La Dernière Lame / Estelle Faye

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Albéric
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La Dernière Lame / Estelle Faye

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Résumé de La Dernière lame :
Jadis, le monde a connu un Age d'Or, enchanté par la magie. Mais à présent il est presque entièrement recouvert par les eaux où grouillent méduses, murènes mangeuses de chair et Léviathans d'ombre.
Vorastburg est l'une des rares cités à ne pas être encore submergée. Ses habitants sombrent dans la folie en attendant la fin.
Parmi le chaos ambiant, Joad tente d'apaiser les souffrances. Cet ancien combattant aguerri sait que l'Armée des Cendres va déferler sur la ville, avec à sa tête la belle Marie aux yeux verts. Joad et la redoutable guerrière apprennent que des êtres sublimes demeurent aux confins de l'océan, capables de mettre fin aux souffrances. Ils s'engagent alors dans une course dont l'enjeu est le sort du monde.
D’emblée je tiens à préciser que je ne faisais pas partie du public visé et que je ai très peu de références en littérature jeunesse ou Young Adult, donc je me garderais d’apporter un jugement sur la qualité du roman.
Je ne suis jamais vraiment entré dans l’histoire mais ces chroniques d’un monde à l’agonie m’ont beaucoup touché.


En marchant sur les traces de Fabrice Colin (osons faire des parallèle avec la trilogie eschatologie douce amère Winterheim) et Mathieu Gaborit (osons comparer Marie à Scende des Chroniques des Crépusculaires), on se retrouve avec une émule de Charlotte Bousquet : Estelle Faye nous livre un univers sombre et violent avec un bel imaginaire qui laisse des images plein la tête car sa prose est joliment évocatrice (on sent dans les petites descriptions une vraie passion pour l’océan).

Le roman est divisé en 3 parties :
- une partie centrée sur Marie l’amnésique qui perd peu à peu ce qui lui reste d’humanité
- une partie centrée sur Joad, l’handicapé amnésique qui va tenter de s’opposer à Marie
- une partie centrée sur le destin de Jester la jeune acrobate amnésique
Finalement les chapitres pré-Marie sont les plus homogènes du roman. Les chapitres suivants sont plus décousus puisqu’on change de personnages, de lieu et d’époque dans ce qui ressemble à une succession d’interludes. Et c’est écrit sur le ton de la chronique : faute de fils conducteur autre que la lente chute vers le néant, difficile de s’attacher à quoi ou à qui que se soit.
La figure de Joad permet enfin de s’accrocher à quelqu’un et on entre plus volontiers dans le roman, mais cela repart de plus belle avec l’ellipse de 7 ans qui sépare les 2e et 3e partie
On se retrouve donc avec quantité d’éléments mal amenés ou mal exploités : le concept d’Ombre reste flou
(on pensera aux Goju de L5R)
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Et on pourrait dire pareillement de l’histoire du capitaine Julian, des interventions des Façonneurs, de l’attaque des crocodiliens ou la découverte du Labyrinthe… Certains d’entre arrivant comme des cheveux sur la soupe.
Cela constitue le gros point faible du roman, mais dans le cadre d’un 1er roman il s’agit d’erreurs de jeunesse.


Impossible de ne pas songer au manga culte de l’immense Hayao Miyazaki : Nausicaä de la Vallée du Vent !
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On retrouve donc toute une galerie de petites gens ni bons ni méchants : ils sont justes broyés individuellement ou collectivement par des puissants qui cherchent juste à être les derniers à sombrer avant la fin des temps…
(d’ailleurs pas mal de personnages secondaires auraient mérité plus de pages comme la bourgmestre romantique Annelise ou le mafieux ami des animaux Kwanjaï).
Certains essayent de retarder l’inévitable fin, d’autres essayent d’hâter l’inéluctable fin.
Mais ici l’océan infini et ses créatures marines remplacent la forêt toxique et ses insectes géants.
Dans les 2 cas, un messie féminin apporte le chaos de la destruction et de la miséricorde :
- Nausicaä était une Jeanne d’Arc postapo de lumière qui apportait compassion et espérance
- Marie est une Jeanne d’Arc postapo de ténèbres qui apporte violence et désespérance
De plus des thèmes très profonds sont abordés : outre écologie et développement durable, citons
- l’ambiance délétère de cette apocalypse lente est étouffante car les personnages savent qu’ils vont connaître de leur vivant la fin du monde. Difficile de ne pas songer à notre temps présent ou demain sera probablement pire qu’aujourd’hui (en nous retirant l’espérance, nos élites ont commis un génocide culturel à l’échelle planétaire)
- l’Eglise des Cendres promeut l’ignorance contre la connaissance : on reconnaît là tous les mouvements fondamentalistes qui veulent nous retirer les moyens d’établir un monde meilleur où ils n’auraient plus leur place, ou l’establishment qui veut retirer aux masses les moyens intellectuels de ne plus gober leurs mensonges


Un livre qui inaugure bien la collection Pandore : on nous dépeint une histoire sombre et violente où l’univers et les personnages n’en finissent plus de sombrer… Mais au bout du tunnel se trouve malgré tout la lumière.
(je déconseillerais néanmoins ce livre aux dépressifs chroniques…)
Un roman sincère écrit par une auteure qui veut vraiment (trop) bien faire.
Personnellement, c’est avec grand plaisir que je retrouverai son imaginaire.
http://www.lepreauxclercs.com/site/pand ... 2842284862

(et dans tous les cas, un roman qui ne méritait pas la critique semi pourrie des blasés d’en face et qui aurait du rejoindre comme tous les autres romans YA leur section jeunesse... les incohérences habituelles quoi !)
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