[Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

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Albéric
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[Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

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Résumé :
Vaelin n’a que dix ans quand son père, le Seigneur de Guerre du roi, l’abandonne au pied de la grille d’entrée du Sixième Ordre. Cette commanderie éduque les frères qui sont de toutes les batailles. Vaelin y découvrira la vie austère, solitaire et dangereuse d’un combattant de la Foi, qui n’a désormais plus d’autre famille que l’Ordre. S’il voue une haine farouche à son père, cet homme qui l’a dépossédé de son droit de naissance, et chérit le souvenir de sa mère, Vaelin apprendra au gré de son noviciat que les apparences peuvent s’avérer trompeuses. De révélations en révélations, une seule vérité se fait jour : Vaelin Al Sorna est promis à un grand destin. Un destin qui risque fort de bouleverser le Royaume et, par-delà, le monde.
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Albéric
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

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Qu’y a-t-il de gemmellien chez Anthony Ryan ?

- le mélange entre intime et épique
- les romances touchantes mais naïves
- les allusions discrètes à l'homosexualité
- les relations familiales fortes mais compliquées
- les nombreuses piques contre les homines crevarices
- les réflexions sur les germes du mal en chacun de nous
- le devoir des forts de protéger les faibles, la veuve et l’orphelin…
(on peut presque reconstituer le code d’honneur de Druss la Légende !)
- les gimmicks sur les loups et les ours, la sympathie pour les chevaux et les chiens
- les fraternités de sang et d’amour de l’aventure basées sur des amitiés guerrières et viriles
- les scènes d’action bien troussées qui se veulent réalistes avec un côté parfois sans concession
(le héros et ses potes ne vont pas traverser 11000 pages sans pertes ni égratignures)
- les Pouvoirs Extra Sensoriels
- des citations qui semblent sorties du même moule…
… parce que les 2 auteurs partagent les mêmes valeurs humanistes
- la place accordée à la religion en générale et au christianisme en particulier
- les tropismes et les références historiques modernes, médiévales ou antiquisantes
- le côté Dark Sherwood de la Martishe, le côté Highlander des Lonaks
- les aparte humanistes (ici le récit du sculpteur chinois télépathe)
- Celui-Qui-Attend qui agit comme l’Esprit du Chaos
- l’enfance du héros qui rappelle celle de Thuro, Parménion, Talisman, Gaelen…


Mais là où Gemmell est grave et sombre, Anthony Ryan est plus léger et plus optimiste.
Et puis Gemmell puisait davantage dans les tourments de sa propre vie.
C’était plus viscéral parce que cela pouvait difficilement sonner plus vrai.
C’est pour cela que je trouve les comparaisons avec Patrick Rothfuss sont sans intérêt et celles avec GRR Martin assez horripilantes.
Ex: "oh on dirait la Garde du TdF !", ben non les 2 auteurs puisent tous les 2 dans l'historie de l'Angleterre avec ces rois qui renflouaient les troupes de la Guerre de Cent Ans en vidant régulièrement les prisons
Modifié en dernier par Albéric le 20 mai 2014, 18:27, modifié 1 fois.
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Albéric
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

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Merci Babelio, merci Bragelonne, merci Masse Critique. Un bon livre de Fantasy qui fait passer de bons moments car c’est bien écrit, c’est bien rempli, c’est bien construit. Depuis plusieurs années maintenant, une nouvelle génération d’auteurs Fantasy nous livre des premiers romans ma fois déjà bien aboutis : nous vivons une époque formidable !
Je laisse à d’autres le soin de commenter le parcours de l’auteur qui s’est auto-édité avoir d’être édité en bonnes et dues formes. Je gage qu’en cours de route, l’œuvre a su être tirée par le haut.
Je laisse à d’autres le soin de commenter le name dropping du service marketing, car franchement il y a bien plus intéressant à dire à propos de l’œuvre en elle-même.

L’histoire démarre immédiatement. Nous découvrons Vaelin Al Sorna tiré des geôles impériales d’Alpiran où il croupissait pour le meurtre de l’Héritier de l’Empire, pour un livrer un duel judiciaire organisé par ses ennemis les plus acharnés. Il est accompagné pour son dernier voyage par Verniers Alishe Someren, chroniqueur, poète
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et amant
du défunt prince héritier, qui désire recueillir son témoignage ou à défaut ses dernières paroles…
Je ne sais pas si le récit de Verniers est un flashforward qui nous présente la version alpirane des événements, ou si le récit de Vaelin est un flashback qui présente la version boréenne des événements. Dans tous les cas Vaelin, qui alterne narration à la 1ère personne et narration à la 3e personne, ne raconte pas la même histoire aux lecteurs qu’à son chroniqueur. Ainsi l’homme et sa légende conservent une part de mystère…

La 1ère moitié du livre se concentre sur la formation de Vaelin et son camarade au sein du Sixième Ordre. On est dans la traditionnelle phase d’initiation du héros. Mais quand c’est bien fait, pourquoi vouloir critiquer le classicisme du sujet ?
Anthony Ryan a ici su trouver le parfait équilibre entre Robin Hobb et David Gemmell. Car dans un faux-rythme qui dégage une ambiance douce-amère, on partage les joies et les peines de Vaelin et ses compagnons : Canis l’intellectuel rêveur, Barkus le fils de forgeron réservé, Dentos le fils de catin fanfaron, Northa le fils de noble passionné, auxquels s’ajouteront entre autres le rusé Frentis, Balafre le fidèle molosse et Ecume le destrier revêche. Les valeurs d’égalité, de solidarité et de fraternité sont clairement mises en avant et on s’attache rapidement à ce Club des Cinq coincé dans une commanderie templière qui a adopté quelques us et coutumes de l’agogê spartiate.
Cette partie dégage une belle unité de lieu et d’action et les pages défilent étonnement vite, car l’auteur recours aux techniques de foreshadowing pour que les lecteurs découvrent en même temps que le héros narrateur l’univers qui l’entoure (et pour nous rappeler que cette phase de formation n’est que le prélude des dangers à venir).

La 2e moitié qui fait la part belle aux intrigues de cours et aux champs de bataille ne dégage pas cette belle unité de lieu et d’action. Vaelin et ses compagnons désormais adultes participent aux conflits et aux complots du Royaume qui les a vu naître. On passe d’un théâtre d’opération à un autre en sentant bien une montée en puissance qui annonce l’inéluctable fin.
Les mystères se multiplient et se complexifient, alors mêmes que Vaelin est de plus en plus esseulé pour les résoudre et faire face aux menaces qu’ils dissimulent. Les nombreuses ellipses, donc les nombreux événements traités hors-champ, ne permettent pas de bien identifier le véritable fils conducteur (à moins d’être particulièrement attentif au whodunit qui se met discrètement en place…)
Si Anthony Ryan n’atteint pas le souffle épique des maîtres du genre, difficile de ne pas voir dans les scènes d’action bien troussées un héritage gemmellien, quoique je soupçonne clairement l’auteur de piocher assez largement dans un chef-d’œuvre lu, étudié et apprécié dans le monde entier sauf dans le pays qui l’a vu naître (je parle bien sûr du célébrissime Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas).

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Au niveau du worldbuilding,
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plusieurs choses m’ont fait froncer les sourcils, avant de comprendre la véritable démarche d’Anthony Ryan.
Comme beaucoup d’auteurs de sa génération, il pioche allègrement dans l’histoire de son pays pour construire, nourrir et remplir son univers secondaire. Ici l’United Kingdom est une évidente allégorie du Royaume-Uni. Outre les références à l’invasion de Guillaume de Normandie (Guillaume le Conquérant pour nos amis d’Outre-manche), on retrouve des arcs longs gallois, des claymores écossaises, les spécificités draconiennes du droit forestier anglais, la Peste Noire ici nommée Main Rouge, mais d’abord et surtout un alter-ego de la religion chrétienne avec ses ordres monastiques, ses sectes hérétiques, son Inquisition et ses croisades. Sauf qu’à force de piocher également dans l’histoire du XVIIe siècle, on se retrouve aussi avec du rhum et du thé, des pâtisseries et des sucreries « anachroniques », une monarchie plus absolue que féodale et une révolte des Cumbraëliens tous de noir vêtus qui ressemble fortement au mouvement des Puritains tous de noir vêtus. Dans un univers résolument médiéval-fantastique, cela fait un peu tâche quand même…
Mais bon, rien qui ne vienne non plus tirer le roman vers le bas.


Au niveau du magicbuilding,
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La Ténèbre pourrait faire penser à l’Obscure de Pierre Pevel. Oui mais non, car en fait on est largement plus proche des Pouvoirs Extra Sensoriels de Robin Hobb, de David Gemmell ou plus récemment de Brian Ruckley. La Voix du Sang (Bood Song en VO), ou Chant du Guerrier, est très finalement plutôt aussi discrète qu’élégante dans sa mise en scène. Vaelin, son don et sa relation avec Balafre rappellent Fizt, le Vif et Œil-de-Nuit. Ce n’est sans doute pas un hasard si la figure tutélaire d’un loup veille sur la destinée de notre héros. Je ne sais pas si l’auteur ira dans cette voie par la suite, mais ces histoires de mutants dotés de dons divers et variés, pourchassés par leurs concitoyens dénués de pouvoirs qui les craignent et les haïssent, pourrait vite se muer en X-Men médiéval fantastique…


L’essentiel de mes bémols concernent la 2e partie, plus ambitieuse mais aussi plus casse-gueule :
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- la différence de ton, de rythme, d’ambiance voire de registre entre les 2 parties va gêner pas mal de lecteurs, dans un sens ou dans l’autre à mon avis (mais je ne suivrai ceux qui dénoncent la manque d’intérêt et les nombreuses confusions de cette 2e partie, car certains ont écrit noir sur blanc qu’il n’appréciait ni l’action ni les batailles en Fantasy or celle-ci leur fait la part belle…)
- les nombreuses ellipses seraient mieux passées avec une chronologie des faits mieux établie (un calendrier des événements n’aurait pas été de refus)
- la construction du récit en flashbacks / flashforwards en fait de trop en opérant 3 retours en arrière au sein du retour en arrière général, auxquels il faut ajouter le récit au passé de la vie du sculpteur de pierre télépathe venu d’Extrême-Occident (il faut lire extrême-oriental, c’est-à-dire chinois).
- le récit fait la part belle au héros, ses bonheurs et ses malheurs, ses doutes et ses espoirs, du coup on perd un peu de vue ses compagnons
Comme on insiste bien sur le côté fraternité, à force de combattre ou côtoyer des homines crevarices qui ne défendent d’autres cause que celle de leurs petits intérêts bien calculés, nos compagnons dumasien sont clairement confrontés au désenchantement du monde qu’ils s’étaient imaginé entre les 4 murs de leur monastère.
Et ne me demande pas pourquoi, j’ai eu quelques réminiscences des valeurs humaines du shonen classique qui a toujours mis en avant l’espoir et l’amitié qui permettent à la justice de toujours triompher. Et ne me demandez toujours pas pourquoi Vaelin m’a fait penser à Olivier Hatton / Captain Tsubasa qui doit affronter ses plus grands défis en l’absence de ses compagnons de toujours…
- les romances sont touchantes, mais j’ai eu la désagréable impression qu’il manquait des trucs pour qu’on y croie vraiment au lieu de les trouver un tantinet naïves (manque de vista sans doute de ce côté-là…)
Et puis le côté demoiselle en détresse de Sherin est suffisamment redondant pour qu’il soit à la limite du running gag.
- les révélations finales auraient pu être géniales, mais comme le whodunit qui les concerne se met réellement en place quelques chapitres avant celle-ci, difficile de distiller la tension et suspens que les lecteurs auraient été en droit d’attendre.
C’est un peu con quand même, car on aurait pu avoir un super partie de « qui est le traître agissant pour les forces des ténèbres ! » comme dans Les Royaumes d’épines et d’os ou dans La Symphonie des siècles d’Elisabeth Haydon… On en revient au bon vieux dilemme hitchcockien : mieux vaut-il 15 secondes de surprise ou 15 minutes de suspens ?


Contrairement à d’autres lecteurs, j’ai trouvé le dénouement très intéressant : attention SPOILERS !
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Le récit au temps passé rejoint celui du temps présent. Le prisonnier du Château d’If choisit une autre voix que celle de la colère pour embrasser sa destinée. Et un ultime retour en arrière lève le voile sur les mystères développés auparavant. Car dans un bon cycle chaque tome doit apporter des réponses aux questions qu’il a posées. On apprend ainsi que le véritable fil conducteur du roman est moins les games of thrones du Roi Janus ou les intrigues du Septième Ordre que le Master Plan de Celui-qui-Attend (ce dernier rappellera d’ailleurs de bons souvenirs aux spectateurs du Témoin du mal, un thriller fantastique de Gregory Hoblit).
A posteriori sont ainsi démêlés les fausses pistes et les vrais indices semés par l’auteur tout au long du roman.
Et c’est dans les toutes dernières pages que les amateurs du genre découvrent que nous sommes dans la Fantasy la plus classique qui soit avec un héros guidé par une prophétie qui doit empêcher le triomphe d’un Sombre Seigneur.



Un récit n’a pas besoin d’être un chef-d’œuvre pour être appréciable, et il n’a pas non plus besoin d’être révolutionnaire pour être plaisant. Les néophytes et les casuals devraient adorer, et comme ceux qui ont aimé Pierre Pevel et Antoine Rouaud en 2013 vont se retrouver en terrain connu, c’est évidemment une bonne pioche pour Bragelonne, l’éditeur français spécialisé dans les littératures de l’imaginaire.
Easy readers allez-y sans aucune crainte, hardcore readers passez votre chemin sans trop de regrets.
Ce tome 1 qui évite tous les écueils du tome d’introduction se suffit presque à lui-même, mais c’est avec impatience que je vais guetter la sortie du tome 2 placé sous le signe de la lutte du Bien contre le Mal. Quels dangers attendent Vaelin et les survivants du tome 1 ? Quel camp vont choisir le Septième Ordre, l’envoûteuse apostate et la sorcière volarienne ? Qui est la Reine de Feu annoncée par les uns ou par les autres ? (vu les inspirations historiques de l’auteur il va falloir trancher entre Bloody Mary et un équivalent héroïc fantasy de la reine vierge Elisabeth Ière) Je ne vous cache pas que j’ai hâte d’y être !

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PS : Et j’avais failli oublier de mentionner la traduction sobre donc classe de Maxime Le Dain, qui colle bien à prose efficace et sans fioriture de d’Anthony Ryan qui fait se faire coulante et fluide pour être accessible, mais aussi se poser pour construire une belle ambiance quand il le faut.
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Darkstar
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Darkstar »

J'ai fini il y a peu cet ouvrage, laissé aux bons soins de Cymoril lors des Imaginales d'Epinal #2015 par Albéric, puis qui a fini dans mon sac. Du coup, si quelqu'un est intéressé par le fait de le récupérer, envoyez un MP. :)
Voir le KW #2 : http://www.chemins-khatovar.com/forum/v ... f=9&t=7203

Afin de replacer le contexte, nous allons suivre dans ce roman, l'histoire d'un jeune homme -Vaelin Al Sorna ou le "tueur d'espoir" - tantôt à la première personne (flashback), tantôt à la troisième car racontée par un tiers : le procureur alpiran, qui doit enquêter et écrire la biographie du premier, suite à sa capture après la guerre.
Je ne détaille pas trop, mais le ton est donné : nous avons un "héros" aux mille facettes, qui va grandir et devenir le réceptacle d'une forme de magie, ou un don, voyez ça comme vous voulez. Du coup, il devient super balèse (oh ?) et mène des guerres au nom de sa Foi et de son Roi. Mais bon, comme souvent, s'il était intouchable, ça serait pénible. Du coup ben il est tout de même en proie à ses propres démons (la chasteté par exemple...), il a des ennemis assez balaises et retors, puis quand on ne sait pas qui sont ses vrais ennemis, ça complexifie le tout et ça rajoute une couche de merde par dessus.
Bref, notre héros est balloté, malmené, mais comme il est très fort et que tout le monde semble sous-estimer ou ne pas connaître réellement ce qu'implique la BLOOD SONG, il tatane tout le monde avec une main dans le dos.

Vous l'aurez compris, c'est classique mais pas trop, le ton volontairement désinvolte que j'ai employé n'est pas négatif du tout. Certes, je suis un peu blasé de retrouver une fois de plus les grandes lignes de la fantasy commune, mais c'est fait avec efficacité et talent, donc ça passe. :)

Si je tombe sur la suite, why not ?
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

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J'ai ADORE ... j'ai certe peu lu cette année, mais c'est pour moi ma meilleure lecture de 2016 ... et surement de 2015 aussi d'ailleur.
Albéric
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

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Résumé tome 2 : Le Seigneur de la tour
Qu’on le nomme Sombrelame, frère du Sixième Ordre ou Tueur d’Espoir, Vaelin Al Sorna demeure le plus grand guerrier de son temps, et le plus illustre témoin de la défaite du roi Janus. Écœuré par la guerre, il revient au pays déterminé à ne plus jamais prendre les armes. Nommé Seigneur de la Tour des Hauts Confins par l’héritier de Janus, Vaelin espère trouver la paix dans cette région glaciale et sauvage, loin des intrigues d’un Royaume tourmenté.
Mais les êtres dotés de la voix du sang ont rarement l’occasion de mener une vie paisible. Entre les défenseurs de la Foi affaiblie, les adversaires du jeune roi inexpérimenté et les mystérieux assassins de la Ténèbre, Vaelin va découvrir malgré lui que nul ne peut échapper à son destin.

Les tomes 2 & 3 du cycle Blood Song forment un tout, et pour l’apprécier à juste valeur il faut arrêter de penser qu’Anthony Ryan est un émule de Patrick Rothfuss ou un héritier de Robin Hobb. Avec le recul c’est évident, puisque qu’avec la révolte du Cumbraël et le désastre de l’invasion de Linesh on passait du récit intimiste, biographique voire autobiographique, à de la bonne vieille fantasy épique ! Les choix effectués ont ainsi permis de découvrir tranquillement les personnages, l’univers et ses enjeux à travers les yeux de Vaelin avant que les choses sérieuses commencent…


L’auteur reprend le principe de la construction en analepse, et ici les flashforward que constituent les témoignages de Verniers Alishe Someren spoilent absolument tout et c’est tant mieux : l’important n’est plus de savoir ce qui va arriver, car nous le savons déjà, mais comment cela est arrivé… Le récit devient choral, et Vaelin qui revient au pays plus en mauvais souvenir du passé qu’en héros de guerre partage la vedette avec de nouveaux personnages principaux destinées à devenir des POV à part entière :
- Reva incarne une partie apprentissage : fille de l’ancien Vassal rebel de Cumbraël, élevée dans la haine de Vaelin / Sombrelame par des fanatiques religieux non pas pour le tuer mais pour être tuer par lui et devenir une parfaite Martyre de la Cause…
- Frentis qui a réchappé au désastre de l’invasion de Linesh pour tomber les griffes d’une sorcière psionique (oui on t’a reconnu Sylar de Heroes !) incarne une partie aventure : avec lui l’univers s’étend quand il doit participer contre son gré à un road trip meurtrier dans les provinces volariennnes et alpiranes (cette phase du récit est quasiment la version grimdark des pérégrinations de Garion dans La Belgariade et/ou La Malorée de David Eddings)
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- Lyrna, qui est envoyée en mission diplomatique chez les Lonaks / Amérindiens, incarne une partie intrigue et complot : après un tome 1 qui la présentait sous un jour peu flatteur, nous apprenons à la connaître réellement au fur et à mesure de ses confrontations avec l’un des volesprits du triumvirat maléfique au service du traditionnel Méchant Millénaire
J’ai trouvé que la 1ère partie du roman ronronnait un peu, voire tirait à la ligne, mais vu le nombre de personnages et d’événements du tome 1 ce ce n’était pas du luxe de se remettre tranquillement dans le bain.

Puis vient Pearl Harbor / le 11 Septembre 2001 / les Noces Pourpres et c’est parti pour le chaos et la destruction ! Passé ce cap, difficile de lâcher le roman et j’ai bien fait de réaliser un bonne pause juste avant le mega twist de ce pavé de 740 pages bien tassées et bien remplies…
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- Vaelin qui pensait être en retrait forcée dans la Tour du Nord est obligé de devient le Seigneur de Guerre, l’homme providentiel sur les épaules duquel repose tous les espoirs et le nexus autour duquel tous les événements gravitent et se précipitent
- Reva qui avait enfin trouvé enfin une famille n’a pas d’autre choix que d’organiser la défense de sa cité avant de partir au front : Reva la paria athée devient Reva l’héroïne envoyée du ciel dans un gros revival Jeanne d’Arc ! Trop cool !!!
- Frentis tombé au fond du gouffre de la servitude (un gimmick des Chroniques de Krondor ^^) retrouve la liberté pour devenir un Robin des Bois plus badass tu meurs ! Oh, ça sent bon David Gemmell là !!!
- Lyrna survie à la défiguration, à la déchéance, aux marchands d’esclaves (encore un gimmick des Chroniques de Krondor), aux Dents de la Mer (^^) et à la Bataille de Salamine (^^) pour incarner la soif de vengeance de tout un peuple et au bout de son chemin de croix elle obtient ce qu’elle avait toujours refusé…
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On entre dans le vachement bien puisque les personnages influent sur l’univers et inversement, au contraire de toutes ces séries à rallonge qui retombent systématiquement dans le statu quo ! Pourquoi se priver vu qu’en plus on nous offre un combo Bataille de Fort-le-Cor / Bataille de Minas Tirith ? Oh Yeah !!!
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Alors oui, on sent arriver le « War Against Terror », les « Rogue States » et tout le toutim des éléments de langage occidentaux…
Mais qui sont les méchants ? Certes les Volariens ont une bonne tête de Murgos et les Alpirans une bonne tête de Maloréens, mais point de méchants Bougnoules / Niakoués / Russkoffs / Chicanos (rayez les mentions inutiles)… Non, on pioche à la fois dans les Immortels de l’Empire perse achéménides, dans les janissaires de l’Empire turc ottoman, mais aussi dans l’esclavagisme l’Empire romain et l’impérialisme de l’Empire américain…Et comment s’appelle le pays qui va devenir le leader du monde libre en réunissant dans une Grande Alliance antifasciste WASP, Gallois, Ecossais, Irlandais, Arabes et Amérindiens ? The United Kingdom / le Royaume-Uni(fié) ! mdr
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Après tout n’était pas réussi non plus, au-delà de la différence entre le 1er tome a été affiné durant des années et les tomes 2 et 3 qui ont été écrits en 1 an chacun :
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- pas fan des romances lesbiennes qui arrivent un peu de nulle part et qui ne sont pas vraiment développées ou exploitées (fantasmes de la part de l’auteur, élément imposé par l’éditeur, ou appel du pied à un certain type de lectorat ?)
- pas fan de ces conneries de prophéties qui fort heureusement se font quand même plutôt discrètes, et on reste quand même dans le schwartz concernant l’Allié et ses lieutenants volesprits… (encore une fois, remember le film Le Témoin du mal ^^)
- après m’être régalé avec les X-Men fantasy de Jim Butcher dans Le Codex Aléra, et les X-Men urban fantasy de Larry Correia dans Les Chroniques du Grimnoir, ben là je suis resté sur ma faim niveau pouvoir super-héroïque (c’est con car on a quand même les alter egos du Professeur X, Tornade, Iceberg, Pyro et cie)
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- malgré tout je reste persuadé qu’en taillant dans vif niveau personnages secondaires et péripéties de remplissage, il y a avait moyen de raconter la même histoire avec 200 pages de moins, mais c’est sans doute ma fibre howardienne qui parle… (et après tout on arrive bien pour le meilleur et pour le pire à laisser totalement de côté quelques personnages importants du tome 1)
- en partageant l’affect du lecteur entre 4 personnages principaux on perd en intensité ce qu’on gagne en variété, d’autant qu’il n’y a pas unité de lieu, de temps et d’action avec des personnages qui ne croisent pas souvent…
- concernant le mega twist on est dans le dilemme hitchcockien du choix entre la surprise et le suspense, et j’ai trouvé qu’à ce niveau là on était quand même un peu le cul entre 2 chaises
- on nous présente l’Empire volarien comme invincible car éliminant à l’avance ses opposants grâce à ses liseurs d’avenir… et ensuite la résistance du Royaume Unifié lui pourrir la vie et il ne voit rien venir ? Incohérence des familles ou nouveaux twists à venir ???
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- en fin de tome l’auteur abuse un peu des arias de fin genre « on le revit plus jamais », « elle savait qu’il ne le reverrait plus », « ce furent les derniers mots qu’on entendit de lui »…
- la 5e et dernière partie du tome n’est qu’un cliffhanger assez putassier… Mais j’avais le tome 3 sous le coude pour enchaîner de suite donc OSEF, mais je compatis à la douleur des lecteurs de la première heure ! blink

Rien de mauvais loin ne s’en faut, mais ce sont ces détails qui font qu’il manque l’intensité nécessaire pour aller titiller les poids lourds de la catégorie…


Au final, un tome 2 moins abouti, moins homogène et moins équilibré que le tome 1, mais un tome bien cool et bien fun, et d’autant plus agréable qu’il revitalise de beaux classiques des années 1980 en rendant hommage aux œuvres de David Eddings, Raymond Feist et Joe Dever le papa de la saga Loup Solitaire !
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Et vous me connaissez bien, impossible de résister à tentation de glisser au site de référence qui a livré une critique pisse-froide, pourave et sans aucune analyse, alliant mauvaise foi et condescendance...
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Toon
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

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j'attend s avec impatience ta critique du T3 Albéric ! Car quand je lis les commentaires de certains "pisse-froid" qui n'ont pas systématiquement tort non plus, je m'interroge.
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Albéric
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Albéric »

Toon a écrit :j'attend s avec impatience ta critique du T3 Albéric ! Car quand je lis les commentaires de certains "pisse-froid" qui n'ont pas systématiquement tort non plus, je m'interroge.
Ils n'ont pas forcément tort, mais les commissaires littéraires de leur CRS suivnte une ligne idéologique assez pour ne pas dire très contestable (genre la fantasy épique, qui a longtemps constitué 75% du genre, ce n'est pas de la vraie littérature). Sinon, j'ai super bien kiffé le tome 3 et la critique arrive très bientôt !
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Albéric
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Albéric »

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Résumé du tome 3 : La Reine de feu
Réchappée d'une mort certaine, la reine Lyrna est déterminée à reconquérir l'indépendance du Royaume Unifié. Elle doit faire appel à des forces qui naguère encore lui répugnaient : les êtres dotés des étranges facultés de la Ténèbre. Et l'issue du conflit repose sur Vaelin Al Sorna, désormais Seigneur de Guerre. Mais la voie vers la victoire est semée d'embûches, surtout lorsque la voix du sang, le pouvoir qui faisait de lui le plus grand guerrier de son temps, demeure obstinément muette...

Une trilogie bien construite apporte des réponses à chaque épisode, et chaque épisode a son importance et apporte sa pierre à l'édifice : c’est ici le cas dans ce page-turner cool et fun, qui pour ne rien gâcher est 100% EPICNESS TO THE MAX !!! J’ai lu d’une traite les 760 pages de ce tome 3 tome, et je suis obligé de penser que le cycle en son entier pourrait bien devenir un chouette classique de la Fantasy !
[video]https://www.youtube.com/watch?v=9jK-NcRmVcw[/video]


Après un tome 2 volontiers de transition, c'est la guerre totale entre le Royaume unifié, désormais à la tête d'une Grande Alliance et mené par une reine de feu, et l'Empire Volarien, désormais seul contre tous et mené par une reine de feu... (Oui, la responsable des services secrets a réalisé son coup d'Etat avant de multiplier les purges de plus en plus violentes : sûrement un clin d’œil à l'Impératrice du Livre malazéen des glorieux défunts ^^)
Quelque part nous sommes bien dans un « War Against Terror » contre les « Rogues States » certes, mais les masques tombent puisque les grands méchants sont des millionnaires immortels qui après avoir asservi des peuples entier pour augmenter leurs richesses asservissent leur propre peuple pour augmenter leurs richesses davantage encore (car comme le veux la médiocre réalité libérale, la seule possible d'après les thuriféraires de la pensée unique, les riches sont faits pour être très riches et de plus en plus riches et les pauvres très pauvres et de plus en plus pauvres)... Et l'auteur enfonce le clou de l'allégorie avec des ploutocrates qui vampirisent les meilleurs éléments de chaque génération afin d’assurer leur immortalité, leur rang, et leurs richesses…
La boucle est-elle bouclée ou sommes-nous dans un éternel recommencement ? Michael Moorcock avait mis en scène le combat des Jeunes Royaumes contre l’Empire Melnibonéen, allégorie de la Perfide Albion porteuse de toutes les valeurs honnies de l'impérialisme suprématiste, Anthony Ryan lui met en scène le combat du Royaume Unifié, allégorie du Royaume-Uni, contre l’Empire Volarien, allégorie des néocons yankees porteurs de toutes les valeurs honnies de l'impérialisme suprématiste...

La première partie est consacrée à la libération de Castelvarin des mains de l’envahisseur volarien et des pourris collaborateurs. C’est raconté à travers les yeux d’Alucius et de son gardien muet Vingt-Sept, qui va trouver le moyen de contourner son statut d’otage pour porter le coup fatal aux ennemis de la résistance quitte à réaliser l’ultime sacrifice… Pathos digne d’un tragédie antique certes, mais ce n’est que l’introduction d’un feu roulant de combats épiques allant des bons vieux duels de cape et d’épée jusqu’aux batailles à grande échelle avec intervention massives de supers-pouvoirs ! Cela ne s’arrête jamais, oh yeah !!!
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Whaou les charges de cavaleries de Rensial le fils caché de Cho-Hag (remember La Belgariade) ! Whaou les apprenties Tornade capables de sauver ou de détruire des armées entières ! Whaou le combat à mort entre Vaelin et l’Homme-Multiple ! Whaou le baroud d’honneur de Caenis qui libère à plein puissance le don qu’il a caché toute sa vie durant ! Whaou l’utilisation massive du Vif par les chamans amérindiens car Ours Sage et Griffe d’Acier sont les alter egos de Doraga et Marcheur (remember Le Codex Alera) !...

Et oui, les mutants font enfin leur coming-out ! Que cela fait du bien de voir tous les meilleurs récits et thèmes des X-Men de Chris Claremont transposés à un univers médiéval-fantastique de bonne facture. Sauf qu'on a en plus des voleurs de pouvoirs qui recherchent les combos les plus dévastateurs, et un super-vilain qui recherche le combo ultime pour régner sur toute l'humanité pour toute l'éternité... Du coup, on se retrouve assez rapidement dans L’Ère d’Apocalypse ! Oh yeah !!!
On suit donc Frentis, dit Frère Rouge, qui après son calvaire à la Homeland, passe de Robin de Bois à Spartacus, et comme il a aussi des airs de William Wallace il n'est carrément pas très loin de réaliser le Grand Chelem ! ^^ Meneur des Garisaï (morituri te salutant !) et des Politaï (plutôt mourir libre que vivre en esclaves !), ils affrontent les Arisaï dont il était autrefois le prototype... Personnages, situations, thématiques : l'auteur a forcément dans le rétroviseur la sérié télé de Starz, ce n'est pas possible autrement, donc epicness to the max garanti ! (moi j'ai grave kiffé ma race chacun des chapitres qui lui était consacré, oh yeah !!!)
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On suit donc Reva qui après sa phase apprentissage et après avoir affronté son ordalie assume son statut de guerrière badass car ses combats dans le Colisée de Volar sont carrément blockbusterien ! Passons sur quelques tribulations dignes d’une soap opera lesbien, pour se concentrer sur une martyr de la cause qui a tout rejeté pour retrouver sa liberté de penser avant d’être qualifiée d’Envoyée du Ciel par un peuple avait lequel elle avait rompu… Mine de rien ce POV est donc accompagné d’une réflexion les relations entre croyants et athées à notre époque où le religieux revient en force.
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On suit donc Lyrna, meurtrie dans sa chaire et dans son âme, qui embrasse son destin de Gloriana, elle qui avait jusqu’alors résister à la tentation du pouvoir qui lui tendait les bras… Si l’Invincible Armada de Philippe II avait réussi à accoster en Angleterre et que les tercios espagnols avaient mis le pays à feu et à sang, Elisabeth Ière aurait sans doute été confrontée aux mêmes choix qu’elle…
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On suit donc Vaelin, désormais privé du pouvoir du chant du sang (sans doute pour éviter le côté invincible donc grosbill des tomes précédents), partir avec ses fidèles dans une quête polaire pour retrouver l’immortel Erlin, qui aurait toutes les clés pour vaincre l’Allié… Et alors que l’hiver vient, il doit traverser la banquise à temps pour aider ses amis et participer à la grande bataille finale…
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Et comme il s’agit de s’unir ou de périr, on suit aussi dans les prologues de chaque partie Verniers Alishe Someren, qui a son rôle à jouer avec sa mission diplomatique au sein de l’Empire Alpiran, désormais dirigé par la personne qui le hait le plus au monde…

Au-delà des péripéties et des tragédies, on se demande longtemps comment les héros peuvent triompher puis on se demande pendant pas mal de temps comment ils pourraient bien perdre... Mais les méchants ont leurs propres plans : non seulement une Bête Immonde peut en cacher une autre, les victimes d'aujourd'hui pouvant devenir les bourreaux de demain, mais en plus ils sont suffisamment malins pour ne pas mettre tous les œufs dans le même panier...
Après, il y a aussi des bémols à apporter sur l’ensemble :
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- Alornis, attention tu n’es pas très loin de la Mary Sue : belle, jeune, gentille, sensible, talentueuse dans tous les domaines, tu fais tourner les têtes et tu fais chavirer les cœurs de tous les beaux gosses et de toutes les belles gosses du bouquin, tu n’as jamais navigué mais tu conçois de nouveaux bateaux révolutionnaires, tu n’as jamais guerroyé mais tu conçois de nouvelles machines de guerre révolutionnaires… Heureusement que le personnage n’est pas trop prégnant sinon j’aurais été très méchant ^^
- le Royaume-Uni trahi, meurtri et asservi parvient en quelques semaines à lever et équiper une armée de 100000 hommes et une flotte de guerre capable de la transporter… la suspension d’incrédulité est mise à rude épreuve, même dans le cadre d’un conflit de masse avec conscription universelle et réquisitions généralisées (les mesures de la France révolutionnaire appliquées à une allégorie de l’Angleterre : oh la vache, depuis la crise des subprimes les mentalités ont vraiment changé chez les rosbifs…)
- il y a pas mal de trucs pas complètement explicites ou pas vraiment explicités, avec d’éventuelles incohérences avec le tome 1 vu que l’auteur à réorganiser son background en cours de route, mais en fait l’auteur est pris au piège car ou il expliquait tout et on retombait dans la fantasy classique avec ses prophéties et ses messies, voire dans la prédestination à la con, ou il n’expliquait pas tout et comme les personnages nous n’avons pas toutes les clés des enjeux en cours
- il se passe tellement de trucs épiques, sur tellement de pages, qu’à la fin on s’attend à un truc über épique et finalement on se retrouve avec une partie de poker menteur à base de vous ne saviez pas que je savais / tu ne savais pas que nous savions… frustrant



Je ne suis pas loin de penser qu'Anthony Ryan a revu et corrigé le background de son univers en collaboration avec Michael J. Sullivan :
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il approfondit son univers en lui offrant simultanément une mythologie officielle et une Histoire secrète, et au fur et mesures des révélations les légendes deviennent des réalités que le passé à estompé… Mais qui croire entre le super-héros millénaire capable de franchir les barrières du temps et super-vilain millénaire capable de franchir les barrières de l'au-delà ? (et ce n'est pas les brides d’information d'Erlin l'immortel ou de Revek le mathusalem qui vont nous permettre de trancher, sans parler des divinités miyazakiennes, des supers-pouvoirs à la Rising Star, de la Pierre Noir et de la maladie de la Main Rouge). D’un autre côté c’est clair qu’on sème délibérément des petits cailloux blancs menant à la fois un préquel et à une séquelle, et j’avoue que l’affrontement des héros et des démons qui nous est narré pourrait être la version fantasy de celui entre les élèves du Professeur X et les sbires de Magnéto… Je suis partant à 100% ! ^^


A bien des égards l’auteur fait le pont entre les Fantasy britannique et américaine :
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- d’un côté il est clairement influencé par Walter Scott, JRR Tolkien et Michael Moorcock, donc par David Gemmell qui piochait aussi chez eux pour notre plus grand bonheur (les pierres de pouvoir, l’Esprit du Chaos, le multivers, les ours, les loups, les pouvoirs chamaniques, le côté action movie avec les antagonistes bien psychopathes comme il faut)…
- d’un autre côté après les faux airs d’Eddings et de Feist dans le tome 2, les faux airs de Brandon Sanderson et de Jim Butcher se multiplient dans ce tome 3...
L'auteur en est bien conscient, car sinon certains passages ne feraient pas sens, comme cet appel du pied un peu forcé au lectorat américain, avec un passage sur de gentils croyants obligés de s'expatrier dans un Nouveau Monde suite aux persécutions des méchants athées du Vieux Continent... Soupirs certes, mais cela correspond complètement au cahier des charges de la fantasy américaine.


Et si on lit entre les lignes, on a des pistes des réflexions assez pour ne pas dire très intéressantes :
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Outre-manche et outre-atlantique on débat beaucoup sur Daeneys dans la Baie des Serfs, vue comme une allégorie de l’Occident au Moyen-Orient… Il y a aussi un peu de cela car face aux attentats volariens on déclare leur déclare la guerre pour amener la liberté et la démocratie dans un empire esclavagiste mais il y a quantité de dialogues qui montrent clairement que de tels changement ne se décrètent pas et que les problèmes sont beaucoup plus compliqués que cela…
On aussi une réflexion sur le pouvoir, son exercice et son utilisation car on oppose les membres de la team Vaelin qui partagent les pouvoirs pour le bien commun et les sbires de l’Allié qui s’accaparent les pouvoir pour leur seul profit. Idem pour cette mystérieuse Pierre Noire qui donne des supers-pouvoirs quand on la touche et la 1ère fois et qui les reprends quand on la touche pour la 2ème fois : il y a allégorie sur le pouvoir à utiliser pour le plus grand nombre avant de nécessairement l’abandonner. Se servir du pouvoir, mais être prêt à le laisser : voilà le seul moyen d’être libre et de libérer les autres !



Sinon, encore une fois, et cela m’énerve au plus haut point, je suis obligé de m’inscrire en faux concernant les blasés d'en face...

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Mimi
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Mimi »

L'important n'est il pas le plaisir procuré ? :D
J'ai trouvé la suite à la bibliothèque j'attends d'épuiser ma PAL ... Il y a du lourd dedans .. Enfin en termes de nombre de pages et de trucs bien ...comment dire .. Prise de tête Les Bienveillantes :shock:
Bref j'ai hâte de retrouver cet univers

Je ne suis pas bien difficile mis mon critère c'est l'envie de tourner la page du bouquin ... Et il y en a pas mal qui restent sur ma table de nuit sans plus y toucher 8) genre même des 9/10 des potes d'Alberic lol
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Toon
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Toon »

et bien à défaut d'être un excellent roman de fantasy, Blood song est déjà un excellent roman d'aventure.

Au petit jeu des comparaisons, j'y ai trouvé le même plaisir qu'avec le puit de mémoire, l'humour décalé en moins. mais là encore il manque ce petit truc qui fait réver, le dépaysement que j'affectionne plus que tout.

Mais en étant simple sans être simpliste, on retrouve quand même des ingrédients vus chez beaucoup d'autres: un empire occidental "Européen"(Albéric a déjà cité les ressemblances avec ceux qui viennent de nous pondre un Brexit, je le plussoie), une vaste étendue africano/arabique, avec des grecs et des asiatiques qui pointent aussi le bout du nez, et puis bien sur des barbares au nord...

et pour autant il n'y a rien de vraiment ennuyeux à retrouver encore une fois ce melting-pot car Antony Ryan est vraiment un conteur hors pair, je me suis surpris à dévorer ce pavé de près de 700 pages grand format en 2 semaines, bien au delà de ma capacité/temps de lecture habituelle.

Au petit jeu des comparaisons, Le prophète du néant possède un worldbuilding incroyablement plus fourni, oui mais voila, je n'ai pas atteint la fin du T1, lassé par la trop grande richesse de son univers et le si peu d'action proposé.

j'ai également trouvé une "densification" de l'histoire à mesure qu'elle se déroulait. FInalement l'auteur prend son temps pour distiller des informations et concepts (antithèses du Prophete déjà cité), si bien qu'au final son univers n'était peu être pas aussi simple qu'à premiere vue.

va donc falloir que je trouve vite fait ce T2 !


Albéric: je me suis permis de mettre un spoiler dans don texte d'origine car il y a certaine chose que l'on n'apprend que dans les dernières pages :-)
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Gregor
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Gregor »

Fini ce Tome 1.

Excellente lecture, j'ai beaucoup aimé le style agréable et fluide. Le perso principal est très attachant malgré son côté "cheaté". Mon affection particulière pour Gemmell me fait d'autant apprécié ce livre dont l'auteur revendique son affiliation au maitre de l'héroic fantasy.

Après peu d'originalité mais ça ne gache en rien la lecture. Même si c'est un grand classique de faire découvrir les persos dans leur enfance (difficile) pour mieux qu'on s'y attache c'est toujours efficace comme technique, la preuve ça marche ici.
Bref je lirais avec plaisir le T2. :)
Ma bibliothèque : viewtopic.php?f=9&t=4351
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Z3D »

J'avais adoré le premier tome, c'était même un coup de coeur!
Malheureusement, le second tome s'est ajouté à ma pile des non fini!
Tout ce que j'avais aimé dans le premier tome a disparu dans le second.
J'espère que cela ne tu apprécieras plus que moi!
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Lecture en cours:

The Traitor Son tome 1: The Red Knight - Cameron
The Legend of the First Empire tome 4: Age of Legend - Sullivan
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Albéric
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Albéric »

La saga continue :

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Résumé Raven Blade tome 1 :
La paix sera toujours éphémère, Vaelin Al Soma est une légende vivante, célébrée dans tout le Royaume Unifié. Par son génie militaire il a renversé des empires, par son bras il a remporté d’innombrables batailles... et par ses sacrifices il a vaincu un mal sans nom. Malgré ses titres, il s’est détourné de la gloire pour mener une vie paisible dans les Hauts Confins.
Et pourtant, des bruits courent par-delà les mers... la Horde d’Acier approche, menée par un homme se prenant pour un dieu. Vaelin n’a aucune envie de revenir aux armes, mais lorsqu’il apprend que Sherin, la femme qu’il a perdue voilà bien longtemps, est tombée entre les griffes de la Horde, son choix est fait.
Alors que les tambours de la guerre résonnent aux quatre coins d’un continent gangrené par la violence, Vaelin devra relever d’impossibles défis...
AMOUR. AMITIÉ. COURAGE. HONNEUR. RÉDEMPTION. David Gemmell aura toujours été fidèle à ces valeurs. Il nous a quitté, mais portés par ce qu’il a réalisé ce sont ses héritiers aussi nombreux que talentueux qui défendent désormais ses couleurs… Donc « Anthony Ryan » et ses confrères « n’inventent rien » et de ne « révolutionnent pas le genre », mais il a un immense amour de la SFFF, et un immense respect pour ceux qui les ont précédés, et beaucoup de complicités avec le lectorat dont ils ont fait partie avant d’intégrer l’auteurat. On n’est dira pas autant de tous les « génies » avec du « style » qui à force de se regarder le nombril n’existent qu’en brûlant tout ce qui est antérieur à leur « grandeur »...

Après une très bonne trilogie arcanepunk, Anthony Ryan revient à l’heroic fantasy avec son personnage fétiche. Le cycle "Raven Blade" fait ainsi suite au cycle "Blood Song", et l’intrigue reprend quelques années après la chute de l’Empire Volarien et l’échec des super-vilains… Et L’auteur revient à une narration plus directe centrée sur Vaelin al Sorna. Cela résout quasiment tous les soucis d’équilibre et de rythme qui pouvait faire tiquer dans ses romans précédents. C'était très bien, et je vais vous résumer le truc ainsi : un gros revival David Gemmell mélangeant "Robin des Bois" et "X-Men", avec des zestes de "Dune" et "Highlander". Ma critique étant exhaustive je ne veux pas vous l'infliger, mais si vous aimez l'auteur en particulier et la SFFF en général je vous invite à y jeter un coup d'œil !

https://www.portesdumultivers.fr/raven- ... hony-ryan/
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Mimi
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Re: [Cycle] Blood Song / Anthony Ryan

Message non lu par Mimi »

J'avais ADORE Blood Song......mais je dois bien avouer ne plus trop savoir comment finit la trilogie.... :blink:
mais je retournerai volontiers vers cet univers...merci Albéric
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