Mathieu Gaborit

[Toon]

Livres Critiqués:
Les Chroniques Des Crépusculaires, 1 Tome en J'ai Lu
Abyme, 1 Tome en J'ai Lu
Les Chroniques des Féals, 3 Tomes en J'Ai Lu

Voila un auteur français qui gagne à être connu et surtout lu. MG est un véritable extra-terrestre dans le domaine de la fantaisy pour plusieurs raisons:

- Son style d'écriture
Direct et simple, sans envolée lyrique, mais qui dégage une noirceur et un désespoir jamais atteint.
MG est l'auteur de fantaisy le plus sombre qui soit, et de la à dire qu'il soit un écorché vif, voir un traumatisé de la vie
il n'y a pas loin. Du coup il se place sur un créneau de littérature plutot adulte.

- Son univers
Le plus original et baroque que je connaisse. Jamais de clichés, des idées fabuleuses, son univers ne ressemble à aucun autre et il faut admettre qu'en fantasy c'est *très* rare.
Mathieu prend un malin plaisir à la diversité des races: Farfadets, Lutins, Féees, Géants, Ogres et Sirènes peuplent son continent là où d'autres ne se limitent qu'aux Nains et Elfes.
La magie est omni-présente et particulièrement originale: l'énergie magique est obtenue en caressant ou en torturant les Danseurs, de petites créatures humanoides.

- Les noms propres
Souffre-Jour et Abyme ca sonne quand même mieux que Val Dague et Eaux Profonde non ?

Pour info: Les chroniques des Crépusculaires sont maintenant réunis en 1 seul Tome en J'ai Lu au lieu de 2 aux éditions Mnémos. Il s'agit de plus d'une édition révisée et définitive de l'auteur. J'avais commencé
la version précédente et abandonné au bout de 70 pages. Mais cette nouvelle version est ultra-prenante, je l'ai dévorée en 1 semaine.

[Bran Noircorbac]

*Nécromancie de sujet*

Je suis présentement en train de lire les Crépusculaires, et je rejoins Toon sur l'univers : c'est original, bien pensé, la magie innove, et fourmille de bonne idées. Cependant, ça donne parfois l'idée, (au point ou j'en suis, environ à la moitié), de fouilli ou on découvre un peu des trucs qui tombent un peu du ciel, genre le royaume liturgique, dont on avait même pas idée de l'existence (ou alors j'ai manqué le passage)auparavant, et qui se révèle d'une grande importance. Ou l'on découvre soudain qu'il y a une religion et des 'païens', jamais évoqués jusqu'à ce moment.
Quelques personnages que je trouve un brin artificiels, d'autres ont parfois des réactions que je trouve bizarres,sans parler du héros qui (petit spoil alert :

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perd des pans entiers de sa mémoire à un moment donné, mais que cela ne semble pas affecté outre mesure, vu qu'il se souvient quand même de pas mal de trucs qui pourtant sont censés être du nombre des portés disparus

)

Enfin, bref, ce sont des commentaires à chaud, mais j'ai malgré tout dévoré rapidement une grande partie du premier bouquin, sans pouvoir m'arrêter, tant le pouvoir d'attraction de l'univers est intense.

Dire que j'ai découvert cette œuvre seulement maintenant, vu que le Jeu de Rôle est sorti, et qu'une amie est justement en train d'en parler des étoiles dans les yeux...

[tam-tam]

Pas encore lu les crépusculaires et pourtant j'ai toute la gamme JDR!
Et le pire de tout j'ai jamais fait une seule partie
Mais bon j'ai quand même lus tous les suppléments plusieurs fois et je ne regrette donc pas l'investissement.
C'est l'un des JDR les plus riches qui existe, avec une 15aine de royaumes très variés, 12 saisonnins, 3 formes de magie, des factions et des sous factions à la pelle. Bref ça doit vraiment être le pied d'y jouer...

[Bran Noircorbac]

en tout cas j'ai hâte qu'elle s'y mette!

[tam-tam]

Le vieux rôliste que je suis vient enfin de combler une lacune.
J'ai enfin lu le livre qui a inspiré le jeu de rôles Agone.

Et malheureusement je n'ai pas été totalement emballé. Justement parce que j'avais l'impression de mieux connaître l'univers que les personnages du roman eux mêmes.
C'est un peu comme si j'avais ouvert les cadeaux avant Noël. Après on a plus l'effet de surprise et on est un peu blasé.
Pourtant des concepts il y en a à la pelle, l'Equerre, le Cryptogramme-Magicien, Préceptorale, les saisonnins... Ce roman est immensement riche.
En plus d'être foncièrement original, car ce n'est pas une enième ressucée des poncifs de la fantasy.

Il faut considérer le roman comme une introduction au JDR. Et là, on en prend plein les mirettes.

[Toon]

Je trouve ta critique largement élogieuse Tam-Tam, on va pouvoir rester ami

[tam-tam]

Ouf, on est sauvé alors

[Albéric]

J’avais appréhendé ma relecture printanière du cycle. Finalement cela se relit très bien.
Je n’en ai que mieux apprécié les aspects positifs , et mieux subi et regretté les faiblesses…
Mathieu Gaborit aime la fantasy, cela se voit, il a des affinités avec ce genre, cela se sent.

Commençons par un monde découpé en royaumes dédiés aux créatures mythologiques :
- Chimérie et Empire de Grif lorgnent vers les fondamentaux du médiéval-fantastique
- les provinces licornes qui fleurent bon les senteurs du désert des mille et une nuits
- les cités taraséennes nomades construites sur des monstres marins
- la Basilice, royaume sylvestre dirigé par les druides noirs
- la Caladre, royaume septentrional dirigé par les moines blancs
Et ajoutons les contrées pégasines, les rivages aspic, le royaume dragéen… et la Charogne !
Bref un univers qui rappelle aux bons souvenirs de la saga Heroes of Might & Magic ! C’est cool !

Spoiler:

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les Sombres Sentes qui ressemble à la Route Noire des Princes d'Ambre, les prêtres dont le corps se transforment en fonction des féaux auxquels ils ont dédié leur vie, l’ordre des phéniciers avec ses moines-forgerons et ses épées de feu, les araignées de glaces qui tissent vitraux et armures, les archives vivantes draconiques, les symbiotes jelhenn des sœurs almandines, les moniales-guerrières qui combattent avec des habits-rasoirs, les Pèlerins qui maîtrisent la foudre pour voyager à travers elle ou pour dresser dans la douleur des monstres mutants… sans oublier les sculpteurs de rêves basiliks !

Attention, c’est un univers de fantasy âpre et violent, sombre et désespéré !
Héros torturés, amours tourmentées, des puissants qui voient leurs ambitions s’effondrer, des manants qui voient leurs espoirs s’écrouler, guerriers désespérés, magos psychos… Mathieu Gaborit nous livre un drame eschatologique en 3 actes bourrés de trucs vintage (genre les concubines impériales en tenues diaphanes qui tiennent en laisses de cuir noir des lions de guerre albinos) et de quelques objets grosbill qui incontestablement nous renvoie à l’intournable Michael Moorcock.

Sur la forme, l’auteur a toujours été un bon conteur :
le style est fluide et agréable à lire, sachant distiller des ambiances lourdes et pesantes tout en faisant en sorte que cela s’enchaîne vite et qu’on n’ait pas le moins du monde le temps de s’ennuyer. Je trouve que Mathieu Gaborit, à de nombreux titres, boxe dans une catégorie proche de celle de Pierre Pevel mais attention aux scènes d’action souvent très violentes voire même parfois assez gore. Ces passages courts et efficaces m’ont rappelé aux bons souvenirs de R.E. Howard.

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L’embuscade dans la taverne, l’affrontement sur le bac, Tshan infiltrant l’Ordre du Lion, la fuite à travers les égouts, Januel vs Gormi, le survival parmi le royaume des morts, le siège d’El-Zadin... des moments assez immersifs finalement)

Que pouvions nous demander de plus ? de la consistance !
Car là ou souvent on tient le lecteur avec des longueurs inutiles, ici on souffre de précipitations inutiles.
Du coup, on l’impression de traverser des paysages magnifiques en TGV.

Car des défauts récurrents et persistants chez l’auteur viennent gâcher ses œuvres.
Une bonne œuvre de fantasy c’est une bonne synergie entre un récit et un univers.
L’ensemble souffre de nombreuses précipitations donc d’inaboutissement avec le syndrome « maintenant que j’ai un univers, il me faut trouver l’histoire qui va avec et le plus vite sera la mieux ». Du coup c’est très inégal dans la narration et l’immersion avec un rythme qui souffre d’accélérations artificielle destinés à écourter le cycle (ainsi la présentation de la Charogne en début de tome 2 est excellente alors que les 2 chapitres suivants qui permettent de faire le lien avec le tome 1 sonnent faux).

Tome 1 : où comment saboter une bonne mise en place

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On nous présente l’univers, Januel commet l’irréparable, on suit sa fuite avec Scende et on s’attache aux personnages, la traque s’organise, on s’approche de la capitale, l’étau se resserre et la tension monte avec la multiplication des scènes d’action et…
paf ! 2 chapitres de révélations explicatives qui auraient gagnés à être dilués sur au moins 100 pages pour amener les choses petit à petit, sur lesquels en plus s’enchaîne une bataille finale qui ressemble à un véritable deus ex machina

Tome 2 : où comment foutre en l’air un suspens du tonnerre

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Le Roi et le Seigneur Arnhem racontent leurs plans machiavéliques, on nous montre tour à tour la dangerosité des 4 assassins charognards envoyés pour se débarrasser de nos héros qui se retrouvent piégés dans un cité-navire, on nous explique la monstruosité que sont les féaldhins qui vont s’opposer entre eux et leur tentative désespéré de s’en sortir, les gardes exodins se sacrifient pour la cause, on attend une confrontation au sommet et…
Boum ! Pas de confrontation car Symentz a tué tout le monde pour parvenir à ses fins et les plans élaborés par les uns et les autres tombent à l’eau…

Le dénouement aurait gagné à être dilué sur au moins 100 pages… ne serait-ce que pour faire de la place dans le tome 3 à la fin du monde et à l’impitoyable traque du sauveur à travers les taudis et les palais de le cité des morts.
Bref j’ai l’impression qu’on avait tous les ingrédients pour avoir un truc qui déchire grave…
... Mais que la sauce n’a pas vraiment prise faute de travail ou d’ambition.
- encore une fois une profusion de très bonnes idées imaginatives trop peu ou très mal exploitées…
- encore une fois une foule de personnages secondaires intéressants qui traversent le récit parfois comme des étoiles filantes…

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Scende, Tshan, Sildrinn, Sol’Cim, Farel, Gormi, Jaëlle, Aphrane, Symentz, Falken, Arnhem, Adaz, Erzah, Côme, Cylviel, Mel, Fatoum, Zoran…

- encore une fois des ellipses gênantes voire frustrantes qui nuisent à la narration…

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on a l’impression qu’il manque 1 livre entre les tomes 1 et 2 pour nous expliquer l’évolution de la situation et la maturation de Januel
on a l’impression qu’il manque 1 livre entre les tomes 2 et 3
pour nous narrer l’invasion du monde par la Charogne et l’effondrement des nations sans parler des infiltrations de Januel, Scende et Tshan au cœur du royaume des morts ou du destin de Symentz balayé en 2 phrases alors qu’il a ébloui le tome 2 de toute sa radieuse noirceur

- encore une fin qui sort des sentiers battus, mais bâclée car trop vite expédiée…
Mais peut-être que le jdr donne plus de sens et de contenu à la fin apocalyptique du cycle ?

Des gros pisse-froid ont parlé de récit convenu et linéraire donc totalement soporifique : c'est n'importe quoi !
Que dire ? On n’a pas lu le même cycle, car bien malin aurait pu prévoir à l’avance

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- que Januel allait donner le départ de l’apocalypse en assassinant l’empereur bien malgré lui
- qu’Arnhem allait trahir le Roi en ralliant le sauveur à sa propre cause plutôt qu’en le tuant
- que Symentz allait tromper tout son monde en faisant radicalement place nette
- que Tshan allait suicider Scende après que Falken se soit fait volontairement vampiriser par Arnhen

Et je ne parle même pas de la totale redistribution des cartes du 3ème tome
Si cela c’est sur le fond convenu et linéaire, alors que dire du reste de la production fantasy…
... même si l’essentiel est classique où renvoie aux Grands Classiques, j'en conviens parfaitement.

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(il s'agit même de Classiques : l’Épée de Saphir et son Esprit Frappeur ont un air de Stormbringer !)

Cela reste trop léger pour les lecteurs expérimentés ou exigents, mais ceux qui comme moi on (re)commencé la fantasy avec ce cycle ont du se régaler avec l’imaginaire et les fulgurances de l’auteur qui à ses héros ne fait aucun cadeau.
Si le monde n'est pas assez développé, l'auteur a réalisé un cycle court avec des volumes qui ne traînent pas en longueur, avec 300 pages en gros caractères par tome (200 pages par tome dans l'intégrale), d'où une fluidité qui peut changer des gros pavés..
Donc je reste particulièrement frustré qu’autant d’imagination soit sous-exploitée
J’ai encore des tonnes d’images en tête grâce à ce cycle, je continuerai donc bien l’aventure avec le livre-univers !
Et Symentz, ah Symentz : ce personnage est pour moi carrément inoubliable !

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Faible mentalement, dérangé par moment, mais puissant et terrifiant dans sa détermination.
Le sculpteur de rêve de l’école du métal, télépathe et télékinésisté de très haut niveau qui fait trembler les redoutables Seigneurs de la Charogne, est un tueur à la fois barré et autiste, limite psychopathe, mais il est va tout mettre en œuvre pour prolonger le bonheur qu’il a autrefois connu dans le délire érotomane qu'il s'est construit dans les bras d'une prostituée. "impossible" n'est pas Symentz et il ne lésine pas sur les moyens pour le réaliser !

[Albéric]

2 infos pour les amis rôlistes :

la version collector des Chroniques des Crépusculaires, qui invite à la lecture



la carte du M'Onde des Féals, qui invite à l'aventure

[Bran Noircorbac]

pour l'avoir un peu feuilleté, cette édition des Crépusculaires à l'air assez chouette!

[Edgar Grolles]

Je suis en train de lire ce roman, dans sa version luxe justement. Et c’est vrai que ça invite à la lecture (bien sûr, je prends la version poche pour les transports). J’ai aussi Abyme, dans la même édition et Bohème, moins luxueuse mais tout aussi sympa.

Et… j’adore l’ambiance créée par Mathieu Gaborit dans les Crépusculaires. Ayant lu Les Confessions d’un Automate… juste avant, je retrouve certaines manies d’écriture et certains travers stylistiques qui peuvent être considérés comme malencontreux. Mais globalement je prends mon pied. C’est vraiment de la fantasy originale, sombre et divertissante à la fois, qui vaut bien de nombreuses sagas anglo-saxonnes (même si je ne suis pas un grand spécialiste du genre).

Je me suis procuré Agone et son Atlas. Je ne ferai pas jouer, ceci-dit, ayant mon propre univers rolistique, mais je m’y plongerai surement en cours de lecture du Cycle.

[Toon]

le meilleur est à venir avec les Chroniques des Féals amha

[mzelle]

Pour ma part, j'avais lu les Chroniques des Feals il y a très longtemps et j'avais vraiment adoré.

Je viens enfin de lire Les chroniques des Crépusculaires suivi d'Agone.

J'avais été très très emballée par la première partie des Chroniques des Crépusculaires que j'ai lue d'un trait mais les 2 autres parties ont été plus compliquées à lire, j'ai fait quelques petites pauses. J'aurais bien eu besoin d'une carte du monde dans le bouquin car j'avais du mal à me souvenir quel peuple était qui et était où.
J'ai également eu souvent l'impression qu'il me manquait une partie de l'histoire et à la lecture de la critique de Tam-Tam, je me demande si l'auteur n'a pas estimé que le lecteur aurait déjà joué au Jdr Agone. En résumé, j'ai aimé l'histoire, mais j'ai eu l'impression de passer à côté de quelque chose.

Pour Agone, la lecture a été plus agréable. Même si je n'ai pas compris certains choix de l'auteur

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notamment cette histoire tordue avec son père qui l'emmenait quand il était jeune dans les bas-fond de la ville pour tuer des gens

, j'ai bien apprécié ma lecture.
Par contre, j'ai été souvent mal à l'aise à la lecture détaillée de la torture des Danseurs par les Obscurantistes. Et pourtant je lis des livres d'horreur mais il y avait quelque chose dans la manière d'écrire de Gaborit qui me faisait ressentir des choses désagréables, comme de voir quelqu'un torturer un bébé chat

Voilà, franchement je m'attendais à mieux. J'ai aimé, mais cette impression d'avoir raté quelque chose m'a laissé un goût d'inachevé.

[Toon]

curieusement et de l'avis de l'auteur lui même, les Chroniques des Féals n'est pas son oeuvre préférée, dans son interview il la taxe presque de fantasy "alimentaire"... et pourtant c'est grandiose.

[mzelle]

curieusement et de l'avis de l'auteur lui même, les Chroniques des Féals n'est pas son oeuvre préférée, dans son interview il la taxe presque de fantasy "alimentaire"... et pourtant c'est grandiose.

Oui, et maintenant que j'ai lu son cycle du souffre-jour, je continue à préférer son cycle des Féals. D'ailleurs c'est grâce à ce cycle que j'ai remis mon mari à la lecture, il avait adoré aussi.