Sven est une machine à tuer surhumaine. Il a survécu à tous les dangers d'un univers hostile. Il est le premier à reconnaître que ce n'est pas grâce à son intelligence. Ni à la chance : il n'attire que les ennuis. Peut-être est-il resté en vie par pur esprit de rébellion ? De toute façon, Sven ne se pose pas ces questions. Il va prendre un repos bien mérité sur la planète capitale Farlight et rendre visite à de vieux amis et à leur fille Aptitude, dont il a assassiné le mari... et qui, depuis, ne rêve que de lui. Le répit est de courte durée : une guerre civile éclate. Et, derrière les intrigues et les trahisons qui menacent le règne d'Octo V, se tapit un empire galactique doté d'une technologie divine et du sens moral d'un enfant de six ans. Sven n'aime pas tellement les vacances, en fait.
Faucheur Albéric au rapport mon général !
Le Jour des Damnés : Senatus Populusque Farlightus
Si pour vous la SF se résume à des discours scientifiques et philosophiques amenant de vastes réflexions sur le devenir des nos sociétés et la sens de la vie, passez vous chemin.
C'est ultra-bourrin, ultra-violent et ultra-divertissant : les svenneries ne sont pas faites pour vous !
A plusieurs moments on sent bien la parenté avec
Richard Morgan.
Est-ce un hasard si Sven crache sur l’U/Libre Morgan, ce gros con suffisant, qui s’en prend plein la gueule ?
Mais Richard Morgan est plus talentueux donc parvient à mieux tirer profit de son univers dans l’atmosphère.
(mais ceux qui ont craché sur David Gunn n’ont pas du lire ses entourloupes Fantasy très décevantes au final)
A plusieurs moments ont sent bien la parenté avec le manga
Gunnm où la majorité trime dans la crasse sous le regard condescendant d’une élite nombriliste : j’ai longtemps attendu le Panzer Kunst de Leona !
Mais ce 3e tome est en dessous des 2 autres.
David Gunn rédige un tome de transition vers qqch de plus ambitieux que les délires violents de son narrateur.
Le cliffhanger de fin (qui suit une ellipse durant laquelle se déroulent une bataille épique et donc une véritable hécatombe) appelle clairement à une suite qui n’existe que dans la tête de l’auteur.
La fin est hyperfrustrante puisque que les survivants de l’assaut final, dépositaires des secrets d’Octo V se retrouvent de l’autre côté de la Voie Lactée avec toutes les puissances de la Galaxie a leurs trousses.
Sven a multiplié les promesses de vengeance à l’encontre de l’U-Libre et de ses marionnettes tout au long du roman… bref, il lui reste plein de gens à buter, or il est toujours l’heureux détenteur d’un effaceur de planète !
Ce n’est pas un hasard si dans la dernière page du roman on s’enfuit à bord du cargo Au Cœur des Ténèbres.
On recommence avec un joyeux bazar auquel on ne comprend rien pendant longtemps : Sven est en permission.
On chasse le loup, on tombe sur une machine de guerre mutante génétiquement modifiés pour boire ses victimes avec ses mains, on enquête sur un crash mystérieux, on psychote tout en prenant du bon temps avec ses anciens codétenus du Paradis, l’invité aristocrate se met en tête d’arracher le cœur du fiancé de la demoiselle de la maisonnée… on se lance à sa poursuite et là tout part en vrille !
David Gunn nous laisse dans le schwartz durant les 2/3 du roman : entre ceux qui pètent des câbles sans raison et celles qui font des crises d’hystérie, on pourrait croire que c’est un sacré chaos …
Mais pas du tout en fait car mine de rien les joyeux bordels sveniens sont très travaillés en amont.
Tout est annoncé dès la page de prologue et la suite montrera que ce chaos est très organisé.
Entre infiltration, exfiltration, évasion et trahison, on multiplie les fausses pistes parfois dispensables (comme les jumelles bonasses Serafina la midinette et Simone la femme fatale) et sans s’en apercevoir on entre dans le cœur du roman : le coup d’Etat contre Octo V.
Et ce salopiot de David Gunn en garde sacrément sous le coude : les monologues du chapitre 35 nous laissent entrevoir un gros travail de worldbuilding qui emprunte autant à
Heinlein qu’à
Dan Simmons.
Mais comme tout est raconté par un légionnaire bas du front qui ne comprend pas grand-chose à ce qu’il se passe et à ce qu’on lui explique, on n’a pas accès aux points essentiels de l’intrigue.
Qui est Octo V ?
Jusqu’à présent, on nous expliquait qu’il s’agissait d’une IA de l’Exaltat qui avait fait sécession sans prévenir.
Or on nous montre un esprit collectif, plus involontaire que volontaire, qui s’est créé par nécessité aux premiers temps de la colonisation de la galaxie… bien avant l’émergence de Gareisis et de ses bokors cyberpunk.
Du coup toutes ces histoires de religion et d’hérésie prennent sens :
Les nombreuses races humaines plus ou moins modifiées viennent-elles toutes de la Terre ?
Et si c’est le cas existe-t-elle encore ? (son existence remettant en cause les credo des 3 empires galactiques).
Et ce n’est pas Sven qui est un mutant surhumain, c’est tous les autres qui sont des mutants sous humains.
Qui l’a tué ? C’est le gros trou noir du roman : tout est possible…
Pourquoi ? Parce que l’U-Libre n’a pas aimé le coup de pute du 2e tome
On est encore une fois un peu perdu : Sven et ses lecteurs peinent à savoir de quoi il retourne in fine.
Du coup, on pourrait avoir l'impression d’un enchaînement de scènes de bastons sans aucun fond.
(
Dan Simmons nous prend aussi pour des jambons parfois : si vous avez compris ce que sont les Lions, les Tigres et les Ours, faites-moi un signe, car ce truc est aussi fumeux que le Saint Esprit ou les mystères de
Lost)
Les rageux parlent d’un daube écrite par un gosse de 12 ans sous acide avec des scènes de cul voyeuristes et des scènes d’ultraviolence insupportables… C’est vraiment con et de mauvaise foi un rageux quand même.
Déjà désolé messieurs les blasés, la guerre (militaire, politique ou économique) c’est crade et c’est moche.
Les mêmes qui ont mis 3,5/10 à Sven ont mis 8/10 à des tomes de la RdT dans lesquels il ne se passait RIEN !
Ensuite, et bien ils n’ont rien compris à la démarche de l’auteur (marrant le nombre de fois où ils passent à côté)
Avec la narration épurée à la 1ère personne on multiplie les dialogues entrecoupés de pensées brutes et abruptes : on vit vraiment dans la peau d’un ex-légionnaire avec une vision assez simpliste de la vie.
Après tout dans ce roman la grande révélation lui vient de ses énièmes réflexions sur un joli petit cul…
Les complots, les machinations, les tractations, les trahisons… Sven n’en a rien à carrer car il ne comprend rien aux hautes sphères politiques et aux arcanes du pouvoir. C’est un homme de terrain : il faut agir vite, il faut tuer ou être tué. C’est à travers ses yeux que nous suivons les rivalités pluriséculaires entre puissances galactiques et les règlements de comptes entre crevards carriéristes et pervers narcissiques.
A la limite on pourrait retrouver la démarche de
Heinlein qui nous raconte la guerre interstellaire contre les Arachnides à travers les yeux du trouffion Johnnie Rico qui ne comprend pas grand-chose à cette dernière.
Mais l’humour noir de Sven fait bien le lien entre et le space op cyberpunk et les bidasseseries bas du front.
Après on aime ou on déteste, mais au moins c’est très différent des soaps nobiliaires bourgeois, des space-op mainstream et des néo space-op postmodernes.
Malheureusement on donne avec ce 3e tome pas mal de bâtons pour se faire battre :
* les problèmes de construction et de structure du récit (qu’ils soient volontaires ou non) sont ici accentués par le fait qu’on n’a pas la fin de l’histoire qui devait avoir lieu dans le 4e tome.
Du coup on a du mal à saisir les motivations des uns et des autres et certaines réactions laissent dubitatif.
(Leona qui se laisse exécuter sans un mot, Emil qui retourne sa veste à la 1ère occasion, Carl qui disparaît sans explication, Anton qui suit Sven dans les pires emmerdes mais qui se casse avec les 5 millions de crédits mis de côté par Debro…)
Et bordel, que contenaient les cristaux de données de l’U-Libre décryptés par Octo Vijay !!!
* Les compagnons de Sven qu’on avait appris à apprécier dans
le Faucheur et dans
Offensif, n’apparaissent qu’à 100 pages de la fin (et encore ils sont plus spectateur qu’acteurs).
C’est assez clair que l’absence de Haze, dit Gras-Double, officier de renseignement de Sven et geek adepte de Papa Legba le Connecté, se ressent cruellement…
Même le flingue de Sven se fait plus discret, même si parmi ses blasphèmes récurrents (
Allo Sven, ici la Terre !) on retrouve encore quelques répliques cultes (mort de rire quand le SIG imite la
Dictée Magique !)
* La traduction n’aide pas du tout ! Il y a pas mal de tournures de phrase qui sonnent faux, limite mot à mot, et certaines tombent carrément à plat, plombant les points fort du romans : et même si cela se tasse voire s’améliore en cours de route, c’était quand même bien plus fluide et plus percutant dans les tomes précédents.
D’où une déception avec cette traduction moyenne qui castre le roman ou lieu de lui apporter une plus-value.
Je suis totalement en accord avec l’avis d’Olivier :
Le 3e volet s'inscrit parfaitement dans la continuité des 2 autres, et contrairement aux 2 autres, j'ai ressenti que l'auteur collait beaucoup plus à un vécu. Les livres évoluent en fonction du point de vue de Sven, dans le 1er est juste une bête très forte pour survivre, tout ce qu'il connait de son univers est l'empire Octovien qu'il voit comme tout puissant, puis petit à petit on découvre dans le 2e tome que le monde ne se résume pas à Octo et son empire. Dans le trois on découvre qu'en fait, c'est juste un petit royaume dictatorial qui lutte pour survivre.
Remplacez l'empire octovien par un pays "tiermondiste" (je sais, la politique actuelle et bien pensante voudrait dire "pays en voie de développement", mais Sven a son franc parlé donc respectons son esprit) et ses opposants par les USA, avec Paper dans le rôle d'un agent de la CIA et cette trilogie prend brusquement tout son sens. Sven découvre qu'il est capable de se servir de sa tête pour autre chose que les coups de boule, et comme ses motivations ne changent pas, à savoir tuer le plus d'opposants, ça le rends encore plus dangereux, j'attends personnellement le tome 4 avec impatience.
Un cycle frustrant car avec un univers plus explicite et des intrigues mieux présentées cela aurait déchiré !
On se contentera de 3 bouquins de SF militaire bien jouissive.