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par tam-tam » 15 janv. 2018, 19:03
Après le Mexique (Nécroville), le Brésil (Brasyl), l’Inde (le fleuve des dieux), la Turquie (la maison des derviches), l’Irlande (roi du matin, reine du jour), et Mars (Desolation road), nous débarquons cette fois ci, vous l’aurez compris rien qu’au titre, sur la Lune. Ian McDonald c’est un peu le guide du routard de la SF tant il aime nous faire découvrir à chaque fois de nouvelles contrées… par ses petits sentiers détournés.
Alors de quoi ça parle Luna ? Dans 1 siècle la lune sera devenue le nouvel El Dorado d’une terre en fin de cycle. Cette lune sera complétement privatisée. Tout se paiera. Absolument tout, y compris l’air que vous respirerez. Chaque inspiration augmentera la dette que vous contracterez auprès de la Lunar Development Corporation. Dette qui s’affichera en surimposition sur votre rétine grâce à un implant. Ce sera valable également pour l’eau et les datas... Vous voulez faire des économies ? Respirez moins, ou recyclez votre urine… Pour les données ce sera plus compliqué, si vous n’êtes pas connecté vous n’existerez tout simplement pas.
Quand je comparais la lune à un nouvel El Dorado, ce n’était pas anodin. Le satellite est effectivement devenu une terre de conquêtes ou il est possible de recommencer une vie à partir de rien et de se tailler un empire financier en très peu de temps. Car tout va très vite sur la Lune. Tout est mouvant et en perpétuelle effervescence. Quand le roman débute, la lune est dominée par les « 5 dragons », 5 familles spécialisées chacune dans une branche industrielle. A savoir : les MacKenzie (Métaux), Sun (Informatique), Vorontzov (transports), Asamoah (Biotech), et les petits derniers en date les Corta, magnats de l’Hélium 3 (substitut au pétrole).
Telles les monarchies européennes du moyen âge, ces 5 familles s’allient, s’espionnent, s’opposent voir même se battent pour assoir leur suprématie. D’ailleurs Ian McDonald a lui-même surnommé Luna « Game of Domes » en référence au Trône de Fer de GRR Martin. Ce qui est justifié ne serait-ce que par l’importance du casting déployé.
Si le roman débute sur une situation plutôt stable, elle va très vite dégénérer et sombrer dans le chaos le plus total. Le rythme est intense, et tel un rouleau compresseur les évènements s’enchaînent sans aucun temps mort. Heureusement que le tome 2 sort en février (c’est une trilogie).
En dépit de sa complexité, il s’agit là de l’un des plus accessibles romans de l’auteur. L’équilibre entre exotisme, rebondissements et beaux personnages fait qu’on entre dans cette histoire comme dans une motte de beurre…tout en douceur. La seule réelle difficulté étant le casting pléthorique…mais étant données certaines destinées tragiques il fallait bien ça.
Alors que nombre d’auteurs dorment sur leurs lauriers et se contentent de reproduire à l’infini ce qui a fait leur succès d’antan, Ian McDonald réussit une nouvelle fois le tour de force de se renouveler et de me surprendre. Total respect!
Le bonheur, c'est simple comme un coup de feu - David Gunn
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