Je serais pour le coup un peu plus indulgent que vous :faut dire que je l'ai vu après 2 Mark Atkins
Syfy a produit beaucoup de bouses, beaucoup de nanars et quelques trucs corrects.
Etonnamment ce
Jabberwocky – Dragon Siege appartient à cette dernière catégorie…
… Si on pardonne une énième entourloupe sur les affiches, les jaquettes et même dans le résumé !
(des batailles avec moult chevaliers en armure, il n’y aura point !)
… Si on fait semblant de ne pas reconnaître les décors et les paysages du nanaresque
Cyclope (je tease pour un prochain compte-rendu de nanar)
Car dès les 1ères minutes, on sent que cela va être moins mauvais que d’habitude :
- la photographie est réussie donc les visuels ne font pas cheap
- la créature en CGI n’est pas trop ratée, cela change un peu
- le casting est honnête (les 2 frères ont la gueule de l’emploi : c’est bien) ce qui donne des personnages crédibles pour une fois
Du coup dialogues et interactions sonnent bien moins creux que d’habitude ! (c'est souvent là que le bat blesse dans tous les films)
- niveau histoire c’est un classique survival animalier avec une créature fantastique…
… mais pour une fois les proies de la bête font correctement fonctionner leurs neurones
on pioche d’emblée dans les vieilles légendes locales pour rassembler les indices utiles
on multiplie briefings & débriefings pour essayer de gagner en efficacité
on fabrique armes & armures, on dresse des plans et on pose des pièges
on traque le monstre de jour et on se déplace à couvert en pensant d’abord à mettre les villageois à l’abri
Et tout le monde met du cœur à l’ouvrage : le maire croyant, le papy à l’agonie, le forgeron, son grand frère mercenaire, le dur à cuire, l'arbalétrier taciturne, l’amie d’enfance courageuse, le voyageur froussard...
Pourtant la sauce ne prend pas vraiment : pourquoi ?
1) on passe de George et le Dragon à Francis et le Jabberwocky : c’est assez risible !
Je sais bien que le jabberwocky possède une belle place dans le folklore anglo-saxon…
… mais on aurait pu éviter le ridicule en nommant cette créature wyvern
2) le score est catastrophique : les ¾ du temps il est soit soporifique soit mal adapté à la situation
(le pire accompagnement sonore entendu après
Rani, une référence en matière de nullité !)
3) une réalisation molle qui semble passer en mode panique dès qu’il y a un pet d’action
C’est quand même con d’avoir su éviter la plupart des écueils du sous-genre et d’avoir été incapable d’insuffler un peu de souffle à l’ensemble (rythme, dynamisme, suspens…). Faut-il incriminer pour ce bilan mitigé l’équipe technique slave du film qui a manqué de vista certes, mais nous a épargné tous ces gimmicks yankees pénibles ?
Je m’attendais à une grosse bouse et j’ai vu un téléfilm presque honnête, dans tous les cas bien plus honnête que les
Dragon Sword et les
King Rising dont les rediffusions pullulent sur la TNT. Pour mettre les adaptions fantasy sur la bonne voie, il est plus facile d’apporter ce qui manque à ce genre de projet que de devoir tout reprendre à zéro avec les Donjoneries & Dragoneries…
Verdict : mention potable
PS: si on pouvait aussi éviter les vrai-faux sad-end à vrai-faux suspens, car tout le monde le fait depuis le "Halloween" de John Carpenter dans les années 1970… c’est devenu d’une ringardise sans nom !