Amis islamophobes, passez votre chemin : durant 2h30 on meurt en martyr au nom de la destinée manifeste du grand peuple turc et de la grande religion musulmane en criant Allah agbar toutes les 5 minutes !Résumé :
Depuis des siècles, les empires byzantins et ottomans s'affrontent pour le contrôle de la cité légendaire de Constantinople. A la tête de l'empire byzantin, Constantin mène la résistance pour protéger le dernier berceau de la civilisation chrétienne en Terre d'Orient. Mais depuis l'accession au trône du redoutable sultan Mehmet II, les janissaires ottomans sont plus conquérants que jamais. A mesure que les conflits périphériques se multiplient, l'hypothèse d'un combat à mort pour le contrôle de la ville semble inéluctable. Les armées s'amassent au pied des murailles de Constantinople, le siège le plus célèbre et le plus sanglant de l'histoire va débuter.
Scénarisation :
On sent que le réalisateur s’est largement inspiré du très bon Kingdom of Heaven de Ridley Scott et comme les passages humanistes contrebalancent bien les passages nationalistes (et Allah seul sait combien ils sont visibles comme le nez au milieu de la figure), Faruk Aksoy s’en sort plus qu’honorablement car s’est truffé de petits trucs à la David Gemmell ou à la Paul Kearney (comme le méchant qui préfère mourir avec dignité en organisant un dernier carré au lieu de s’enfuir comme un lâche, ou les petits zoom sur les soldats qui se promettent de transmettre leurs dernières volontés à leur famille…).
On suit l’opposition entre le fourbe empereur Constantin et le courageux sultan Mehmet.
Le 1er est secondé par l’acariâtre Notarias et le courageux chevalier génois Giovanni Giustiniani.
Le 2e est secondé le timoré Ali Pacha et le hardi héros et galant homme Hassan.
D’un côté les murailles invincibles de Constantinople, de l’autre côté l’immense armée turque !
Qui fait pencher la balance dans ce duel de titan ? La belle et résolue Era !
Car le beau Hassan et le ténébreux Giovanni se battent pour les yeux bleus de la brune rebelle.
Allah akbar !
Si la mise en place est un peu longue et un peu nébuleuse pour les non spécialistes de l’histoire balkanique, une fois l’échiquier mis en place on ne s’ennuie jamais : tractations diplomatiques, travaux de fortifications, motivations des troupes, duels d’artilleries, manœuvres navales, combats dans les sapes, combats sur les remparts…
Les scènes d’action sont très variées et cela compense la naïveté de la narration.
Allah akbar !
Interprétation :
Ce n’est pas dans ce genre de film qu’il faut s’attendre à des prestations de ouf.
Ce qu’on demande c’est du charisme et de l’énergie, et on est assez bien servi.
Hassan et Era apportent un capital sympathie non négligeable au film.
Les acteurs transmettent bien la faillibilité de leurs personnages :
On évite l’hagiographie de Mehmet II qui a ses propres zones d’ombres
On évite la caricature de Constantin qui a ses propres moments d’honorabilité
Notarias et le grand pope hésitent à trahir leur empereur pour sauver leur peuple.
Et Giovanni campe un formidable adversaire pour les héros de l’Islam.
Allah akbar !
Réalisation :
Exit tout les gimmicks yankees insupportables et c’est tant mieux !
Cela manque clairement de vista mais c’est compensé par plein de trucs sympas.
Le duel final entre les 2 soupirants de la belle Era est bien fichu : c’est ce que j’ai vu de mieux depuis la mort du légendaire et regretté maître d’armes Bob Anderson…
… Dommage d’en faire ensuite des caisses avec le dénouement ! Attention spoilers :
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Hassan se la joue Boromir avec du pathos en veux-tu en voilà, on zoom ensuite sur Era qui porte en son ventre l’avenir de la nation turque avec du pathos en veux-tu en voilà, et enfin on insiste lourdement sur la grande miséricorde du sultan Mehmet qui prend dans ses bras une jeune enfant orthodoxe dans la Basilique Sainte-Sophie avec encore plus de pathos…)
Allah akbar !
Visuels :
Si les 15 000 figurants avec leurs costumes et accessoires font carrément de l’effet, les CGI sont clairement en deçà et il faut bien avouer que les effets pyrotechniques sont plutôt faiblards.
Pour tout le reste, c’est pas mal du tout (notamment les 44 000 m2 de costumes !)
Allah akbar !
Bande-son :
Benjamin Wallnish s’inspire de James Horner, d’Harry Gregson William, d’Hans Zimmer…
Bref un score de bon aloi qui tire le film vers le haut en lui offrant un souffle épique.
Allah akbar !
Un film généreux qui montre une fois de plus les progrès des pays émergents.
Mine de rien j’ai bien kiffé ce récit turc épique et romanesque à souhait.
Allah akbar !
PS : paraît même que Faruk Aksoy a réalisé un film du même tonneau sur la WW1 !