Pierre Bordage aime les défis. Et la rédaction de ces chroniques en est une nouvelle preuve.Chroniques des ombres Fin du XXIe siècle. Après la guerre nucléaire qui a ravagé la Terre, l'humanité s'est réfugiée dans d'immenses méga-poles isolées des retombées radioactives par un dôme hermétique, les Cités Unifiées. NyLoPa, peuplée de plus de cent millions d'âmes, est aujourd'hui le théâtre d'une série de meurtres de masse sans précédent, à laquelle les fouineurs, ces policiers aux talents d'investigation infaillibles grâce à leur biopuce, peinent à mettre un terme. Leur enquête va les conduire à l'extérieur, en pays Horcite, un territoire violent où survivent tant bien que mal les exclus du système.
Il a été rédigé sous forme de feuilleton littéraire. Chacun des 36 épisodes était directement mis en vente (sous forme numérique) aussitôt rédigé.
Exercice d'équilibriste, puisqu'il ne laisse aucune possibilité de retoucher à ce qu'on a fait auparavant. Sans parler de tenir le rythme... quand on sait que le bouquin fait pas loin de 900 pages. Sacrée performance!
Moi je suis arrivé après la guerre et c'est la version "intégrale" que je me suis procuré.
Chroniques des ombres c'est l'histoire de 2 mondes que tout oppose. D'un côté les cités unifiées, mégapoles cybernétiques ultra-sécurisées protégées des radiations par des écrans d'énergie . De l'autre le pays Horcite où des hordes de survivants confrontés à la barbarie, aux déformations dues à l'atome et à une terre redevenue hostile. Mais des vagues de meurtres sans précédent vont conduire les "citadins" à sortir de leur confortable bulle pour s’intéresser à ce qui se passe à l'extérieur...
Le roman navigue entre 2 groupes d'individus qui alternativement dénouent chacun de son côté l'écheveau de l'intrigue.
Tout n'est pas parfait et je pense que c'est en grande partie du au manque de recul qu'a pu avoir Pierre Bordage du fait de l'écriture tout à fait particulière du roman.
Tout d'abord j'ai vraiment eu du mal avec ces vagues de meurtres à répétition de plusieurs centaines d'individus sans que la police ne trouve aucun indice pendant des semaines et des semaines... pas crédible. Je pense que c'est un mauvais point de départ qu'il n'a pu rattraper. La machine étant lancée, il fallait assumer le concept jusqu'au bout.
Ensuite à chaque "fin d'épisode" on a droit au cliffhanger destiné à vous tenir en haleine jusqu'à la prochaine fournée... Sauf que qd on le lit d'une traite ça fait pas pareil.
Et puis pour finir un gros coup de mou au milieu du récit mais il fallait "tenir" 36 épisodes.
Pour le reste c'est du tout bon. C'est du bon Bordage. Il a toujours cette facilité déconcertante à nous plonger dans ses récits en quelques paragraphes à peine. Toujours ces personnages haut en couleur. Du mystère et de l'intensité.
Et puis je pardonne à 100% pcq relever ce genre de défi littéraire c'est pas donné à n'importe qui. Un écrivain qui prends des risques comme ça ça s'encourage.