
Résumé tome 1 : Blackwing
Sous son ciel brisé et hurlant, la Désolation est une vaste étendue de terre ravagée, née quand la Machine, l’arme la plus puissante du monde, fut utilisée contre les immortels Rois profonds. De l’autre côté de ce désert, grouillant de magie corrompue et de spectres malveillants, les Rois et leurs armées observent encore – et attendent leur heure...
Pour Ryhalt Galharrow, la Désolation n’a pas de secrets. Chasseur de primes armé pour affronter les hommes comme les monstres, il la traverse en quête d’une jeune femme aux mystérieux pouvoirs. Quand il se retrouve pris dans une attaque qui n’aurait jamais dû être possible, émanant des Rois profonds eux-mêmes, seule l’intervention inattendue de celle qu’il recherche lui sauve la vie.
Jadis, cette femme et lui se connaissaient bien. Voilà qu’ils se redécouvrent au milieu d’une conspiration qui menace de détruire tout ce qui leur est cher, et qui pourrait mettre un terme à la trêve fragile de la Machine...
Un premier roman sacrément abouti pour un coup d'essai : Ed McDonald nous plonge directement au cœur de l'action avec des mercenaires désabusés et des super-sorciers ! Nous suivons le marshal Ryhalt Galharrow, 50% chasseur de primes 50% chasseur de sorcière, et sa troupe de mercenaires des ailes noires qui traquent un duo de fugitifs dans la Désolation, un lieu aux paysages tourmentés, à la géographie fragmenté, à la géologie torturée, à la faune et à la flore mutante (je ne veux pas savoir ce que sont les slweans, les dulchers ou les gillings), bref un lieu à l'ambiance malsaine où le temps et l'espace sont fluctuants... Une fois cette première mission accomplie, il est missionné par son employeur Corbac pour aller récupérer une magicienne au Poste 12 : à peine arrivés les mutants et les hérétiques de Shavada, le plus cruel des Rois des Profondeurs, lancent l'assaut et les survivants ne doivent la vie pauvre qu'à la magicienne en question qui s'avère être la fiancée de notre antihéros qui naguère l'a plaqué sans un mot d'explication...
L'univers sombre et désespéré est excellent ! Autrefois des apprentis sorciers ont délivré les Rois des Profondeurs de leur tombeau sous-marin (remember le tome 1 de La Compagnie Noire de Glen Cook, mais ici avec un petit habillage lovecraftien qui va bien ^^), et avec la conquête de l'Empire de Dhojara ils ont obtenu les ressources humaines nécessaires pour alimenter leurs armées d'hérétiques et de mutants (remember JRR Tolkien : c'est la méthode Morgoth, Sauron, Saroumane). Depuis c'est la guerre et les 9 Cités-États désormais 7 ont fondé l'Alliance Dortmark, avant que les Sans-Nom, les super-sorciers de l'Ouest ne lancent sur les super-sorciers sorciers de l'Est le Cœur du Néant (merci Corbac) avant de recourir à la Machine (merci Nall) : la Désolation protège l'Ouest de Dhoraja, et le Cordon protège l'Ouest de la Désolation... On est un peu dans la Guerre Froide avant l'équilibre de la terreur, puisqu'avec la mort de Froid et Aède, les disparations de Bastombe et Nall, il ne reste plus Corbac et la Dame des Vagues qui brillant par leur absence du front se reposant sur leur Arme de Destruction Magique pour empêcher les hordes ennemies de traverser la Désolation et finir le boulot... Canons, fusils, pistolets, chevauchées à cheval, je suis immédiatement passé en mode Weird West (le western SFFF, pour ceux qui ne connaîtrait pas ce terme), mais l'univers fait suffisamment appel à l'imagination de ses lecteurs pour s'incarner dans la Renaissance Dark Fantasy de l'univers Warhammer, dans le sailpunk de Greg Keyes plein de de bruit et de fureur, à une saga steampunk plus gothique tu meurs, voire carrément en un monde post-apo (et quelque on pourrait même penser à un hybride entre Les Monarchies divines de Paul Kearney et Les Poudremages de Brian McClellan). Reste que dans cet univers arcanepunk où la magie a remplacé la technologie, on retrouve des thématiques dixneuvièmistes avec des usines polluantes, l'exploitation des masses, la lutte des classes, les guerres coloniales... L'auteur nous balance un chouia trop rapidement son vocabulaire spécifique donc explication de texte (et je passe sur le contrecoup / le loi de l'équivalence de la magie qui rappellera de bons souvenirs aux lecteurs / spectateurs de la saga Fullmetal Alchemist ^^) :
- les Adeptes = ce sont les cultistes des Rois des Profondeurs, de pauvres hères convaincus que ces derniers sont des dieux et qu'il faut mieux être avec eux que contre eux
- les Promises = ce sont les recruteuses des Rois des Profondeurs, et elle fonctionne comme des démones de Slaanesh dans les univers Warhammer ^^
- les Favoris = ce sont les agents spéciaux des Rois des Profondeurs, des sorcier ayant subi une reconstruction leur offrant des pouvoirs effrayants contenus dans le corps d'un enfant
- les Talents = ce sont des sorciers mineurs qui filent la lumière des trois lunes pour remplir des réserves d'énergie à usage civil ou militaire au sein de l'Alliance
- les Fileurs = ce sont des sorciers majeurs de l'Alliance qui en groupes parviennent à tenir tête à un Favori, à condition de ne pas trop tenir à la vie
- les Sans-Nom = ce sont au sein de l'Alliance des enchanteurs, des sorciers tellement puissants qu'il ont accédé à l'immortalité et qui se gardent bien de dévoiler les secrets qui leur ont permis d'accéder à leur statut particulier (ce n'est pas Aède qui me contredira, lui qui fut cruellement et mortellement puni pour avoir voulu démocratiser l'usage de la magie, ou Saravor à la fois Frankenstein et Créature de Frankenstein qui se sert de simili Favoris comme batteries et amplificateurs, un chouette concept que j'avais déjà vu dans un roman de Dan Abnett pour la franchise Warhammer 40000 ^^)
Cela plaira ou cela déplaira, mais la narration à la première personne suit tous les codes du roman Hard Boiled de Dashiell Hammett et de Raymond Chandler : on peut légitimement penser à la série Garrett de Glen Cook (et oui encore lui ^^) et Basse-Fosse de Daniel Polansky... Noir c'est noir il n'y a plus d'espoir, et les faibles sont exploités par les forts, les puissants roulant des mécaniques mais guettant fébrilement les signes défavorables pour être les premiers à quitter le navire (puissances totalitaires, élites pas claires, Vieux Continent, Nouveau Monde... vous voyiez où l’auteur veut en venir ? ^^) Nous sommes dans le pamphlet au vitriol contre les élites qu'elles soient nobles ou bourgeoises, aristocratiques ou démocratiques : elles sont toutes aussi corrompues et décadentes les unes que les autres ! Donc on a un antihéros plus désabusé que cynique, plus blasé qu'amoral et peu à peu on découvre son passé :
Un premier roman aussi abouti c'est assez rare (et je vous conseille de faire un détour par la critique du camarade Apophis pour bien le comprendre) : j'ai carrément adoré, mais désolé je ne lâcherai pas la 5e étoile à cause de petits trucs qui se sont accumulés au cours de lecture...
- pourquoi qualifier Herono de « prince » alors qu'il s'agit d'une femme ? C'est pénible à la fin
- il y a un traître haut placé à Valengrad, et comme par hasard l'un des rares personnages sur lequel on s'attarde est un ancien héros de guerre qui s'est miraculeusement échappé des geôles ennemies ^^
- on parle parfois du Cœur du Néant et parfois du Cœur du vide... erreur de relecture ?
- le narration à la première personne nous met naturellement à distance des personnages secondaires, qui pourtant on un sacré potentielle comme Nenn la Calamity Jane folle furieuse ou Tnota l'Oscar Wilde indigène décomplexé, mais il est arrivé plusieurs fois que soit nommés des personnages qui n'ont jamais été présentés et qui ne seront jamais présentés... erreurs de relecture ?
- la fin part dans tous les sens et entre l'épidémie de résurrections de personnages dont parfois on a peine entendu parler, l'enchaînement des twists à quelques pages d’intervalle et des scènes de combats magiques un peu WTF c'est un peu too much hein ^^