Le Septième Guerrier-Mage / Paul Beorn

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Albéric
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Le Septième Guerrier-Mage / Paul Beorn

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Résumé : Le Septième guerrier-mage
J’ai pillé, brûlé, tué. Puis j’ai déserté l’armée la plus puissante du monde. Je voulais être libre, vivre la belle vie loin de cette foutue guerre… Mais voilà que je dois défendre un village de paysans contre cette même armée dont je portais les couleurs. Des milliers de soldats sont en marche.
Former des combattants, monter des fortifications, trouver des armes… Ces culs-terreux croient dur comme fer que je porte le pouvoir d’un Guerrier-Mage. Moi, je ne donne pas cher de nos peaux. Mais il y a au moins une personne dans cette vallée que je ne pourrai jamais abandonner, alors j’irai jusqu’au bout.
Mon nom, c’est moi qui l’ai choisi : je suis Jal, celui-qui-ose.

Le World building :
Nous sommes en présence d’un background fonctionnel à la Drenaï, ou les feux de la guerre ont ravagé tout un continent… Mais fonctionnel ne veut pas forcément dire creux, et quelque éléments intéressants sont à noter : la haine ancestrales entre Sudiens aux cheveux bruns et à la peau hâlée et Skaviens aux cheveux blonds et à la peau pâle, le roi d’Ostérie qui a tellement peur de son condottiere sorcier qu’il l’a lâché sur son voisin, le chaos suivant le mort du roi de Skavie et de ses preux chevaliers, les dernières poches de résistances d’un pays à l’agonie… Et puis il faut aussi compter avec les héritages elfiques du temps jadis, ce qui nous amène au point suivant.
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Le Magicbuilding :
Dieu envoya ses archanges elfiques pour lutter contre les démons et sauver l’humanité... Mais que restent-ils des elfes du temps des légendes ? Les héros des guerres antiques, depuis longtemps disparus, sont devenus les saints vénérés de la religion unifiée : il subsiste moult sanctuaires protégés par des enchantements (remember Gondolin dans le Silmarilion et Fondcombe dans Le Seigneur des Anneaux), des artefacts magiques servant de reliques, et les archanges elfiques qui ont frayé avec les simples mortels ont donné naissance aux nephilims et aux sélénims… C’est ainsi que les Alfings sont des quarterons possédant des dons mineurs, et les guerriers-mages au super-charisme peuvent avec les mots de pouvoirs idoine s’approprier les forces et les savoirs des compagnons de leur cercle… Ce dernier concept est assez génial, entre les super-héros de Runelords et les super-psioniques de la série télé Sense8 ! Que du gros kif en perspective !!!
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Les personnages :
Le récit est raconté à la première personne par Jal qui se montre égoïste, vaniteux et immature… Mais son instabilité n’est pas vraiment de sa faute : une amnésie lui a volé 12 ans de sa vie, il souffre de paranoïa aiguë, il est atteint d’épisodes psychotiques, voire de crise berserk, il est victime de cauchemar traumatiques, voire de terreurs nocturnes… et puis il est hanté par la voix de Maître Hokoun et ses maximes nietzschéennes à la Thulsa Doom, quand il ne raconte pas sa vie à son amie écureuil-garoue… Du coup, quand je lis certaines critiques déplorer un personnage sans originalité (sic), j’ai juste envie de me taper la tête contre les murs… Ce n’est pas possible ! Il faut arrêter avec ce fétichisme de l’originalité : non seulement originalité n’est pas synonyme de qualité, mais en plus il serait plus productif de distinguer les œuvres vraiment originales, qui finalement sont assez rares, que de pérorer sur le supposé manque d’originalité de toutes les autres œuvres, qui finalement sont très nombreuses…
Pas facile de développer dramatis personnae et relationship drama avec une narration à la première personne, mais les easy readers retrouveront avec plaisir les archétypes qui ont fait leur preuve dans les récits d’heroic fantasy : les filles légères aux cœurs lourds, les vieux briscards sentimentaux, les strong independant women revanchardes, les petites gens destinés à devenir de grands héros, les petits tyranneaux et les gros crevards…

L’Histoire :
D’un côté, pourquoi le général Hast tient-il absolument à attaquer une vallée perdue ?
On reprend l’universelle histoire du peu contre beaucoup, des faibles contre les forts, des opprimés contre les oppresseurs, un récit complètement universel car à son niveau tout le monde l’a vécu au moins une fois dans sa vie (à moins d’être un gros connard qui se croit au-dessus du commun des mortels, mais j’emmerde royalement tous les homines crevarices)… Et ici on reprend les excellentes vibes du Fort Alamo Fantasy qui comme le Légende de David Gemmell le maître anglais de l’heroic fantasy se divise en phases de recrutement, d’entraînement et de dénouement !
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D’un autre côté, pourquoi le déserteur Jal tient-il absolument à défendre une vallée perdue ?
Paul Beorn s’amuse à transformer la quête du Héros aux mille et un visages en puzzle tortueux et douloureux à reconstituer pour Jal : si j’ai pensé au héros schizophrène de Dark Moon de David Gemmell, on n’est peut-être encore plus près du héros schizophrène du roman pionnier d’Abraham Merritt intitulé Les Habitants du mirage, qui pouvait autant être le sauveur que le fossoyeur d’une vallée perdue… Jal doit effectuer l’ordalie du passage à l’âge adulte en temps très limité, et il part avec un gros handicap avec cette amnésie qui lui a volé son adolescence voire son enfance… C’est donc à travers son carnet de rêves que nous découvrons en même temps que lui Kal Ktoom, l’apprenti assassin aux allures de Crying Freeman chéri de Maître Hokoun, et l’enfant qui l’a été, toujours persuadé d’avoir été abandonné par ses parents et trahi par son frère aîné…
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Au bout du voyage, les deux récits se croisent, et bout de sa quête Jal apprend les terribles vérités qui vont le changer à jamais avant de changer le monde à jamais… Au fil des péripéties c’est bon gré mal gré que Jal apprend à connaître les habitants isolationnistes pour ne pas dire xénophobes de la vallée, et ces derniers apprennent dans le même temps à connaître derrière son égotisme affiché le bon fond de leur défenseur improvisé… La réconciliation avec soi-même est le préalable indispensable à l'ouverture aux autres : lui qui s’est tant demandé si son vrai soi moi était Jal, Dal Ktoom ou un enfant au cœur brisé, trouve la paix intérieure et les maximes suprématistes de Maître Hokoun cèdent la place aux maximes humanistes des mahatma Gandhi et Martin Luther King (« l’union fait la force », « un pour tous et tous pour un », « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots »... Pour un populares comme moi, cela a été une grosse éclate ! ^^)
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Les défauts, car je ne suis pas un kikoo fanboy aveugle :
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- la partie recrutement est forcée, et dans le même style pour avoir vu La Vallée perdue de James Clavell, excusez du peu, il y avait mieux à faire…
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- la partie entraînement est facile, et dans le même style pour avoir vu Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa, il y avait mieux à faire…
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Du coup la 1ère moitié peut manquer d’allant, et cela aurait pu être tiré vers le haut sur la forme (plus de descriptions de la montagne, dont les meilleurs viennent plus tard dans le roman), ou sur le fond (approfondir le who’s who’s du village, parce qu’avec les vétérans de guerre victimes d'état de stress post-traumatique il y avait de quoi faire), mais pourquoi rechercher l’exceptionnel quand l’agréable suffit parfois très largement ? ^^
- oui comme l’anglais David Gemmell le français Paul Beorn est un gentil, du coup l’ensemble peut manque d’aspérité et/ou de noirceur par rapport à la gravité des faits relatés
- l’auteur, comme moult de ses confères, officie à la fois en littérature jeunesse et en littérature adulte, et donc comme ses confrères il a parfois du mal à se positionner et on se retrouve avec des répétitions, des facilités et des naïvetés… (comme les rafales d’insultes anciennes qui marchent parfois un peu à vide, ou les scènes de fesses qui faute d’être bien amenée ou rehaussé par une ambiance érotisée tombent un peu à plat)
- j’ai un problème avec le 4e acte… il est super cet incroyable enchaînement de twists qui se finit en feu d’artifices, mais je trouve qu’il arrive à la fois trop vite et trop tard pour exploiter pleinement son potentiel dramatique…
Mine de rien on y retrouve les vibes du shonen nekketsu (aux messages certes basiques mais tellement positifs à notre époque de la crevardise pour tous mis en avant par les politiques et les médias prostitués) : on a un méchant qui trouve le monde trop pourri et qui veut le détruire, mais aussi la team du héros qui veut le prouver qu’avec des amis on peut le changer et l’améliorer ce monde trop pourri, et puis on enchaîne avec un boss à tiroir avec un méchant manipulé par un méchant pire encore qui veut rétablir l’âge d’or du suprématisme avant de conclure par un magnifique genkidama des familles illustrant à merveilles les belles valeurs de l’humanisme… Je reste persuadé que le 3e acte aurait du finir par là, et que tout le reste aurait gagné à être développé dans un cycle entier. Toutefois, c’est tout à l’honneur de l’auteur d’avoir voulu raconter tout cela dans un stand alone !
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Avec le prix Imaginales des lycéens 2016, le livre récemment réédité chez France Loisir semble avoir trouvé un public très satisfait. Pour moi c'est 3,5 étoiles arrondies à 4 étoiles. C'est donc maintenant que je suis obligé de sortir le lance-flammes et ça m'énerve : les différents parcours de lecteurs certes, les goûts et les couleurs certes, les attentes et les exigences certes, mais qu'est-ce que c'est que cette critique à charge du site censément de référence ???
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Cymoril
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Re: Le Septième Guerrier-Mage / Paul Beorn

Message non lu par Cymoril »

Terminé récemment. Ça a été une lecture bien sympathique. J'ai bien aimé l'univers (le système de magie est très original) et l'écriture à la première personne (juste eu un peu de mal avec l'âge du héros qui est censé avoir 20 ans, 25 ça m'aurait paru plus réaliste). Le personnage principal est aussi très attachant dans le genre héros malgré lui, c'est tout à fait le genre de personnages que j'apprécie.
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Mimi
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Re: Le Septième Guerrier-Mage / Paul Beorn

Message non lu par Mimi »

Je viens moi aussi de le terminer.....et j'ai passé un bon moment !!!
Et je rejoins Albéric quand il ne comprend pas le point de vue d'un certain site...5.5/10....non mais c'est du n'importe quoi
Certes il y a quelques défauts, certes il y a certaines facilités dans le récit...mais bon en même temps, ce qu'on attend d'un bon bouquin, c'est de passer un bon moment, c'est d'avoir envie d'y retourner et de tourner les pages.
Perso j'ai bien aimé le récit parallèle des rêves du héro qui retrouve peu à peu la mémoire, j'ai été surprise par le coup de tonnerre des derniers chapitres, mais en même temps ça m'a semblé bien utile pour clore le récit.
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