Almuric / R.E. Howard

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Albéric
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Almuric / R.E. Howard

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Résumé :
C’est une sensation hors du commun que se retrouver brutalement projeté de sa planète d’origine dans un monde étrange et inconnu. Moi qui n’avais jamais connu la peur, j’étais réduit à une boule de nerfs craintive, sursautant à la seule vue de mon ombre. Je venais de prendre conscience de l’absolue impuissance d’un être humain. Ma robuste carcasse et mes muscles d’acier me semblaient aussi frêles et chétifs que  ceux d’un enfant.
Un léger bruit dans mon dos me fit me retourner d’un coup, et je tombai nez à nez sur mon premier habitant d’Almuric. Il n’était guère plus grand que moi, mais plus massif, avec des épaules particulièrement imposantes et des membres épais aux muscles noueux. Son corps était recouvert d’un duvet du même noir bleuté que sa barbe et sa chevelure. Il n’était pas aussi velu qu’un singe, mais jamais je n’avais vu d’être humain si poilu.
Ses yeux arrogants s’attardèrent dédaigneusement sur mes membres lisses et mon  visage glabre.
— Au nom de Thak, es-tu homme ou femme ? demanda-t-il.

Après Les Dieux de Bal-Sagoth et Les Ombres de Canaan, voici le dernier des trois volumes réunissant tous les textes d’horreur et d’heroic fantasy de Robert E. Howard, le créateur de Conan le Cimmérien. Au sommaire, le mythique roman Almuric, mais également les derniers textes mettant en scène James Allison, et Nekht Semerkeht, un texte hanté par le suicide, que Howard écrivit dans le mois qui précéda sa mort.
Comme tous les autres ouvrages de la collection, cette édition élaborée par Patrice Louinet se fonde sur des textes intégraux et non censurés, et est superbement illustrée par Stéphane Collignon.

Almuric est le douzième et dernier recueil consacré aux récits aventures / fantastiques / fantasy du pionnier texan de l’entre-deux-guerres. Clairement pas le meilleur pour découvrir son œuvre, mais indispensable pour redécouvrir l’incroyable imagination d’un auteur largement en avance sur son temps qui a contribué à toutes les littératures genresques. Outre l’un des pères fondateurs de la fantasy moderne (qui ne naît ni avec les folkloristes victoriens ni avec les sagas de JRR Tolkien), il est aussi le chaînon manquant entre les héritages de Rice Edgar Burroughs et de Michael Moorcock, qui lui doit tant… Bref, c’est jour de grande aventures / Day of High Adventures !


Almuric :
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Si vous êtes du genre à considérer les littératures de l’imaginaire en général et la Fantasy en général comme rétrogrades, passéistes voir racistes, et bien passez votre chemin car tout ce qui suit ne vous fera aucun bien…

Esau Cairn est un homme « né hors de son temps », dont la personnalité s’accommode aux vicissitudes du monde moderne. Trop souvent victimes des homines crevarices, il finit par tuer l’un d’entrer eux, le dénommé Boss Blaine (homonyme de Cross Plains, la ville dans laquelle l’auteur a vécu la majorité de sa courte vie : il y a une dimension autobiographique dans ce choix). Poursuivi par une justice corrompue aux ordres des riches et des puissants, il se propose comme cobaye à un scientifique souhaitant faire expérimenter le voyage intersidéral… Et voilà Esau Cairn projeté dans le monde étranger d’Almuric. Il erre retourne à l’état sauvage, avant d’être finalement accepté par le peuple barbare des Kothiens et pense avoir trouve son paradis de rustisci et de simplciité en se perdant en beuveries, en beugleries et luttes aux corps à corps… Avant de rencontrer Altha, une jeune femme qui ne supporte pas le rusticité et la simplicité de sa propre société et qui rêve de voler de ses propres ailes alors que les siens cantonnent les femmes aux rôles de cuisinières / lavandières / poulinières, et de comprendre qu’il est dans l’impasse autant sur Almuric que su Terre… Le monde nouveau reste à créer, et pour créer il faut détruire : après moult combats, aventures et péripéties c’est en abattant la civilisation décadente des Yagas, qui ne vénèrent d’autres dieux que leurs egos surdimensionnés, qu’il fonde une nouvelle société où tous les êtres sont libres, égaux et fraternels quel que soit leur sexe ou la couleur de leur peau ! (truc de fou quand on sait que tout cela date de l’entre-deux-guerres)

Il y a un vrai changement de ton et de qualité entre la découverte de son nouvel environnement par Esau Cairn, à la fois intimiste et survivaliste, et ses aventures tournant à la révolution sociale et à la lutte des classes qui tiennent du bon vieux pulp des familles en cannibalisant bon nombre des autres récits de l’auteur (donc on retrouve créatures simiesques, araignée géante, hommes-ailés, reine-vamp et vampire et une indicible horreur lovecraftienne..). On sent que les quelques raccord entre les nombreux fragments laissés par l’auteur ont été faits par une plume extérieur tant ils sont grossier (héros idéal, demoiselle en détresse qui ne sert qu’à se faire enlever puis libérer, méchant stéréotypé qui déclame à voix haute ses plans machiavélique en ricanant). On sent aussi qu’on lorgne sur les œuvres d’Edgar Rice Burroughs, à savoir le Cycle de Mars et Caspak (avec les peuples grimpant l’échelle de l’évolution en se déplaçant géographiquement des périphéries sauvages au centre civilisé). C’est donc sans surpris que les Yagas ressemblent furieusement à des Melnibonéens : quoi de plus normal vu que Michael Moorcock était un fanboy à la fois d'Edgar Rice Burroughs et de R.E. Howard ?
Sinon, il y a toujours ce fétichisme de l’auteur pour la lettre « Y », ici avec Yasmeena la reine des Yagas de la cité de Yugga, juchée sur le mont Yuthla, près du fleuve Yogh, dans la région de Yagg… ^^

Bref, un récit sword & planet (c’est-à-dire d’aventures science-fantasy) classique mais efficace qui fait le taf grâce à une chouette bataille finale, mais qui reste intéressant essentiellement dans sa place dans la bibliographie de l’auteur. Car ce récit écrit en 1934, son auteur n’a jamais souhaité le voir publié, tant l’impasse dans lequel Esau Cairn s’est enfermé ressemblait à l’impasse dans laquelle il était lui-même était bloqué IRL. R.E Howard était quelqu’un d’intelligent, de sensible et de cultivé qui ne se sentait à sa place ni dans le désert culturel texan de l’entre-deux-guerres ni dans sa correspondance avec les écrivains du Nord-Est, élitistes, sexistes et racistes… Ayant abandonné l’ambition d’essayer de ressembler à ceux de son temps, il s’est lancé à corps perdu dans l’écriture et en affinant sa formule il a créé une génération entière d’antihéros :
- Kull, l’immigré devenu un roi pensif et dépressif, qui après déclaré par cette hache je règne réforme l’empire de Valusie
- Solomon Kane le puritain défenseur de la veuve et l’orphelin qui combat aux côtés des déshérités du continent africain
- Bran Mac Morn qui au risque de tout perdre se dresse entre le peuple picte et les légions de fer et d’écarlate de l’Empire Romain
- El Borak l’aventurier occidental ami des tous les orientaux d’Istanbul à Peshawar pourvu qu’ils soient hommes de bien
Puis vint Conan le Cimmérien – cheveux noirs, regard sombre, épée au poing, aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joies – pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la Terre. Le héros paria sous ses airs de hors-la-loi prend toujours partis des causes perdues, luttant contre les nobles, les prêtres et les sorciers jusqu’au jour où il sera portée au trône d’Aquilonie ! (et il continuera la lutte du haut de son trône, mais ceci est une autre histoire)
Les héritières d’Altha ne sont en reste : Sonya la Rousse, Bêlit, Valeria, Taramis Belesa, Yasmena, Zenobia et Agnès de Chastillons seront les campagnes de lutte des garçonnes et des suffragettes quarante ans avant le Women’s Lib des années 1970…

Pas mal pour un auteur décrié comme bourrin car écrivant des récits bourrins pour lecteurs bourrins, mais aussi comme un parangon de machisme, de sexisme et de racisme par certains bien-pensants qui feraient mieux de se regarder dans la glace… Si ses héros et ses héroïnes ont inspiré des générations successives d’auteurs et de lecteurs fantasy, R.E. Howard lui perdit son combat contre lui-même le 11 juin 1936 en mettant fin à ses jours à l’âge de 30 ans seulement…
Repose en paix Two-Gun Bob.

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Le Jardin de la peur :
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En partant du voyant texan James Allison qui se souvient de toutes ses antérieures (le concept sera repris par Michael Moorcock pour son Hypercycle du Multivers et Frank Herbert pour son cycle Dune), l’auteur joue avec les mythes, les légendes et les contes. Dans une ambiance préhistorique, on commence comme la légende de Tristan et Yseult, on poursuit comme le conte de Raiponce enfermée dans sa tour, et on termine comme Siegfried et Brunehilde, sauf que le dragon est remplacé par une horreur ailée et l’anneau de feu est remplacé par un jardin de vampires et voraces fleurs carnivores voraces, sujets végétaux d’un tyran antédiluvien… Les tâcherons habituels recycleront cette histoire en conaneries habituelles, mais Michael Moorcock lui rendra hommage avec le clin d’œil du sorcier jardinier dans son Le Chevalier des épées… ^^

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La Voix d’El-Lil :
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Grosso modo, c’est R.E. Howard qui invite son pote H.P. Lovecraft à faire un safari en Afrique et ils tombent sur une cité perdue et tout le toutim habituel... Le Maître texan se moque du Maître de Providence alors même que le côté épique est presque aussi bon que le côté comique... Bref, une bonne marrade et un bon moment : si quelqu’un pouvait se servir de tout cela pour faire un chouette fanfilm, je serai ravi !

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La Hyène :
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On sent le récit howardien de jeunesse avec un héros énamouré et un récit hypersexualisé quoique traité de façon pudibonde. Le jeune Steve est opposé à l’homme-fétiche Senecoza, sorcier et lycanthrope de son état, pour emporter le cœur de la belle, sémillante et progressiste Ellen Farel… C’est naïf certes, c’est assez intéressant de voir transposés à l’Afrique les codes du western et du fantastique. À quand le weird west africain ?

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La Sonnerie de trompettes :
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Ce récit fleur bleue met en scène la romance entre la mensahib Bernice Andover et le yogi Ranjit Bhatarka… Mais la morale est sauve puisque que l’amour n’est pas consommé entre l’occidentale et l’orientale car ce dernier n’était pas ce qu’il semblait être ! Néanmoins un texte très beau, qui aurait pu nourrir un excellent roman d’amour tellement je me suis pris au jeu de cette histoire écrite à quatre mains avec F. Thurston Torbett, amateurs de mystiques orientales, lors d’un des nombreux passages de R.E. Howard en clinique...

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Le Cobra de rêve :
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Une courte nouvelle à la fois fantastique, onirique et horrifique qui annonce avant l’heure les beaux jours de Freddy Krueger (remember Les Griffes de la nuit / A Nightmare on Elm Street) !

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Le Fantôme sur le seuil :
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Une petite ghost story où un opposant à la tyrannie du chef anglais Oliver Cromwell est sauvé par le fantôme de son ancêtre, opposant à la tyrannie du chef danois Barbe-Rousse… Si vous déjà lu du cape et d’épée celtique en général ou Rigante de David Gemmell en particulier, vous serez déjà en terrain connu !


Delenda Est :
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La nouvelle se coule dans le moule des bonnes vieilles ghost stories, mais impossible de ne pas voir ici le prologue d’un récit autrement plus ambitieux et plus abouti avec cette histoire de roi vandale hanté par le fantôme d’Hannibal !

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Le Fléau de Dermod :
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Une petite ghost story se déroulant au Connaugh certes, mais aussi une belle nouvelle sur le deuil et le chagrin ! Car en affrontant dans la lande le spectre de Dermod O’Connor sur la lance nocturne, le narrateur fait face à la douleur d’avoir perdu sa sœur jumelle Moira…


La Vallée Perdue :
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Un récit totalement lovecraftien sauf qu’on remplace l’érudit par un cowboy et le stylo par un pistolet (et les Pictes par des Toltèques ^^). C’est donc tout naturellement qu’on glisse du western à l’horreur, avec vendetta texane qui se poursuit en traque/cavale se terminant dans une ancienne cité olmèque habitée par des créatures inhumaines et un horreur sans nom… Et on pousse le vice lovecraftien jusqu’au suicide du narrateur ! Dommage que la caractérisation soit aussi légère, car sinon l’ensemble aurait été nettement tiré vers le haut. Je comprends maintenant parfaitement pourquoi un réalisateur comme Neil Marshall déclare s’inspirer de l’héritage howardien car ce récit ferait un film du tonnerre !

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Le Roi du Peuple Oublié :
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A l’aide d’une technologie alien, un savant fou occidental souhaite ressusciter Gengis Khan pour devenir le maître de l’Asie puis du monde ! Et on ajoute des pillards mongols, des araignées géantes, des barrières d’énergie et des rayons de la mort… Est-ce un récit plus pulpien tu meurs ? Non c’est du new wave avant le new wave ! Quel dommage que l’auteur n’ait été au bout de ses idées au lieu d’en rester à un triangle amoureux bien bancal…

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James Allison :
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James Allison qui attend la mort en remémorant ses vies antérieures, c’est une allégorie de l’auteur texan dépressif qui trompe son mal de vivre en se plongeant dans ses créations… Il est intéressant qu’on passe des héros aryens aux héros celtes, puis des héros celtes aux héros amérindiens : l’auteur s’émancipe du racialisme de ses éditeurs et de ses lecteurs, bref du racisme ordinaire de son temps, pour annoncer avant l’heure les aventures de ce bon vieux Rahan d’un côté, celle des héros métempsychiques de Michael Moorcock d’un autre côté. (et même quand l’auteur parlent d’aryens, on voit bien qu’il parle des indo-européens dont se place plus sur un terrain historique que génétique, et puis les héros blonds aux yeux bleus existaient bien avant que n’existe le mot aryen ou le mot race : c’est ce qu’on appelle les archétypes universels, et je suis obligés de le rappeler aux bien-pensants persuadés que la Fantasy est un genre fondamentalement raciste)

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Le Cavalier Tonnerre :
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On reprend étonnamment la structure d’Almuric avec une première partie intimiste avec un héros mal dans sa peau, puis une deuxième partie très pulpienne où le héros renouant avec son véritable moi est confronté à une civilisation décadente qu’il devra vaincre pour s’accomplir. Sauf qu’ici on est dans le western et pas dans la Science-Fiction ! John Garfield est-il la réincarnation de Cœur de Fer ou est il un schizophrène qui se croit la réincarnation d’un héros comanche ? Les deux options sont possibles et l’auteur traite sur un pied d’égalité histoire américaine et histoire amérindienne à une époque où les peaux-rouges ne sont que des sauvages sanguinaires tous justes bons à se faire massacrer par les vertueux hommes blancs. De quand date ce récit ? De 1933 : c’est INCROYABLE ! Vive l’amerindian fantasy !!!

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Nekht Semerkheht :
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Entre guérilla apache et invasion comanche, le conquistador vétéran Hernando De Guzman s’allie à la courtisane aztèque déchue Nezahualca pour s’emparer du trésor et du pouvoir d’un sorcier égyptien immortel retranché dans une forteresse cachée… Cela aurait été génial si le récit inachevé n’était pas resté à l’état de synopsis développé et c’est bien dommage !

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Le Tentateur :
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Un beau poème qui rappelle s’il était besoin que l’auteur à toujours été tenter par l’idée de rejoindre le Grand Néant…



Beaucoup d’inédits dans ce tome grâce au travail de moine cistercien de Patrice Louinet, notre spécialiste mondial de la question, qui ici signe l’introduction, la traduction et la postface ! Il nous décrypte l’œuvre howardienne de main de maître et nous fait partager les heurs et les malheurs du colosse texan et de son mal de vivre. Avec le recul, en tant qu’archéologue de la Fantasy je trouve vraiment triste que toutes les pistes explorées par l’auteur soient restées en l’état durant des décennies, alors que des générations d’auteurs américains se sont vautrés et englués dans du Med Fan ni médiéval ni fantastique… Tous ces récits riches de potentialités me donnent furieusement envie de reprendre le travail là où l’a laissé inachevé l’auteur texan : je veux de nouvelles aventures d’Howard et Lovecraft en vadrouille, je veux du weird west africain, je veux que memsahib et son mystique vivent leur amour interdit, je veux des héros irlandais luttant contre Oliver Cromwell, je veux que Genséric et Hannibal abattent Rome, je veux du western fantastique/horrifique, je veux que Gengis Khan revienne d’entre les morts pour unifier le monde, je veux que le conquistador qui voulait être roi affronte la horde sauvage comanche, et je veux de la fantasy amérindienne par le Grand Manitou !
3,5 étoiles arrondies à 3 en raison de tous ces courts récits qui m’ont quand même frustré de ne pas être allés plus loin (mais qui en l’état vont plus loin que bien des auteurs parfois bien postérieurs). Je suis juste un peu déçu que les illustrations de Stéphane Collignon soient bien moins présentes qu’à l’accoutumée dans la collection… (Quand est-ce qu’on lui confie des illustrations de couvertures, ou mieux des bandes dessinées : tout ce qu’il fait est excellent !)
Modifié en dernier par Albéric le 27 sept. 2015, 17:12, modifié 2 fois.
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Bran Noircorbac
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Re: Almuric / R.E. Howard

Message non lu par Bran Noircorbac »

Merci pour cette belle présentation!
Votre talent [lecture de textes vains] vient d'augmenter d'un point
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