
Lecteur plus ou moins assidus depuis plus de 4 décennies, je pense n'avoir jamais eu autant de mal à donner un point de vue sur un roman que je vais qualifier d'ovni littéraire. Parfois ébloui comme un roman de Dan Simmons, parfois totalement largué comme dans ceux de William Gibson, ma critique est aussi difficile à rédiger que l'accès à cet univers.La Vorrh est une forêt merveilleuse et effrayante. Tous ceux qui y pénètrent y trouvent soit la mort, soit l’oubli. Néanmoins, elle exerce une fascination quasi magnétique et un attrait irrésistible. On dit que le jardin d’Éden est dissimulé en son cœur. Personne ne l’a jamais explorée en entier, elle serait sans fin.
Pourtant, un homme a entrepris le périple. Un ancien soldat qui a tout abandonné pour suivre sa bien-aimée, Este. À sa mort, il a, suivant d’antiques rituels, emprisonné son esprit dans un arc et, écoutant ses murmures, s’est lancé sur la route…
Mais d'abord qu'est ce que la Vorrh ? De ca au moins on est à peu près sur: c'est une gigantesque foret sur laquelle courent des légendes, des rumeurs, des mythes... et perdues quelque part en Afrique noire aux alentours des années 20.
Et gravitant autours il y a une foultitude de personnages (le point fort du roman), aux ambitions assez imprécises, parfois réels comme le poète Raymond Roussel ou totalement inventés comme Ismael le cyclope, élevé par des espèces de robots en bakélite qui sortent d'on ne sait trop où... et puis Edward Muybridge, photographe visionnaire ayant réellement existé, célèbre pour sa décomposition en image d'un cheval au galop...Mais qui n'a pas grand chose à voir avec cette foret.
J'aurais pu laisser tomber au bout de 50 pages et dire "put*n mais c'est nul ce truc", alors pourquoi ne l'ai-je pas fait ?
Parceque c'est extrêmement original, merveilleusement écrit (accrochez vous car niveau vocabulaire il est impossible de ne pas allez fouiner de temps en temps dans un dico), et il se dégage de l'ensemble une ambiance envoutante et mystérieuse, d'autant plus mystérieuse et difficile d'accès que l'auteur s'amuse à perdre son lecteur dans un flou savamment voulu.