trouvé une formule équilibrée et harmonieuse : un traitement à la fois réaliste et fantastique, qui fourmille de détails historiques et mythologiques (que nécessite plusieurs lectures pour les apprécier à leur juste valeur) qui mêle à la fois action, émotion et aventure, moments lumineux et moments sombres avec des dialogues bien ficelés remplis d’humour ou de rage à l’image de Barra.
Bref tous les ingrédients sont là, et il y avait matière à de nombreuses suites : malheureusement il n’y eut qu’une seule et celle-ci est non traduite, mais ceci est une autre histoire…
(Jericho Moon est un démontage en bonnes et dues formes de l’Ancien Testament avec des Palestiniens résistant désespérément contre les Israéliens et leur Sombre Seigneur)

Note : 8,5/10 (c’est de toutes les manières c’est un énorme coup de cœur !)

Albéric

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