Résumé du tome 1 : Indomptable
C'est une guerre interstellaire de cent ans, et la défaite est proche désormais. L'armada qui devait décapiter l'ennemi au cœur même de son empire est désormais prise au piège, mutilée. Ne reste-t-il pour la sauver que ce capitaine émergé d'un siècle d'hibernation et dont l'histoire a retenu le sacrifice héroïque aux premiers temps du conflit ?
« Black Jack » Geary est devenu une légende, une icône révérée dans toute l'Alliance et sa flotte. Comment l'homme lui-même, revenu du passé, pourrait-il se hisser à la hauteur du mythe ? Parmi ces jeunes capitaines dont les usages tournent le dos aux traditions d'autrefois, et qui hésitent entre méfiance et idolâtrie, comment sauver la flotte perdue et la ramener à bon port ? Car l'Indomptable, son vaisseau amiral, cache à son bord un secret décisif volé à l'ennemi, capable d'enrayer une défaite inéluctable.
Commençons par le commencement : merci à Ryuuchan (elle sait pourquoi !)
C’est de la SF militaire américaine post
Battlestar Galactica de bonne facture.
Amis férus de science-fiction de réflexion, vous êtes priés de passer votre chemin.
Si
Battlestar Galactica et ses thématiques religieuses lourdingues lorgnait fortement sur l’Exode biblique,
La Flotte perdue pioche elle largement sur l’
Anabase de
Xénophon.
Et je ne peux pas croire que toutes les réminiscences de
Babylon V soient purement fortuites…
Laissons aux connaisseurs de la série culte de
JMS le plaisir de les découvrir.
Mais comment ne pas voir dans le colonel Caribali un joli clin d’œil au lieutenant Garibaldi ?
D’autant plus que le Capitaine Jack Geary ressemble beaucoup au Capitaine John Sheridan !
Mais qui dit SF militaire américaine dit background américano-américain.
L’Alliance doit donc défendre la démocratie, les libertés civiques et le 4e amendement contre le Syndic, Axe du Mal sidéral qui ressemble à une Union des Républiques Socialistes Stellaires.
Fort heureusement c’est plus subtil qu’il n’y paraît de prime abord. Attention SPOILERS :
Déjà l’Alliance n’est pas un modèle de liberté et de démocratie, loin s’en faut, et ses alliés , comme ceux des USA soit dit en passant, s’en méfient assez largement, ensuite dans le 2e cycle on découvre les 3e et 4e camps extraterrestres, puis dans le 3e cycle on suit la guerre vue par l’autre camp syndiqué…
La grande idée du roman c’est que nous découvrons tout en même temps que le personnage principal Black Jack Geary. Il était capitaine au début de la guerre et à l’image du célébrissime
Buck Rogers se retrouve en décalage total avec le monde qui l’entoure après avoir dérivé 100 ans en capsule d’hibernation.
Les techniques ont changé
L’art de la guerre a changé.
Les rapports de force ont changé.
L’Alliance a changé : Jack Geary subodore une fascisation qui ne lui plait guère…
(Prenez ça dans les dents G. W. Bush et Barack Obama « moi, Pdt des USA je fermerai Guantanamo », « moi, Pdt des USA j’interdirai la torture des prisonniers de guerre »…)
La propagande a fait de lui l’exemple à suivre pour plusieurs générations de soldats.
Pour une grande partie de la flotte, c’est un héros de légende revenu au moment où en avait le plus besoin, pour les autres c’est un dangereux anachronisme qu’il faut remettre dare-dare au placard, pour le Syndic c’est un croquemitaine ressuscité d’entre les morts, pour l’Alliance, c’est un Napoléon en puissance... (encore une fois, remember John Sheridan de
Babylon V)
Nous prenons donc l’histoire en cours de route : l’armada de l’Alliance qui devait faire plier le système-mère du Syndic est tombée dans un piège et s’est pris une raclée historique.
Il faut sauver ce qui peut l’être et les ¾ du roman sont en temps réel avec 0 temps morts !
A vitesses relativistes, on s’étripe dans l’espace à coup de mitrailles électromagnétiques, de canons à particules, de missiles nucléaires, de champs de nullité atomique…
Mais surtout on s’enfuit pour sauver sa peau car le temps se compte en minutes lumière.
Bref c’est l’éclate totale pour qui aime ce genre si peu apprécié en France pour les raisons que l’on sait (marre des bobos bien pensant qui crachent sur tout ce qui n’est pas intello !).
Au rayon des bémols :
- la couverture est vilain montage photoshopé franco-français pas beau tout plein
- on tease sur les mystérieux Enigmas mais qu’importe, ils seront au cœur du 2e cycle !
- la prose de l’auteur est lissée, mais comme on reconnaît facilement le style
Franck Reichert, difficile de savoir à qui véritablement l’attribuer
- les personnages sont peu nombreux et peu approfondis (normal pour un tome d’exposition)
A côté de Black Jack Geary on retrouve les drôles de dames que sont Tanya Desjani, capitaine de L’Indomptable, Vitoria Rione, la vice-présidente de la République de Callas (remember
Battlestar Galactica encore) et Caribali, colonel des marines de la flotte.
Pour le reste on pioche dans la hiérarchie militaire des différents vaisseaux de la flotte pour fournir des alliés soit précieux soit douteux…
On sent l’auteur qui s’est posé les bonnes questions :
Quelle histoire je veux raconter ? Comment je vais la raconter ?
Comment vais-je la rendre accessible au plus grand nombre possible ?
Et l’auteur fait son petit bonhomme de chemin en enchaînant les tomes :
La Flotte perdue : 6 tomes parus et traduits
Par-delà la frontière : 2 tomes VF, 1 tome VO en approche
L’Honneur terni : 1 tome en VF, 1 tome VO en approche
Soit 11 livres en 7 ans : on est loin de ces starlettes fantasy qui annoncent pleins de projets et qui mettent 5 ans à écrire un livre… On connaît tous des noms, pas la peine de les citer.
Bref de la vraie bonne lecture loisir intelligente : j’ai grave kiffé ce tome 1.
Vivement que je passe à la suite !!!
PS :
Evidemment le très condescendant commissaire littéraire de Bifrost a condamné le livre, jugé acceptable comme perte de temps mensuelle donc totalement futile faute de réflexion sur la condition humaine et le sens de la vie qui aurait permis de se sentir au-dessus du lot commun.
On lui demandera de relire Xénophon, histoire de comprendre l’Histoire.
On lui demandera de s’intéresser à l’œuvre de Straczynski, histoire de comprendre qu’on peut rendre des thématiques riches et humanistes accessibles au plus grand nombre.
On lui demandera de relire la biographie de l’Amiral Nelson, histoire qu’il comprenne un peu mieux "l’insupportable Honor Harrington" (sic).
On lui demandera d’approfondir sa connaissance de l’œuvre de Zelazny avant de qualifier son cycle le plus connu de plagiat "insipide et pâle" (sic).
Bref on demandera à ce Monsieur de respecter les lecteurs qui sont en bas de sa tour d’ivoire…