[Cycle] Animal Tatoo / Collectif

Forum consacré au reste de la fantasy et au fantastique, avec notamment les oeuvres écrites par les célèbres J.K. Rowling, David Gemmell, J.-P. Jaworski, Michael Moorcock, David Eddings, Greg Keyes, Pierre Grimbert, Terry Pratchett, Alain Damasio, Roger Zelazny et bien d'autres encore.
Albéric
Annaliste
Messages : 1982
Enregistré le : 27 oct. 2012, 19:57

[Cycle] Animal Tatoo / Collectif

Message non lu par Albéric »

Image
Résumé du Tome 1 : Les Quatre élus (Brandon Mull)
Quatre enfants, quatre animaux tatoos légendaires, unis par un même destin : combattre la menace qui pèse sur le monde d'Erdas ! Dans le monde d'Erdas, lors d'une cérémonie célébrée pour leur onzième anniversaire, quatre enfants issus de milieux et de continents différents font apparaître leur animal tatoo, réincarnation de l'animal mythique de leur pays. Conor, fils de berger, invoque Briggan, le loup aux yeux violets ; Abeke, fille d'un chef africain, la panthère noire aux yeux verts émeraude nommée Urazza ; Meilin, fille du grand général Chin, le panda aux yeux bleus, Jhi, ; enfin, Rollan, orphelin et vagabond, invoque Essix le faucon femelle. Les voilà unis à jamais à leur animal tatoo qui leur permet d'aiguiser leurs sens et leur donne des pouvoirs particuliers. Les voilà unis par un même destin : affronter une force obscure surgie du passé qui vient de se réveiller, avec, à sa tête, une créature au nom évocateur : le Dévoreur. Avec l'aide des membres de la corporation des Capesvertes, sortes de chamans, les quatre élus vont apprendre à évaluer leurs nouvelles aptitudes et communiquer avec leur animal afin de combattre les ennemis qui veulent détruire leur monde.
Je tiens à remercier Babelio, Masse critique et Bayard Jeunesse pour cette très sympathique incursion dans la littérature jeunesse.
Ne faisant pas partie du public cible, et étant en effet trop vieux pour ces « conneries », je n’en attendais pas grand-chose… et au final j’ai passé un bon moment fantasy qui m’a rappelé à la fois au bon souvenir d’Harry Potter, et à celui de tous ces animes progressistes des années 1980 / 1990.
[video]https://www.youtube.com/watch?v=rBoxGdz2Km4[/video]

On est dans la fantasy classique certes, mais d’inspiration potterienne (encore que la carte du monde d’Erdas m’a semblé un mix entre celle de jeu vidéo Diablo III et celle du manga Fly, avatar papier de la saga vidéoludique Dragon Quest). Dans un univers médiéval-fantastique, à l’âge de 11 ans chaque habitant doit subir une épreuve initiatique qui va distinguer normaux et « magiques », eux-mêmes divisés entre l’ordre des Capes Vertes et les rebelles du Dévoreur. Vu le titre de ce dernier, on se doute que ce ce n’est pas un gentil tout plein…
L’auteur américain Brandon Mull brouille les pistes : quel camp ment aux élus ? qui est manipulé par qui ?
Mais le suspens fait long feu dans l’opposition entre Tarik et son otarie rigolote et Gar et son sinitre crocodile.
Mais c’était bien vu de mettre le doute dans l’esprit du jeune (ou moins jeune) lecteur ! ^^
Le monde d’Erdas et ses animaux totems m’a furieusement fait penser à l’univers des Royaumes du Nord de Philip Pullman. Parmi les animaux totems, une poignée créatures mythologiques aux pouvoirs fabuleux, renforcées par des talismans aux pouvoirs non moins fabuleux (tiens ça me dit quelque chose… ^^). Ces Bêtes Suprêmes sont également divisées puisque que si Kovo le singe et Gerathon le serpent ont rejoint les rangs du Dévoreur, Briggan, Essix, Jhi et Uraza ont rejoint le camp des Capes Vertes. Les autres Bêtes Suprêmes sont restées dans la neutralité : Cabaro le lion, Mulop la pieuvre, Arax le bélier, Tellun l’orignal, Ninani le cygne, Halawir l’aigle, Dinesh l’éléphant, Rumfuss le sanglier, Suka l’ours polaire. Les Quatre Perdues ayant perdues leurs pouvoirs et leurs talismans dans la dernière grande guerre, nous allons assister à une quête pour convaincre les Bêtes Suprêmes de rejoindre un camp ou l’autre, ou à défaut de s’emparer de leurs talismans, pour faire pencher la balance en faveur d’un camp ou de l’autre…

On est dans le roman d’apprentissage puisque chacun des quatre élus va devoir apprendre à connaître son animal totem et à se connaître soi-même pour mieux maîtriser leurs pouvoirs, notamment celui de faire passer à l’état passif leur animal totem devenu tatouage personnel. C’est là qu’interviennent les sympathiques idées de binômes humain / animal :
- au timide Conor, on associe Briggan le loup têtu
- à la réservée Abeke, on associe Uraza la panthère dynamique
- à la guerrière Meilin, on associe Jhi la panda pacifique
- à l’hésitant et fanfaron Rollan, on associe Essix la fière fauconne
On retrouve toutes les valeurs positives des vieux animes car ici une fois encore, et c’est tant mieux (marre des comics où des super héros milliardaires affrontent des super vilains milliardaires), on associe des personnages de caractères différents, de classes sociales différentes et d’origines géographiques / ethniques différentes.
Trop souvent les auteurs de fantasy mainstream évacuent la question familiale pour faire du fanservice en direction du public censément adolescent (donc devant censément passer à autres choses en grandissant, donc moult auteurs / éditeurs se permettent de ressasser encore et encore les même formules sans qu’un lectorat censé renouvellé en permanence par un turn-over générationnel ne s’en aperçoive… sauf que cela ne marche pas vraiment comme cela ! ^^). Brandon Mull lui ne cède pas à cette facilité, du moins en grande partie :
- on retrouve l’adolescent orphelin typique avec Rollan le voleur sdf issu d’une colonie occidentale
- Connor le jeune berger occidental est en froid avec son père qui l’a placé comme serviteur pour payer ses dettes
- Akebe issue d’une tribu villageoise africaine souhaite faire la fierté de ses parents qui lui préfère sa sœur
- Meilin, enfant unique d’une famille aristocratique orientale, éprouve admiration et affection pour son père général
Sinon quelques répétitions stylistiques un peu beaucoup naïves et des personnages secondaires plutôt sympa : Barlow et son grizzly, Monty et son raton-laveur, Shane et son Carcajou…

Le livre-objet est vraiment de qualité à tous les niveaux. C’est dommage que la couleur des yeux des Quatre Perdues ne soit pas raccord avec ce qui est décrit dans le livre… Mais ce n’est pas la faute de l’éditeur qui n’a fait que reprendre la couverture VO (assez pour ne pas dire très réussie par ailleurs). Par contre je n’ai trouvé très bien choisi d’avoir traduit Spirit Animals par Animal Tatoo, et d’avoir gardé le mot anglais tatoo pour faire style au lieur de traduite par tatouage dans le texte… Même chose pour « Great Beast » qui est devenu « Bêtes Suprêmes »…
Le projet final est très ambitieux : chaque tome est confié à une figure différente du genre pour constituer une seule saga de 7 tomes. Si on m’avait un jour que je serais curieux de connaître la suite d’un cycle jeunesse…

PS : Encore une fois, j’ai retrouvé une œuvre SFFF contemporaine américaine qui dédaigne capitalisme et du libéralisme pour balancer des piques contre les bourgeois égoïstes et les gouvernants que ne servent strictement à rien… Il y a vraiment un avant et un après crise des subprimes dans la culture populaire américaine. Je ne dis rien, mais je n’en pense pas moins.
Fans de Gemmell ? Venez nous rejoindre : http://david-gemmell.frbb.net/
Fabien Lyraud
Porte Etendard
Messages : 683
Enregistré le : 25 déc. 2012, 20:13
Localisation : St Léonard de Noblat
Contact :

Re: [Cycle] Animal Tatoo / Collectif

Message non lu par Fabien Lyraud »

Encore une fois, j’ai retrouvé une œuvre SFFF contemporaine américaine qui dédaigne capitalisme et du libéralisme
Les années 2000 ont été une charnière où les auteurs progressistes se sont fait connaître et on a moins d'auteurs conservateurs dans la geek génération. Dès le début des années 2000 on trouve des auteurs comme Jay Lake ou Catherynne Valente et quelques autres sans oublier les auteurs de la nouvelle sword and sorcery. Donc la fantasy n'a pas attendu la crise pour basculer. Par contre c'est la SF qui s'est pas mal radicalisée à droite avec le développement de la SF militaire même si la jeune génération de nouvellistes est plutôt progressiste là aussi (les auteurs de SF ont plus de mal à percer que ceux de fantasy).
Répondre