Résumé Le Faucon éternel :
Les cruels Aenirs ravagent le territoire au sud des montagnes, semant la mort et la terreur dans tous les villages. Retranchés dans les hauteurs, les clans se croient à l’abri. Caswallon, voleur et guerrier solitaire, sait qu’ils seront les prochains à subir les assauts des terribles barbares. Mais les fiers highlanders refusent d’entendre la voix de la raison, et de s’unir pour contrer la menace. Pire, le chef du clan de Caswallon invite son ennemi à participer à leurs jeux d’été. Son geste pourrait bien condamner tous les clans.
C’est alors que Sigarni, la Reine Faucon, surgit à travers le temps et l’espace...
Le premier personnage qui est développé est Caswallon, qui emprunte son nom au héros briton qui mena la résistance face aux légions de Jules César. On sait donc dès le départ qu’on s’embarque pour une nouvelle histoire de résistance à l’oppression et c’est tant mieux !
Un livre avec 4 niveaux de lecture, si on se donne la peine de prendre un peu de recul :
- on peut se contenter de suivre le jeune Gaelen en quête d’intégration qui découvre le sens de la vie (personnage d’inspiration largement autobiographique si on sait lire entre les lignes)
- on peut suivre avec Caswallon l’affrontement entre les Highlanders et les Aenirs (dont les rivalités intestines semblent tout droit sorties du manga
Vinland Saga : normal les 2 piochent dans les mêmes faits historiques de la tumultueuse histoire viking), l’affrontement entre le Bien et Mal certes, mais surtout entre les braves gens qui se contentent de vivre leur vie auprès de leurs amis, de leur famille et de leur communauté et les homines crevarices toujours insatisfaits et qui comble le vide de leur âme avec de l’argent et du pouvoir
- on peut suivre avec Taliesen un enchevêtrement de paradoxes temporels, qui ne sont pas trop mis en avant pour que l’ensemble reste lisible, mais qui s’avère complètement vertigineux si on cherche à démêler l’écheveau du nœud gordien des réalités possibles et des infinies probabilités… Ainsi le Faucon éternel est un concept entre les travaux du physicien et mathématicien Hugh Everett et les arbres séfirotiques de la Kabbale. Que se cache-il ? L’éternelle soif de justice et l’éternelle quête du bonheur de tous peuples de tous les univers (un concept éminemment moorcockien).
- on peut suivre une astucieuse relecture du mythe du Roi Arthur et de son éternel retour à travers le naming et moult petits indices et grandes thématiques
David Gemmell nous ballade d’abord au grand air des cols enneigés aux forêts aux senteurs résinées, en passant par les vallées et les bruyères avant que le petit monde des clans ne soit bouleversé par les feux de la guerre. Ensuite c’est la tonicité habituelle de l’auteur britannique qui alterne duels, escarmouches et sacrifices héroïques, traques, fuites et cavales entre batailles désespérées et survival rondement mené.
Finalement le roman est construit comme le film
La Canonnière du Yang-Tse (
Robert Wise, 1966) : une première partie à la
Rigante (cad misant sur une ambiance plutôt intimiste et développant les doutes et hésitations des personnages principaux) puis une partie à la
Drenaï (cad avec de l’action et l’émotion, du sang et des larmes) encadre des jeux celtiques qui culminent avec un concours de course profondément ambivalent. C’est un moment de fête qui soude toutes les tribus entre elles, mais c’est aussi à partir de celui-ci que le tragique destin se met en marche : après plus rien ne sera comme avant pour le peuple des Highlands dont les clans subissent leur lot de malheurs et de tragédies jusqu’à l’inévitable fin (ici résolument optimiste quand même David Gemmell oblige).
Ce conflit de civilisation est d’ailleurs assez dense entre Gaelen qui après avoir sauvé sa peau et les 2 femmes de sa vie se lance à la recherche d’alliés de dernière minute tandis que Caswallon franchit les portails pour trouver du secours à travail les méandres du temps. Et ace à la marée aenire, le seigneur de chasse Maggrig, le champion d’épée Leofas et les frères ennemis Dunild et Patris essayent de sauver ce qui peu l’être en organisant de haute lutte le baroud d’honneur d’un peuple qui a des valeurs.
D’un côté le final pourrait s’avérer un peu frustrant, mais d’une autre côté qu’est-ce qu’on essaye de mettre en avant ? La liberté, l’égalité, la fraternité, la solidarité c’est sûr, mais aussi l’intégration, la tolérance et la résistance à l’oppression… Des thèmes humanistes et progressistes mis à la portée du grand public.