
Gros volume édité par Bragelonne (765 pages).
Personnellement, je suis assez client des écrits du sieur Pevel, et nul ne peut nier (l'auteur encore moins que les autres) que le style "surfe" un peu sur les romans "à la Dumas". Bref, à moi ça me parle. Car même s'il y a des défauts, comme dans tous les bouquins du monde, j'apprécie ses uchronies, à la fois légères et complexes.
Cette fois-ci, l'auteur nous fait (re)découvrir Paris à l'époque de Louis XIII, fils d'Henri IV, plus connu pour avoir été le régent qui a laissé la main au fameux Cardinal de Richelieu pour la gestion du royaume. C'est donc en l'an de grâce mil six cent trente trois que le récit prend forme. A l'instar des trois mousquetaires de Dumas, on rencontre avec plaisir les protagonistes qui forment les fameuses "Lames du Cardinal" : La Fargue, le capitaine, vétéran et vieil ami d'Henri IV ; Antoine Leprat d'Orgueil, chevalier Mousquetaire du Roi à l'auguste renommée mais à la santé... précaire ; Nicolas Marciac, médecin raté d'origine gasconne, façon "bogoss' négligé", aussi bon avec une lame qu'avec un gobelet... on sait tous que ça fonctionne bien avec les dames ; la baronne Agnès de Vaudreuil, belle et farouche amazone à une époque où la femme devrait porter des jupes et non des chausses ; Ballardieu, vétéran et tuteur de la précédente, artificier à ses heures perdues ; Almadès, le bretteur espagnol, taciturne et au physique comparable à celui de sa rapière de Tolède ; et pour finir Saint-Lucq, mi-homme mi-dragon (rien que ça !) mais assassin bien complet, mystérieux tel un samouraï renégat, mortel comme un crotale.
Ce sympathique groupe est donc au centre de cette trilogie, où les intrigues politiques, les enquêtes et les combats s'enchaînent à un rythme endiablé (enfin... l'auteur s'améliore de saga en saga).
Nous retrouverons au fil de l'histoire des personnages historiques (Richelieu, Louis XIII et la reine Anne d'Autriche, Rochefort...) et des lieux mythiques (le châtelet, le louvre, etc), mais dans une uchronie au style cher à l'auteur (après Wieldstat, Ambremer...). Et oui, les dragons sont prépondérants dans cette trilogie. Sous leur forme primaire (pour les plus vieux, les plus balèzes) ou sous forme humaine (pour les "derniers nés"), ils oeuvrent pour la plupart sous forme de groupuscules, destinés à prendre le pouvoir en Europe. L'Espagne est déjà sous leur coupe, ainsi que d'autres provinces... la France semble être le plat de résistance...
Ajoutons à cela une once de magie, trois pincées de cape et d'épées ainsi qu'un soupçon de grivoiseries, et l'on obtient un bon roman qui a eu suffisamment de succès (au moins chez Bragelonne...) pour avoir été traduit et exporté par delà l'atlantique.
Enfin bon. Moi j'aime bien Pevel depuis que j'ai lu les Enchantements d'Ambremer. Ca se lit bien, c'est ponctué d'explications historiques (parfois un pwal redondantes) et d'anecdotes, mais c'est surtout un bon palliatif pour ceux qui ont lu quinze fois Vingt Ans Après.

