
Cedric Ferrand collabore à des jeux de roles (Nightprolwer Vermine...), est un français vivant à Montréal, est l'un des corbac de Huginn et Muninn...
Avec Wastburg, on s'engage dans ce genre mis au goût du jour par -entre autre- Jaworski, qui est la "crapule fantasy" : c'est crade, c'est boueux, c'est violent, vu au travers de personnages peu recommandables en général et de basse extraction en particulier. Le langage est fleuri, du genre pissenlit, et le récit savoureux, comme un fond de mauvaise gnôle éventé.
On nous présente beaucoup de personnages, certains fort savoureux, mais qui hélas ne sont pas présent très longtemps, le récit s'évertuant à nous conter des scènes qui n'ont pas forcément beaucoup de rapports entre elles, si ce n'est un fil rouge, une intrigue qui se déroule en trame de fond. En fait, le personnage est Wastburg, la ville ou se déroule le récit.
Wastburg, une cité acculée entre deux royaumes, comme un bout de bidoche solidement coincé entre deux chicots douteux. Une gloire fanée qui attend un retour de printemps qui ne viendra jamais. Dans ses rues crapoteuses, les membres de la Garde battent le pavé. Simple gardoche en train de coincer la bulle, prévôt faisant la tournée des grands ducs à l’œil ou bien échevin embourbé dans les politicailleries, la loi leur colle aux doigts comme une confiture tenace. La Garde finit toujours par mettre le groin dans tous les coups foireux de la cité. Et justement, quelqu'un à Wastburg est en train de tricoter un joli tracassin taillé sur mesure. Et toute la ville attend en se demandant au nez de qui ça va péter.
Roman à facettes, Wastburg propose une vue en coupe d'une cité médiévale macérant dans une fantasy crépusculaire où la morale et la magie ont foutu le camp. C'est comme si San-Antonio visitait Lankhmar. Après La Voie du cygne de Laurent Kloetzer et Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski, se dessine une véritable école de la « crapule fantasy ».
Cédric Ferrand fait vivre des univers de jeu de rôles (Sovok, Brumaire, Vermine, Nightprowler...), écrit des nouvelles et lit tout ce qui lui passe sous la main. Il vit désormais à Montréal, dans la plus complète schizophrénie linguistique et culturelle.
Bref, pour le moment j'aime beaucoup : il y a du style, une ambiance, une crédibilité pleine de crasse. Deux défauts : comme je l'ai dit plus haut, les protagonistes ont tous un beau potentiel, on peut s'y intéresser, mais n'apparaissent généralement pas assez longtemps pour-vraiment s'y attacher. Et il y a quelques soucis à la relecture qui ont fait passer quelques coquilles, mais rien de méchant.