
Résumé du tome 1 : Les Furies de Calderon
Le sort du royaume repose sur les épaules d'un garçon qui n'a aucun pouvoir...
Depuis mille ans, les habitants d'Aléra repoussent les peuplades sanguinaires qui rançonnent le monde en usant de leur relation particulière avec les furies — les forces élémentaires de la terre, de l'air, du feu, de l'eau, du bois et du métal. Mais dans la lointaine vallée de Calderon, Tavi ne maîtrise encore aucun élément, à son grand désespoir. À quinze ans, il n'a toujours pas de furie du vent pour l'aider à voler, ou de furie du feu pour allumer ses lampes.
Pourtant, lorsque les féroces Marats font leur retour dans la vallée, le courage et l'ingéniosité de Tavi vont se révéler une force bien plus cruciale que n'importe quelle furie. Une force qui pourrait lui permettre d'altérer le cours de la guerre...
Jim Butcher nous offre un livre très dense et très rempli et non pas le sempiternel « tome d’introduction ».
Après une entrée en matière médiocre composée uniquement de dialogues qui balancent le worldbuilding, le magicbuilding, les personnages et l’intrigue, cela ne s’arrête jamais : de l’action, de l’action et encore de l’action !
Un vrai actionner, mieux encore un vrai page-turner car les pages puis les chapitres défilent très vite.
Et si l’intrigue est assez linéaire on retrouve bien le plaisir de la ligne droite des bons vieux pulps : on alterne péripéties et menaces mortelles durant 500 pages (cavales, traques, conspirations, trahisons, bastons…)

Aucune trace du tirage à la ligne cher à certains auteurs, ici on a un roman avec 0% de gras littéraire.
Des naïvetés, des facilités, des suspensions d’incrédulité et des trucs mal fagotés certes, mais l’ensemble est bien troussé et au final rien ne tire le roman vers le bas (mais c’est dommage de ne pas atteindre le haut).
Niveau worlbuilding malgré l’habillage antiquisant, on est plus près de La Charge des tuniques bleues que de La Dernière Légion.

Du coup pourquoi vouloir faire du peplum alors que cela respire le bon vieux western ?
Je vois la parenté avec Goodkind dont les éléments western apportaient une plus-value à L’Épée de vérité.
Franchement ? La frontière, les exploitations, les pionniers, la garnison fortifiée, la nature sauvage, la menace indigène…
Quant aux Marats : ils sont jugés barbares, ils sont proches de la nature, ils ont des animaux totems, ils sont divisés en clans rivaux, ils ont un sens de l’honneur bien particulier basé sur les épreuves de courage, ils scalpent les ennemis vaincus au combat… On aura facilement reconnu les peaux-rouges de western !
D’ailleurs pourquoi les auteurs américains s’acharnent à faire des méd-fan moyens voire creux alors qu’ils ont toutes les cartes en main pour marier western et fantasy ? Mais tout le monde ne peut pas être aussi innovant et aussi talentueux qu’un R. E. Howard (s’il est décédé en 1936, son œuvre est toujours est d’actualité).
Niveau magic building on pioche dans un esprit comics / animes de bon aloi (Mera de DC est-elle aquafèvre ?).
On repend l’idée classique de l’univers ou tout le monde est doté de pouvoirs héréditaires.
On reprend l’idée déjà usitée du héros dépourvu de pouvoirs alors que tout le monde en a un.
Peu importe ces concepts sont très cool.
Je ne sais pas si les furies tiennent plus des familiers de La Croisée des mondes ou des créatures de Pokémon.
Peu importe le concept est très cool.
Je ne sais pas si la furiefèvrerie lorgne largement sur les maîtrises élémentaires de l’anime Avatar.
Peu importe le concept est très cool.

On sent l’héritage bien digéré de la Fantasy classique des années 80 (les archétypes issus du triumvirat Brooks, Eddings, Feist) associé à une très fluide écriture télévisuelle et un esprit comics/animes très fun et très plaisant.
Ainsi Bernard, Isana, Amara et Tavi le gros boulet naïf gentil tout plein pourraient être les dignes héritiers de Belgarath, Polgara, Ce’Nedra et Garion le gros boulet naïf tout plein.
Le vieux routard se doute très rapidement que l’orphelin adolescent est issu d’une noble lignée… sifflote
(D’autant qu’à aucun moment du roman on n’évoque l’identité de ses parents : c’en est presque douteux !)
Ce qui est bien vu aussi c’est qu’on laisse de côté le manichéisme : Doroga, Hashat et Kitaï ne sont pas de vilains barbares sanguinaires, et les membres de la Confrérie des mauvais furiefèvres ont chacun leurs propres raisons d’agir comme ils le font…

Au rayon des trucs qui vont un tiquer quand même :
- des naïvetés :
les super espions qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez…
Isana quasi télépathe qui ne voit jamais les problèmes arriver…
- des facilités
finalement il sert à quoi Tavi le gros boulet naïf gentil tout plein ? à passer par la case héros ado orphelin ???
rien d’enquiquinant pour un easy reader, mais le récit aurait pu se passer de lui… je crois qu’on y aurait gagné
les supervilains prétentieux tirés des comics, le rôle de Doroga, whodunits & révélations… sont un peu forcés
- des suspensions d’incrédulité
Le Premier Duc qui confie une mission d’importance à une super espionne adolescente naïve…
l’alternance moments fleurs bleues avec Tavi / Amara et passages BDSM à la Goodkind avec Isana / Odiana
- des trucs mal fagotés
les intrigues villageoises ne sont ni très bien explicitées ni très bien raccordées à l’ensemble
la grosse baston finale n'est pas super lisible faute de vision d’ensemble
Il existe une vraie mouvance dans la fantasy américaine avec Sanderson, Weeks, Butcher et quelques autres.
Ils s’inspirent des classiques de la culture populaire pour écrire des romans populaires qui séduisent un large public (enfin dans le monde, parce qu’en France on lit peu en général et la SFFF est très mal vue en particulier).
Mais pour rester dans le fandom franco-français, je ne vois pas pourquoi on devrait mettre Sanderson sur un piédestal pour mieux dénigrer les autres alors qu’ils ont la même démarche voire le même imaginaire…
Bref, de la bonne lecture loisir qui fait du bien par où cela passe, l’équivalent littéraire d’un feel-good movie : vivement la suite ?
PS: il y a aussi des liens entre le Tavi de Jim Butcher du Missouri et le Jack Bird du Mark Sumner du Missouri