
L’entrée en matière est assez accrocheuse, mais je n’en dirais pas autant de la suite.Résumé du tome 1 :
Konowa Vif Dragon, ancien commandant des Elfes de Fer, a été banni voilà un an pour avoir assassiné le vice-roi d'Elfkyna. C'est plus amer que jamais qu'il se voit rappelé par l'Empire et confier une mission des plus périlleuses. L'Etoile de Sillra, un artefact légendaire, est censée s'être écrasée à Luuguth Jor, un fort abandonné perdu au milieu de nulle part. Et nombreux sont ceux qui la convoitent : l'Empire bien sûr, mais aussi les rebelles elfkynans, qui rêvent de se libérer du joug de l'autorité impériale. Sans oublier la Souveraine des Ombres, sorcière-elfe honnie de tous dont l'influence s'étend peu à peu sur le monde. Mais Konowa devra avant tout prendre garde à ses propres aspirations...
Les 3 auteurs cités par Chris Evans sont Kipling, Karen Traviss et R.A Salvatore :
- on reconnaît Kilpling dans le côté aventures coloniales dans l’Empire des Indes
- on reconnait Karen Traviss pour les thèmes écologiques trop discrètement évoqués
On essaye de transposer les codes de la high fantasy dans les récits d’aventures coloniaux.
On est donc dans un univers dix-neuvièmiste avec mousquets, baïonnettes, canons et obusiers.
On utilise le méchant millénaire, un artefact ultime pour le vaincre et un héros élu par le Destin.
Les Eflkynans sont des Hindhous, les Orcs sont des Afghans, les Elfes des Amérindiens donc proches de la nature (genre elfes de Magic the Gathering), sauf le héros qui est fâché avec elle.
Certains ont trouvé le concept de l’elfe qui n’aime pas la nature supracool…
Sauf que Konowa Vif Dragon, fils de Feuille Bavarde et de Chouette Rouge, elfe en décalage avec son peuple et ses valeurs mais super pote avec un gros félin est juste un gigantesque clin d’œil à Drizzt-do-Urden de R.A. Salvatore (avec qui l’auteur est pote).
On aurait pu avoir un mélange des Trois Lanciers du Bengale et du Temple Maudit, mais Chris Evans n’avait pas les épaules assez larges pour aller dans cette voie. Fin du rêve.
Qu’est-ce qui ne marche pas ?
C’est la carrément la foire aux supervilains de pacotille digne des animes des années 80 !
La Souveraine des Ombres aurait pu être intéressante mais avec ses monstroplantes, ses elfes zombies et ses créatures de cauchemar diverses et variées comme les chiens-araignées et les mille-pattes géants, mais on est plus proche du Diskor de Jayce qu’autre chose.
Quand à ses sbires, ils tombent dans la caricature ce qui tue tout suspens et toute tension.

C’est très linéaire et très prévisible : l’essentiel du roman n’est qu’une mise en place de 300 pages pour la grosse baston finale qui en fait 100.
L’auteur essaye de brouiller les pistes avec plusieurs factions, sauf qu’il s’embrouille lui-même puisque qu’on ne saura jamais qui veut quoi voire même parfois qui sort d’où…
(visiblement la nécromancienne elfe avait toutes les cartes pour l’emporter, mais non on se la joue vilain de pacotille qui laisse ses sbires échafauder des plans de merde qui vont échouer)
Il essaye de brouiller les pistes avec des retournements de situation, mais comme les twists de devinent à l’instant où ils sont mis en place, cela tombe carrément à plat.
Il essaye de faire monter la tension mais cela tombe souvent à plat aussi :
- le concept fort de la série, la malédiction du gland d’obsidienne est très mal exploitée car les personnages passent du mode panique au mode zen attitude et inversement sans transition
- on insiste sur les rakkes, créatures revenues d’un autre temps de 2m70 avec des griffes de 15 centimètres, mais comme il suffit d’1 balle ou d’1 coup de sabre pour s’en débarrasser…
Certains ont beaucoup aimé le bestiaire très original :
Rakke = gnolls, muraphant = éléphant, bengar = tigre de Dragon Quest, brindos = cervidés…
Remarquez que nombre de concepts sont tellement mal fagoté que l’auteur est obligé de les expliquez en glossaire dans le tome 2, notamment sur les elfes et la magie elfique…
Certains ont beaucoup apprécié les passages militaires du roman : c’est plutôt correct certes.
Les scènes avec les officiers ne vont pas loin, les scènes avec les troufions ne vont pas loin.
Oui on sent bien la poudre, les salves et les canonnades, mais cela n’arrive pas vraiment à la cheville des Cornwell, Kearney, Forstchen, Stirling, Kent… pourtant l’auteur est historien militaire.
Quant à la grande bataille finale, elle est quasi illisible avec ses rebondissements toutes les 5 minutes :
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D’où sortent les les rakkes ? D’où sort le mille-pattes géant ? WTF !
D’où sortent les tritons anthropophages, et à quoi servent-ils ? WTF !
Que trafiquent les shamans elfkynans ? on le saura jamais ! OMG !
D’où sortent les elfes zombies ? Les arbres tueurs à quoi ils servent ?
Et l’Etoile de l’Est elle étaient planquée où ???
D’où sortent les tritons anthropophages, et à quoi servent-ils ? WTF !
Que trafiquent les shamans elfkynans ? on le saura jamais ! OMG !
D’où sortent les elfes zombies ? Les arbres tueurs à quoi ils servent ?
Et l’Etoile de l’Est elle étaient planquée où ???
C’est plutôt rythmé (les chapitres font 7-10 pages) et se terminent toujours par un mini cliffhanger qui oblige à passer au chapitre suivant et dans la plupart d’entre eux déboule une menace qui sera rapidement écartée pour passer à la menace suivante.
Pour autant je n’ai pas retrouvé le style pulp et le plaisir de la ligne droite, sans doute à cause des chapitres composés aux ¾ de dialogues qui n’apportent pas vraiment grand-chose.
Mais il y a de l’humour, mais l’humour c’est subjectif et celui de l’auteur ne m’a pas touché.
Un officier beau-gosse, une magicienne belle-gosse : suspens… du je t’aime moi non plus !
On devine sans peine les inspirations de Chris Evans dans ce domaine :

Bref c’est bavard et cela tombe bien car le traducteur excelle dans les scènes de dialogues.
Sauf qu’il faut attendre longtemps pour comprendre qu’on est dans la jungle (tigre et moustiques auraient du me mettre la puce à l’oreille, mais comme on passe son temps à parler de froidure et de givre…), et encore plus longtemps pour identifier les personnages secondaires.
Les officiers les désignent par leur nom, les soldats par leur prénom : les 2 ne jamais utilisés ensemble.
En puis les fautes de relecture n’aident pas non plus (le nain qui soulève un humain avec un seul bras, le borgne dont on doit refermer les paupières, le sniper équipé d’un mousquet qui réapparaît avec une épée à bâtarde, le sorcier elfe à moitié fou qui n’arrive plus à quitter sa forme d’écureuil mais qui y parvient parfaitement quand il doit faire avancer l’intrigue…)
Ça papote beaucoup mais cela ne sert ni l’univers qui est à peine esquissé, ni l’ambiance forestière qui peine à émerger, ni les intrigues très basiques, ni les personnages car l’anti-héros elfe se fait voler la vedette par le vieux nain arbalétrier.
Et ce n’est pas la vieille journaliste espionne et son Pélican alcoolique qui relèvent le niveau.
C’est honnête et sympathique mais les partis pris ne sont pas exploités / sont mal exploités.
Reste le côté Tuniques Rouges et le côté Compagnie des Indes Orientales qui sont originaux.
Sur Elbakin on dit que le tome 2 s’inspire de la Campagne d'Egyptienne et est de meilleure facture : je continue l’aventure !

Son site perso : http://chrisevansauthor.com/