Les Chemins de Khatovar

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Tengu / Graham Masterton

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Titre original : Tengu, 1983
Fleuve Noir, 416 pages

L’entrée en matière est vraiment bien troussée à l’image du roman dans son ensemble : un chouette roller-coaster !
On suit dans la trivialité du quotidien la starlette d’un quelconque soap opera angélitain, passage aux WC et description du vibromasseur y compris, avant d’envoyer tout bouler avec une scène bien gore qui lance le roman. Pourtant ce n’était pas faute de nous avoir prévenus dès la 1ère phrase ! Et l’auteur va tout naturellement rythmer son récit du début à la fin par une succession de scènes horrifiques et horrifiantes de bon aloi.
Tout le fantastique du roman (et donc toutes les scènes gore qui vont avec) est amené par un démon japonais. Dommage d’avoir développé uniquement l’un des sept Kami noirs évoqués par les légendes japonaises, cela aurait amené plus de diversité aux situations et aux scènes d’action.
On vogue quand même un peu sur la nippophobie des années 80 avec des piques contre Datsun, Sony, Toshiba, Toyota, Panasonic et les whiskies Suntory… Mais sans vouloir trop en dévoiler, on est plus proche de Black Sun que de Soleil Levant. En effet niveau intrigue, une fois qu’on a compris qui était les « colombes brûlées » et les « aigles en flammes », qui donnent leurs noms aux 2 parties du livre, on devine assez facilement comment tout cela va finir… Très mal évidemment donc sad end garantie !
En effet l’auteur se garde bien de prendre parti pour l’un ou l’autre camp du roman. Quoique, mine de rien, il y a des passages très critiques sur la stratégie américaine lors de la Guerre du Pacifique et dans le grand final on brouille les pistes puisqu’on combat le mal absolu par un autre mal absolu.

On nous offre une galerie humaine bien fournie, mais là où un Stephen King se concentre sur la vivisection de l’Amérique moyenne voire profonde, Graham Masterton collectionne volontairement has been et ripoux, des petits poissons aux gros requins… Cette force peut aussi être une faiblesse car si l’alternance des POV permet de bien rythmer et bien varier l’intrigue, le fil directeur ne se laisse pas facilement attraper entre les dupes de Kappa qui enquêtent sur leur mystérieux commanditaire, les forces de l’ordre complètement larguées et un drôle de Scooby gang composé d’un vétéran traumatisé de la WWII, d’un intermittent du spectacle, d’un culturiste nommé El Destructo et d’un créateur de richesses véreux…

Et attention il y a du cul. On ne saurait oublier qu’en plus d’avoir rédigé des manuels d’érotisme, l’auteur a été le rédacteur en chef du magazine Penthouse : c’est cru, varié et explicite donc pornographique. Il y a même des trucs sado-maso assez sales et quelques pratiques carrément glauques avec des **** et des ****… Mais cela ne vient jamais vampiriser l’intrigue ou l’ambiance horrifique.

Le fin est un peu précipitée, mais qu’importe ma 1ère incursion dans les univers de Graham Masterton est une réussite. Mieux ce roman daté de 1983 a très bien vieilli, car au-delà du background eighties, j’ai presque eu l’impression d’être devant une version fantastique de la série culte 24h chrono. Le concept est supra-cool car oui ce roman pourrait être l’objet d’une adaptation cinématographique du tonnerre…

Note : 8/10

Albéric

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Tengu / Graham Masterton, 8.0 out of 10 based on 3 ratings

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Comments

5 Responses to “Tengu / Graham Masterton”

  1. Escrocgriffe dit :

    A chaque fois que j’entends parler des whiskies Suntory, je ne peux m’empêcher de penser à la scène hilarante de Lost in translation, quand Bill Muray tourne une pub pour cette marque au Japon 😉 Sinon article très intéressant, je ne savais pas pour Penthouse, l’anecdote est amusante !

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  2. Alberic dit :

    Merci Escrocgriffe, cela fait toujours plaisir de savoir qu’on est lu…

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