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La Maison des Derviches / Ian McDonald

Posté : 11 févr. 2013, 12:54
par tam-tam
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Istanbul – 2027. Au cœur des fêtes célébrant le 5ième anniversaire de l’adhésion de la Turquie à la Communauté Européenne, un attentat suicide dans le tramway à priori raté, aura pour conséquences d’interférer plus ou moins directement dans la vie de 6 résidants de la Maison des Derviches de la place Adem-Dede. Un bâtiment ayant anciennement abrité les membres d’une confrérie religieuse musulmane aujourd’hui reconvertie en habitations. On va ainsi suivre les destins de Can qui du haut de ses 9 ans va jouer au détective à l’aide de son bitbot transformable à volonté, un robot doté d’une IA et bourré de capteurs et de caméras. Necdet était dans le tramway quand la bombe a explosé. S’il s’en est physiquement sorti indemne, sa vie a irrémédiablement basculé puisqu’il voit désormais des Djinns et est devenu capable d’édicter des prophéties sur un simple regard. Ayse est une antiquaire à qui un mystérieux commanditaire demande de rechercher un vestige archéologique d’une rareté exceptionnelle : un homme mellifié (un homme momifié plongé dans un sarcophage rempli de miel). Adnan est un trader qui n’a pour morale que l’argent. Avec 3 de ses amis d’enfance, il reconstitue les Ultra-Lords de l’Univers, les héros d’un manga. Ils seront à l’origine de la plus grande escroquerie du siècle. George Ferentinou est un vieux grec émigré rongé par le remord. Il s’est pris d’affection pour Can qui est à ses yeux « le fils qu’il n’a jamais eu. » Enfin Leyla est une jeune femme qui accumule les galères. Le jour où elle est recrutée par une start-up en biotech va peut-être sonner pour elle la fin de ses problèmes.

A l’instar du fleuve des dieux, Ian McDonald fait foisonner les concepts dans un pays émergeant. Cela lui permet de faire cohabiter les biotechnologies telles que la robotique et les nanotech, avec des archaïsmes comme l’obscurantisme religieux, ou les traditions sécurales. Et c’est là un véritable tour de force puisque Istanbul est criante de vérité. On y crève de chaud, les transports en commun sont bondés, les embouteillages quotidiens. On a l’impression d’entendre les clameurs de la foule quand on s’approche du stade de Galatasaray et de sentir une multitude d’effluves aux abords du grand bazar. A ce titre, j’ai adoré comme rarement les premières pages qui nous font découvrir Istanbul par les yeux d’une cigogne. Dès cette intro j’étais pris dans les filets de l’auteur et n’allait jamais m’en défaire.

Alors certes, le récit est un peu difficile au début. Mais d’une part c’est voulu, l’entrecroisement des fils narratifs se démêlant au fur et à mesure que l’intrigue se dénoue. Tout devient limpide à la fin rassurez-vous. Et d’autre part ça donne une âme à cette terre du futur. Loin de l’âge d’or, souvent représenté en SF. Elle sera multiple et bruyante. Elle sera violente et s’agitera en tous sens. Elle sera humaine tout simplement.

La Maison des Derviches est un très grand moment de science-fiction. Je le classerai même au-dessus du fleuve des dieux qui avait déjà placé la barre très haut. Je suis prêt à prendre le pari que ces romans seront les classiques de demain.

Re: La Maison des Derviches / Ian McDonald

Posté : 11 févr. 2013, 18:49
par Toon
Un McDonald pas nocif pour la santé ? :whistle:

Trève de plaisanterie, ca m'a l'air très abordable pour le science-fictionophobe que je suis. Vais me laissé tenté cette année je pense. :)

Re: La Maison des Derviches / Ian McDonald

Posté : 12 févr. 2013, 08:36
par tam-tam
Ce n'est pas la lecture la plus simple qui existe. Mais pour peu qu'on s'y investisse un tant soit soit peu c'est vraiment du très très haut niveau.

Re: La Maison des Derviches / Ian McDonald

Posté : 26 févr. 2013, 13:44
par Mimi
Tu es convainquant Tam-Tam, je le note dans ma liste.....