[Cycle] Les Sept Lames / David Chandler

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Albéric
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[Cycle] Les Sept Lames / David Chandler

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Résumé du tome 1 : L'Antre des voleurs
Dans les bas-fonds de la redoutable Cité Libre de Ness, Malden a survécu en devenant un voleur doué. Son bien le plus précieux reste pourtant son indépendance. Jusqu’à ce qu’il tombe sous l’emprise du maître tout-puissant d’une impitoyable guilde de voleurs... S’il veut retrouver sa liberté, Malden doit accomplir pour lui une mission improbable. Il lui faut voler la fameuse couronne du burgrave, protégée par de terrifiants démons, bien décidés à dévorer l’âme de tout intrus trop audacieux. Rejoint par un chevalier rebelle et une mystérieuse fille aux tatouages vivants, Malden est loin d’imaginer que, s’il s’en sort, ce ne sera que la première épreuve...

David Chandler a dédié son roman à Fritz Leiber, Michael Moorcock et R. E. Howard.
On aurait du donc s’attendre à un festival sword & sorcery de bon aloi, mais malgré quelques clins d’œil cela ne dépasse pas le cadre de la fantasy à capuche, version abâtardie du genre.
Car les auteurs cités auraient pu écrire en mieux la même histoire avec bien moins de pages.


Niveau personnages c’est sympathique mais limité :
Je n’ai pas du tout accroché au héros orphelin adolescent qui se croit très intelligent.
J’ai bien davantage apprécié le personnage du paladin ultra idéaliste Croy.
La sexy sorcière Cythère a du potentiel mais elle est plus passive qu’active.
Les personnages du maître bretteur mercenaire, du roublard passe-muraille et de l’ogre loyal bon sont plus originaux, mais l’auteur préfère se concentrer sur le triangle amoureux entre les 3 puceaux précédemment cités.
Le burgrave, le castellan, l’ambassadeur nain, la maquerelle Elody… ne servent à rien.
Reste donc le méchant sorcier qu’on nous présente comme étant très très narcissique et très très sadique, sauf que cela reste un pervers narcissique avec l’envergure d’un tyranneau de bureau.

Niveau intrigue c’est plutôt assez simple :
C’est l’histoire d’un voleur qui veut tout avoir et tout de suite et qui donc a les yeux plus gros que le ventre.
C’est donc tout naturellement qu’il se retrouve coincé dans un cambriolage à 2 temps qui le dépasse complètement.
On a quelques trucs à la Ocean’s Eleven plutôt sympas, mais rien de terrible non plus car on est plus près des 3 compères que de la douzaine…
L’auteur a voulu se lancer dans un grand whodonit autour de l’identité du chef de la cabale, mais cela tombe à plat car le worlbuilding est inexistant et le nombre de personnages limité.
Et donc on tombe dans le dénouement à la Scooby Doo.

Niveau style franchement c’est plutôt bien si on passe qques facilités !
C’est agréable à lire, merci à Benjamin Kuntzer.
Le ratio action, palabre, atermoiement ne plaide pas en faveur du page turner mais si cela marche bien quand même, et donc on se retrouve avec pas mal de verbiage qui frôle assez dangereusement avec le tirage à la ligne par moment (mais rien de très grave non plus).
Si les scènes d’action sont un peu lisse par rapport à la concurrence, le vrai problème reste qu’elles sont délayées inutilement sur plusieurs chapitres pour créer artificiellement du rythme et du cliffhanger à 2 sous et que cela hache plus le récit qu’autre chose.
De plus quelques passages mettent la suspension d’incrédulité à l’épreuve : on se rapproche pour le meilleur comme pour le pire des shoneneries avec un Croy qui pourrait facilement remplacer Hyoga dans Saint Seiya la série abrégée (ah les monologues sur l’espoir et l’amitié !).
De plus on tease sur les techniques érotiques des locataires des bordels urbains et sur les rapports contre-nature et sado-maso du sorcier, mais cela ne va pas plus loin que le tititillage d’hormones pour préadolescents.

Niveau background tout le roman se déroule intégralement dans la Cité libre de Ness :

Le côté Nightprowler est sympa mais cela ne va pas très loin : rendez-nous Laetith !
Le Château du burgrave, le palais du sorcier, 1 ou 2 demeures marchandes, des quartiers pauvres interchangeables et une place du marché plus ou moins fréquentée.
C’est un worldbuilding rôlistique un peu léger quand même pour 600 pages.
Car on est dans le cadre d’une ville médiévale fantastique lambda, qui appartient à un royaume médiéval fantastique lambda, qui lui-même appartient à un univers médiéval-fantastique lambda.
C’est donc tout naturellement qu’on mentionne des nains montagnards, des elfes sylvestres, des barbares aux frontières et des peaux-vertes dans leurs tanières.

Niveau thématiques qui dit sword & sorcery dit subtext corrosif :
Effectivement on a ça et là des discours anticonformistes contre l’establisment et le système établi, contre la loi des plus forts (aka les riches) qui exploitent les faibles (aka les pauvres).
C’est donc tout naturellement qu’on retrouve une hiérarchie de crevards carriéristes prêts à tout et au reste pour satisfaire leurs egos insatiables (cad être plus puissants et plus riches pour exploiter et écraser encore plus les faibles et les pauvres).
« Plus, plus, toujours plus ! » Telle est la devise de l’internationale ploutocrate éternelle.
Malheureusement tout cela est désamorcé par les 2 héros : l’un désire ardemment rejoindre ledit establisment, et l’autre est un conservateur assumé par absolue naïveté.
Et pour faire bonne mesure l’auteur ne se lasse pas de basher le seul personnage honnête, intègre et sincère du roman… Bref difficile de savoir où il veut vraiment en venir à ce niveau !


Au final rien de très mauvais, mais rien de très bon non plus.
Un roman divertissant donc satisfaisant : bonne pioche en poche pour Bragelonne, mais...
- Michael J. Sullivan avec son côté 2e degré totalement assumé est plus plaisant
- Brent Weeks offre plus de fun, plus de densité, plus d’originalité
- Scott Lynch fait plus honneur à la fantasy de Fritz Leiber avec Locke Lamora et Jean Tannen

PS: David Chandler est aussi David Wellington (1 série zombies & 1 série vampires)

edit: suite à mon échange sur Phooka sur Babelio, j'est rectifié la partie qui s'interrogeait sur sa bonne critique
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