[Cycle] La Trilogie Gormenghast / Mervyn Peake

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tam-tam
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[Cycle] La Trilogie Gormenghast / Mervyn Peake

Message non lu par tam-tam »

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Au château de Gormenghast règne une famille farfelue : les d'Enfer. Lord Tombal lit toute la journée. Son épouse Gertrude ne vit que pour ses chats et ses oiseaux. Leur fille Fuchsia est d'une nature sauvage et rêveuse. Autour d'eux s'agite une société hétéroclite dont le quotidien est figé dans l'exécution de rites ancestraux. La naissance d'un fils, Titus, va rompre la monotonie du château.
Une oeuvre complètement à part en fantasy. Quelque part entre Rabelais et Lewis Carroll.
Des personnages hors du commun. Une ambiance qui peut virer du gothique au burlesque en 1/4 de seconde. C'est pourtant la noirceur et l'amertume qui l'emportent.... et de loin. Mervyn Peake est sans concessions pour ses personnages, il les fera tomber les uns après les autres.
Mais le véritable héros est Gormenghast, le château des Comtes d'Enfer. Un dédale gigantesque à la cartographie incertaine. Chaque jour on découvre de nouvelles pièces jusqu'alors inconnues. Ce château abrite à la fois horreurs et merveilles. Un livre-univers fascinant.

Faites attention à vous, il y a un avant et un après Gormenghast.
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Bran Noircorbac
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Re: [Cycle] La Trilogie Gormenghast / Mervyn Peake

Message non lu par Bran Noircorbac »

Intriguant, ça c'est sûr...ça me donne envie ça. Je le mets dans la "to read list" :)
Votre talent [lecture de textes vains] vient d'augmenter d'un point
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Dark horse
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Re: [Cycle] La Trilogie Gormenghast / Mervyn Peake

Message non lu par Dark horse »

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C'est une plume sensationnelle que je viens de découvrir.
L'auteur fut un artiste, illustrateur, notamment, et cela saute aux yeux dans son écriture imagée où chaque détail est écrit comme un dessin.
Dès les premières pages, l'ambiance est posée : gothique, surréaliste, enivrante.

Les personnages du château de Gormenghast apparaissent chacun à leur tour, affichant leur personnalité, leurs sentiments, dans un décor fait de multiples pièces imprégnées d'une atmosphère propre.
La scène nous faisant entrer dans la cuisine est hallucinante, avec en chef d'orchestre l'exubérant Lenflure, le chef cuisinier. Vu des yeux de l'austère majordome Craclosse, le spectacle est dément, grossier.
Puis le lecteur se laisse emmener dans les dédales du château, jusqu'à l'arrivée du soixante-dix-septième comte d'Enfer : Titus.

Le nouveau-né enflamme les passions, suscite toutes sortes d'attentes ou de craintes. Ainsi, sa sœur, la jeune Fuschia, est bouleversée. Son caractère solitaire et contemplatif est mis à mal par l'excitation ressentie dans chaque pierre entourant son monde froid et sécurisé.
Les parents de Titus, eux, témoignent une indifférence distante avec le successeur. Le comte ne pensant qu'à la bonne tenue des rites ancestraux et la comtesse préférant dialoguer avec ses oiseaux ou se promener dans la marée immaculée de ses innombrables chats blancs.

Finelame, lui, profite de l'occasion pour manipuler son monde. Vif d'esprit et opportuniste, il est celui qui attisera les flammes afin d'obtenir une place de choix dans la maisonnée d'Enfer.


Le récit est imprégné d'une forte couleur terne, présente quasiment dans chaque mot. La tristesse et la mélancolie se ruent à chaque lever de lune ou de coucher de soleil. Non seulement les pierres du château, mais aussi les arbres et les humains se dessinent sous des silhouettes blafardes et détachées de la réalité. Seules quelques exceptions amènent du loufoque dans ce paysage morne.
Et pourtant la tension monte au fil des pages jusqu'à atteindre un paroxysme aux répercussions désastreuses. La santé mentale des habitants du château étant déjà à la lisière de la folie dans la première moitié du roman, la suite va encore exacerber les troubles de chacun.

Je regrette une certaine redondance dans les descriptions, bien que celles-ci ne soient rarement répétitives. Mais l'ennui pointe de temps à autre, alors que l'auteur se perd une énième fois dans la contemplation du paysage. L'ambiance est en grande partie magnifiquement mis en image à travers les mots, mais le récit est trop souvent alourdi et certains passages sont très longs voire ennuyeux.
Le pire étant la manie de certains personnages à répéter les mêmes tics tous plus irritants les uns que les autres (la plaintive Nannie Glu, le docteur Salprune avec ses rires intempestifs et sa sœur répétant chaque question, ou encore les jumelles Cora et Clarice, uniquement tournées vers elles-mêmes).

Cependant, la fascination l'emporte devant ce théâtre bizarre occupé par des individus assez incroyables évoluant dans ce château hors de l'espace-temps.
Bien que les nombreuses divagations ne nous permettent pas d'appréhender suffisamment chaque recoin, les éléments fournis permettent d'imaginer d'autres possibles dans cet univers confiné (le dehors, pratiquement inconnu, a lui aussi son importance).
Les descriptions sont marquantes et riches d'une palette de toute beauté. J'ai rarement lu un tableau si vivant, pourtant coloré de nuances pâles.

Une œuvre particulière que j'ai beaucoup aimé lire par de nombreux aspects et dont je ne manquerai sûrement pas la suite.
"Quand viendra le temps du froid blanc, ne mangez pas la neige jaune". The Witcher 3 : Wild Hunt
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