Résumé :
— Raconte-moi.
Sa voix était douce, apaisante, comme s'il s'adressait à une très jeune enfant.
— Le Loup, haleta-t-elle d'une voix qui faiblissait à chaque instant. Lui et ses hommes... ont attaqué notre village... à un mile d'ici, dans la vallée... Ils ont pillé... tué... incendié...
— C'était donc cela, la fumée que j'ai sentie, murmura l'homme. Continue, mon enfant.
— J'ai couru. Il... le Loup... m'a poursuivie... et... m'a rattrapée.
Les mots moururent sur ses lèvres en un silence terrifiant.
— Je comprends, mon enfant. Et après... ?
— Ensuite... il... il m'a... poignardée... avec sa dague... Ô saints du paradis !... Ayez pitié...
Soudain la forme frêle se détendit. L'homme posa délicatement la jeune fille à terre et lui toucha légèrement le front.
— Morte ! murmura-t-il.
Il se releva lentement, essuyant machinalement ses mains sur sa cape. Un pli sinistre vint barrer son front déjà grave. Pourtant, il ne proféra aucune imprécation sauvage, ne fit aucun serment au nom des saints ou des démons.
— Des hommes mourront pour cela, dit-il froidement.
Aventurier errant et vagabond sur la Terre, Solomon Kane traque et tue impitoyablement ses ennemis dans un monde élisabéthain pris de folie : brigands et pirates, certes, mais aussi vampires et morts-vivants. Instrument de Dieu ou puritain fou habité par des forces qui le dépassent, qui est Solomon Kane ? L'une des créations les plus originales de Robert E. Howard.
Il y a toujours eu de la noirceur et du nihilisme dans les créations de R.E. Howard. C’est ici clairement le cas avec ce héros sans identité, sans passé, qui arrive d’on ne sait où pour repartir on ne sait où, qui agit comme la vengeance de Dieu faite homme, une véritable incarnation de la justice immanente venant châtier les malfaisants. Il est introduit dans une nouvelle dans laquelle il affronte son alter ego maléfique, un homme sans identité, sans passé, qui agit comme la malignité du Diable faite homme, une véritable incarnation du Côté Obscur…
Solomon Kane incarne le vengeur solitaire, mais ici on est près des vigilantes des actioners des années 1970-1980 que des lonesome cowboys ou des héros de capes et d’épées. Entre le Allan Quatermain de
Sir Henry Rider Haggard (Les Mines du roi salomon) et le Ichabod Crane de
Washington Irving (Sleepy Hollow), une ambiance gothique plane sur toutes les aventures du sombre justicier qui voyage des landes d’Ecosse aux jungles africaines en passant par les ruelles mal famées d’Angleterre ou les sombres forêts d’Allemagne. Et qu’on ne vienne pas me dire que l’auteur texan était raciste, car ici qui est le meilleur allié du puritain ? Le shaman africain N’Longa, dépositaire du sceptre du roi Salomon.
Il faut aussi mentionner un travail soigné de la part des éditions Bragelonne, supervisé par
Patrice Louinet, éminent spécialiste de l’auteur américain, qui ici signe la traduction, l’introduction et la postface de l’ouvrage. Et on nous a gâtés avec les nombreuses illustrations intérieures de
Garry Gianni.
Maintenant vous invités à entrer dans un univers of High (Dark) Adventures…
Solomon Kane :
Le mystérieux Salomon Kane recueille les derniers souffles d’une jeune femme assassinée par le terrible bandit surnommé le Loup.
Après avoir traqué et massacré les hommes de main du criminel, il doit s’embarquer pour l’Afrique pour achever sa quête de justice… Mais le Loup attend de pied ferme son arrivée sur le contient noir. Si le criminel peut compter sur la loyauté sans faille de son garde du corps Gulka le Tueur de Gorilles, Soloman Kane peut lui compte sur l’aide du puissant sorcier N’Longa.
Tout le personnage et tout l’univers de Solomon sont présents dans cette nouvelle éponyme. A découvrir ne serait-ce que pour voir qu’Howard n’a pas écrit que du Conan !
Des Crânes dans les étoiles :
Solomon Kane doit exorciser une lande hantée par un terrible démon, mais les choses sont plus compliquées qu’il n’y paraît.
Un conte macabre qui me rappelle à la fois "Le Chien des Baskerville" pour son ambiance lugubre et le "Sleepy Hollow "de Tim Burton pour son dénouement macabre.
La Main droite du destin :
Le nécromancien Roger Simeon attend dans une sombre geôle son exécution prochaine. Il s’ampute de sa main droite avant de lui redonner vie et de l’investir d’une mission : mettre fin aux jours de son dénonciateur.
Là aussi un conte macabre que ne renierait pas le maître Tim Burton.
Bruits d’ossements :
L’Anglais Solomon Kane et le Français Gaston l’Armon se sont égarés dans la Forêt Noire. Ils sont néanmoins recueillis par un sombre aubergiste allemand. Et dans les ténèbres de la maisonnée, les restes d’un magicien russe attendent l’heure de leur terrible vengeance.
Là encore un conte macabre que ne renierait pas le maître Tim Burton.
Les Collines des morts :
Au cœur de l’Afrique Noire Solomon Kane affronte une nation de vampires avec l’aide de Kran possédé par le puissant sorcier N’Longa. Il doit retenir à tout prix la horde silencieuse des morts-vivants le temps que le sorcier puisse lancer son maître sortilège : l’invocation d’une gigantesque nuée de vautours charognards !
Bonne nouvelle particulièrement sombre : le lecteur suit avec plaisir la transformation de ce survival en film à la George Romero. Et puis en plus on a droit à une fin dantesque au sens premier du terme !
La Lune des crânes :
Au cœur des sauvages contrées africaines, Solomon Kane cherche par tous les moyens à arracher l’innocente Marilyn Taferal des griffes de la reine vampire Nakari. Piégé dans les couloirs de la cyclopéenne et labyrinthique cité de Negari Salomon Kane doit à la fois faire face aux nombres sbires de la reine, mais aussi à la terrible fascination exercé par la femme à la volonté aussi forte de que la sienne.
Encore un avatar des fabuleux
Clous Rouges. La brillante analyse de Patrice Louinet en appendice est indispensable pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. Je rajouterai juste que le récit du dernier survivant atlante prisonnier de la reine noire ressemble à si méprendre à celui de Yag-Kosha prisonnier du sorcier Yara dans
La Tour de l’Eléphant.
La Flamme bleue de la vengeance :
Le destin fait croiser les routes de Jack Hollinster parti délivrer sa bien aimée Mary Garvin du débauché Sir George, et de Solomon venu châtier le violeur et le tueur Jonas Hardaker, criminel à la solde du noble corrompu.
Une classique histoire de pirates, de contrebandiers et de nobles corrompus auxquels sont confrontés de braves anglais sur les côtes des Îles britanniques. L’ombre des
Contrebandiers de Moonfleet plane sur l’ambiance de cette nouvelle.
Des Ailes dans la nuit :
Au cours d'une odyssée africaine, Solomon Kane prend les armes pour aider un village indigène harcelé par une tribu de créatures mi-hommes anthophages mi-bêtes volantes issu d’un autre âge.
Une nouvelle particulièrement sombre parmi les sombres univers chers à l’auteur texan ! Personnellement je me remémore le roman "Au Cœur des ténèbres" : plus le vengeur puritain progresse dans sa quête de justice, plus il régresse vers une violence mêlant cruauté et bestialité. Un terrifiant survival. Kane triomphe certes, mais à quel prix puisque nul n’est encore en vie pour bénéficier ou témoigner de sa victoire…
Des Bruits de pas à l’intérieur :
En Afrique de l’Est, Solomon Kane se fait capturé par la bande d’esclavagistes arabes du sheikh Hassim ben Said.
Peu de temps après la troupe découvre un antique mausolée : la tentation est trop forte pour les Arabes qui décident d’en forcer l’entrée. Mais ce n’est pas un trésor que la roi Salomon a enfermé dans le sinistre bâtiment…
Une sympathique courte aventure nouvelle africaine du vengeur puritain qui trahit son héritage lovecraftien.
Jeremy Hawk (récit inachevé) :
Perdu en pleine jungle, Solomon Kane retrouve son vieux compagnon Jeremy Hawk devenu souverain d’un royaume tribal.
Asshur (récit inachevé) :
Solomon Kane tombe en plein territoire sauvage africain sur la cité de Ninn dont les habitants le prennent pour un dieu.
Les descendants d’une civilisation antique qui survivent tant bien que mal au cœur de contrées sauvages oubliées de tous : un archétype dans les univers howardien.
Les Épées de la Fraternité :
Variante assez peu différencié de "La Flamme bleue de la Vengeance".
Bonnes lectures à toutes et à tous, et enjoy !