Résumé Par-delà la lune bleue :
Dans la cité magique et cruelle de Haven où l’on peut tout acheter, voler ou prendre de force, Hawk et Fisher ont toujours fait front. Ensemble, ils ont tout combattu : des loups-garous, des vampires et même les pires des créatures… des politiciens véreux. Ils ont pourtant décidé de régler une dernière affaire… puis de quitter la ville. Le prince Rupert et la princesse Julia doivent revenir dans le Royaume de la Forêt pour faire comparaître un régicide devant la justice : le roi Harald a été assassiné ! Deux légendes réunies par un crime odieux et une terrible vérité qui s’étend… par-delà la Lune Bleue.
Comme feu
David Gemmell, qui a toujours revendiqué marcher dans les pas de
Louis L'Amour,
Simon R. Green écrit toujours la même histoire que désormais je connais par cœur… L’auteur est fan de
Roger Zelazny, donc on passe joliment du
Dallas Fantasy à l’
Agatha Christie Fantasy, et il est pote avec
Terry Pratchett donc il passe sa méthode à la moulinette Dark Fantasy (sans parler de toutes les références à la littérature anglaise assez cool et aux films et séries populares qu’on aime bien, genre
Dr Who et
James Bond, ainsi qu’un esprit comics toujours de bon aloi ^^)
Pour ne rien gâcher l’auteur est entré en résistance contre cette saloperie de thatchérisme ! (comme la quasi intégralité de la SFFF anglaise en fait)
Douze années se sont écoulées depuis la Guerre des Démons (cf.
La Lune bleue) : on commence par un détournement du
Fantôme des Canterville avant d’enchaîner par un remake de la grande grève de 1984-1985 (saloperie de Margaret Thatcher, qu’elle pourrisse enfer elle et ses thuriféraires…). Là deux messagers du Royaume de la Forêt, Allen Chance le Questeur trop naïf pour son bien et Bonhomme le chien mutant du défunt Haut Sorcier à la langue bien pendue (1 tirade = 1 fou rire ^^), rappellent à Hawk & Fisher leur devoir de Prince Rupert et de Princesse Julia pour retrouver celui qui a assassiné le Roi Harald…
Grosso modo nous sommes dans la version 2.0 de La Lune bleue, et c’est très très cool. Mais le principal problème vient du fait qu’on fait la transition entre les deux univers de l’auteur : on nous raconte l’épilogue du roman d’origine et le voyage de Rupert et Julia vers Haven et leur transformation en Hawk & Fischer (ainsi que la destinée final du Dragon, de la Licorne et des gobelins…), les adieux de nos héros à la version urban fantasy de Londres dans un incroyable feu d’artifices où ceux qui veulent les canoniser sont aussi nombreux que ceux qui veulent les tuer, et le retour du dynamique duo là où tout à commencé c’est-à-dire le Royaume de la Forêt… Fatalement cela consomme beaucoup de pages, qui auraient pu être consacrées à un niveau supplémentaire de péripéties de cape & épées… Quelque part, c’est un peu dommage.
Sinon, c’est reparti pour un
Agatha Christie fantasy : qui est l’assassin ?
- le puissant et insondable Magus (oui, on t’a reconnu Hugo Drax de
Moonraker ^^)

- Sélénia Prestepied la fée nymphomane
- Allen Chance, le fils de l’ancien Champion
- Robert Hawke, le démocrate dépressif
- Vivian Hellstrom le capitaine de la garde, qui après une vie passée en guerrier est rattrapé par son héritage de sorcier
- Tiffany, la sorcière wicca de la Sororité des Sœurs de Lune, trop maline et trop sexy pour être honnête
- le Shaman, révolutionnaire masqué, et son compagnon démoniaque surnommé la Créature
- Félicité, strong independant woman devenue reine, et Cally sa très efficace garde du corps
- le Duc Alric de Bas-Côteaux qui compte bien réunifier le pays à son seul profit
- Or, Argent et Cuivre qui ne désespèrent d’abaisser la monarchie à leur profit
- le monstre des douves, la Dame du Lac ou le Sénéchal ?
Avec une cour déchirée entre Cavaliers, Têtes-Rondes et Républicains, on pourrait croire qu’on est passé de la dynastie Tudor à la Dynastie Stuart, mais c’est plus subtil que cela…
- il y a des clins d’œil à la tourmente de notre bonne vieille Révolution Française
- il y a un côté très XIXe siècle dans les oppositions entre conservateurs et libéraux, et entre réformistes et révolutionnaires
- il y a un côté très post WWI, avec tous ces morts hantant les vivants blessés, mutilés et handicapés, tant physiquement que psychologiquement, qui finissent par peiner à croire qu’avant la Guerre des Démons il y eut de belles années (héritage
Howard)
- il y a un côté très post WWII, avec tous ces planqués ploutocratiques qui appellent de leurs vœux une nouvelle guerre pour retrouver le temps béni de l’Union Sacrée où tout le peuple trimait sans rechigner… (héritage
Moorcock)
Malgré les interrogatoires, l’enquête n’avance pas d’un pouce quand déboule dans ce gros bordel Jérémie Hadès la Colère de Dieu sur Terre, détournement à peine déguisé du Solomon Kane de
R.E Howard… MDR !!!

Ce dernier annonce à notre héros et à notre héroïne qu’ils ont un rôle à jouer dans la mission que Dieu lui a confié : pénétrer dans la Cathédrale Inversée qui est réapparue au centre du Château de la Forêt pour vaincre le mal qui y est terré… C’est rejoint par le Sénéchal qu’ils partent pour une bonne vieille exploration de donjon mais… mais… it’s bigger on the inside !!! MDR
ACHTUNG SPOILERS !
Dans la salle du trône la loyauté de chacun des protagonistes du drame est mise à rude épreuve car les coups d’Etat se succèdent de manière frénétique entre trahisons prévues ou imprévues et improbables alliances de circonstances… Pendant ce temps, nos quêteurs font route vers les tréfonds des enfers : je m’attendais vraiment à quelque chose de bien dark fantasy, genre le jeu vidéo
Diablo… Oui mais non, nous sommes bien dans un autre genre de dark fantasy puisque l’Homme Ardent soumet nos héros à toutes les tentations possibles et imaginables : il s’agit d’une quête spirituelle, genre
Excalibur de
John Boorman, et nos héros sont comme Perceval à la recherche du Graal !Les Êtres fluctuants veulent corrompre tout ce qui pur pour briser la frontière entre les dimensions, et en tuant Hawk & Fisher ils espèrent déferler sur le monde… Le Magus qui les a trahit veut que notre héros et notre héroïne se tuent l’un l’autre pour fermer la porte entre les dimensions… Se dirige-t-on vers un émule de la cultissime scène l’Eclipse du
Berserk de
Kentaro Miura ?

Non, au fond de la Boîte de Pandore il y a toujours l’espoir et au cœur des ténèbres un homme qui perdu foi en Dieu mais qui a regagné foi en l’Homme permet à deux êtres qui ont retrouvé foi en eux-mêmes de vaincre les forces des ténèbres : pour tout sauver, il faut parfois tout détruire… FIAT LUX !
Ce roman a été écrit 11 années après
La Lune bleue, et malgré un épilogue largement plus optimiste que celui de
La Lune Blue les cicatrices laissées par cette connasse de Margaret Thatcher, sorcière des forces obscures de la crevardise, restent quand mêmes vivaces…

J’irai plus loin car après la décapitation de la ploutocratie corrompue de Haven, le coup d’Etat démocratique de Rougemont et les réformes progressistes du royaume réunifié du Royaume de la Forêt et de Bas-Côteaux, l’univers créé par
Simon R. Green est en passe de s’émanciper des forces obscures de la crevardise ! JUSTICE FOREVER !!!
