Of course!
Une petite "histoire de rat" parmi celles qui ont jalonné ma vie !
Scuzez le style cm2 ! je raconte comme je me souviens!
Eté 1961, ma famille a du retourner vivre dans la "zone" de Gentilly
Pas la déchéance totale :le secteur est mieux placé!
la Bièvre, en face , est canalisée au fond d'un ravin bordé d'une véritable jungle pour mes 5 ans et demi ! C'est ma première journée .
Les rats sont toujours là! Il fait chaud et il y a trop de lumière dans la rue déserte . Je suis assise devant la porte fermée de la maison. 10 cm suffisent à mes fesses cagneuses!
Nicolas, un grand d'au moins 8 ans, se plante devant moi - son ombre comme dans "il était une fois dans l'ouest" sauf que c'est la banlieue sud!
Mais c'est un rital ! la rue est son territoire !
Il me jauge en un instant et m'arrache mon goûter .
Je sais qu'il va revenir. Ma mère me fout dehors, comme d'habitude. je reprend exactement ma place avec une gourde en plastique granuleux.- dedans c'est vert -cru des sirops de menthe à l'époque. Je porte le goulot à ma bouche, Nicolas est déjà là qui me l'arrache encore pour se précipiter de boire !
Et il s'étrangle et crache et pleure en dégoulinant de produit de ménage !
Heureusement, il n'y a eu aucun témoin de sa rencontre avec une "machiavelle" de 5 ans!
J'ai peur.Je ne me montre que dans la soirée, quand les adultes sont là.
Va jouer avec les autres! -les Autres n'osent pas me rembarrer devant les parents. Honneur inexplicable pour Eux, Nicolas daigne me parler : si tu veux être avec nous, faut jurer le secret! Demain, à 2 heures-
Nicolas est près du mur, les Autres en demi-cercle, pas très près !
Il finit de pousser une énorme pierre en la faisant tourner : il n'arrive pas à la soulever mais son prestige n'en faiblit pas car, en dessous, il y a un énorme rat gris écrasé! pour mes yeux, il fait 60 cm sans la queue , sa bouche est entrouverte et sanguinolente-je refuse de voir ses yeux : la zone est floue dans ma mémoire, le reste est incroyablement net- figé!
Le cercle des Autres se resserre autour de moi! frémissant d'exitation!
Nicolas, maintenant invisible, scande: touche-le! si tu veux être avec nous, touche-le! je ne vois pas ma main, je ne sens pas le contact, seulement un zoom sur le pelage gris!