Choisir son mode d'édition
Posté : 16 sept. 2015, 08:27
Le monde de l'édition peut sembler complexe à première vue et difficile à appréhender pour un jeune auteur qui veut faire publier son livre. Différentes structures et contrats existent (avec parfois des pièges qu'il vaut mieux éviter).
Les maisons d'édition classiques :
La plupart des livres que vous avez lus ont été édités par des maisons d'édition qui proposent des contrats à compte d'éditeur. Concrètement, cela signifie que l'auteur n'a rien à payer et que la maison d'édition va tout prendre en charge (les corrections dans le texte, la mise en page, l'impression, la livraison du livre auprès des libraires, etc.). Ça veut aussi dire qu'après avoir écrit son texte et travaillé avec l'éditeur sur les corrections et réécriture, l'auteur n'a plus qu'à s'installer les doigts de pied en éventail. Le reste de la fabrication et surtout de la promotion du livre va se faire tout seul. Bon, techniquement, ça n'est pas tout à fait exact. L'auteur va devoir assurer une partie promotion du livre (dédicaces, participations à des salons, interviews, etc.) mais pas démarcher les libraires un à un pour qu'ils mettent un de ses livres en vente.
Comme les maisons d'édition ne vivent pas d'amour de la littérature et d'eau fraîche, elles vont financer tout ça sur le prix de vente du livre. Grosso modo, le prix du livre physique peut se découper en tranches : 10 % pour l'auteur, 20 % pour l'éditeur, 20 % pour l'imprimeur, 10 % pour la diffusion (donner envie aux libraires de commander le livre pour le mettre en vente dans leur magasin), 10 % pour la distribution (la logistique) et 30 % pour la librairie (ou autre vendeur du livre).
Face à ces frais, une maison d'édition ne va donc sélectionner que des textes auxquels elle croit et/ou qu'elle est sûre de vendre. Conséquence, la sélection des textes va être drastique. Chaque maison d'édition reçoit une quantité ahurissante de manuscrits et, sur cette masse, une quantité infime va être éditée. Les délais de réponse sont aussi souvent très longs.
Du coup, elles sont faciles à identifier : elles ne réclament pas de manuscrits et parfois les soumissions sont même suspendus.
Avantages : L'auteur ne paye rien de sa poche et ne perd pas une énergie folle à démarcher libraires et autres pour la vente de son livre. Son texte va être corrigé par des professionnels. Si l'éditeur fait bien son travail, l' objet livre sera soigné. Et surtout, son livre intégrera le circuit classique de la vente des livres et pourra aller partout où se trouve son public potentiel (librairies, bibliothèques, …).
Désavantages : Beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Les lettres types de refus sont vraiment barbantes (par contre, un refus un peu argumenté est une aubaine formidable pour s'améliorer).
Les plate-formes d'auto-édition :
Sur Internet, des plate-formes proposent d'éditer son livre en format numérique ou en impression à la demande. Comment les distinguer d'une maison d'édition classique ? Elles vont répondre assez rapidement et accepter le texte (sauf s'il tombe sous le coup de la loi : plagiat, racisme, diffamation, etc.). Globalement, elles vont assurer la fabrication du livre et un service minimum gratuit. Sauf s'il souscrit à des options payantes auxquelles il faut être vigilant, l'auteur ne va rien mettre de sa poche. En revanche, son texte ne sera pas amélioré s'il a besoin de l'être (orthographe, répétitions, etc.)
Le revers de la médaille ? L'auteur va devoir assurer tout seul la promotion de son livre. Cela signifie créer un site Internet, aller voir librairie après librairie pour les convaincre de mettre le fameux livre dans leurs rayons. Or, la plupart des libraires seront très réticents à accepter un livre venant d'une de ces plate-formes. Pourquoi ? À cause du circuit du livre actuellement en place et de ce qu'on appelle l'office-retour. Quand un libraire reçoit un livre d'une maison d'édition classique, il va l'acheter à la maison d'édition et le payer plus tard. Cela lui laisse un laps de temps pour le vendre. S'il ne le vend pas, il peut le renvoyer à la maison d'édition qui lui fait un avoir (je schématise) pour commander un autre livre à la place qui, lui, sera peut-être vendu.
Avec une plate-forme d'auto-édition, le libraire va acheter le livre une fois pour toutes et, même s'il ne le vend pas, il ne pourra pas le renvoyer à la plate-forme. Sachant que les librairies sont victimes de ce qu'on appelle la surproduction éditoriale (en gros, les éditeurs publient et leur envoient beaucoup trop de livres), qu'ils fonctionnent en flux tendu et que leurs finances sont fragiles. Ils hésiteront donc à prendre le risque (sauf s'ils sont amis avec l'auteur ou qu'ils croient vraiment au livre en question).
Avantages : Si l'auteur fait attention à son contrat (et aux fameuses options), cela peut ne rien lui coûter. Si on veut juste avoir son livre imprimé sans se ruiner, ça peut être un choix tout à fait valable. Quoiqu'il en soit, il faut bien lire son contrat avant de le signer (et si on est pas juriste, le faire lire à quelqu'un qui s'y connaît d'avantage).
Désavantages : L'auteur va passer un temps fou à faire la promotion de son livre s'il veut le vendre en dehors de son entourage. Son texte ne sera pas amélioré s'il a besoin de l'être. Son livre ne sera pas disponible dans le circuit classique du livre (mais commandable sur Internet). Les droits d'auteur ne sont pas forcément plus mirobolants que ceux des maisons d'éditions à compte d'éditeur. Il faut aussi que l'auteur soit conscient qu'il a peu de chances d'en vendre plus d'une centaine (des exceptions existent toujours mais mieux vaut partir du principe qu'on ne sera pas cette exception).
L'auto-édition pure et dure
L'auteur va se mettre en relation avec un imprimeur (un vrai) et tout faire de A à Z (les corrections de son livre, la maquette, la diffusion, la vente, etc.). Il va devoir acheter son stock de livres à l'imprimeur (et donc avancer l'argent pour le faire). L'ennui, c'est que la fabrication d'un livre ne s'improvise pas et que faire de la mise en page est un vrai métier (autant que des corrections). Donc soit l'auteur sait tout faire (ça peut exister), soit il engage des frais supplémentaires auprès d'un maquettiste et d'un correcteur, soit son livre aura un aspect amateur qui ne donnera pas forcément envie de l'acheter.
Avantages : L'auteur est seul maître de son stock de livres, il en fixe le prix, etc. Un libraire sera peut-être plus enclin à en mettre un ou deux exemplaires dans sa librairie si l'auteur le met en dépôt-vente (c'est-à-dire que le libraire paiera l'auteur après avoir vendu le livre et non avant) mais c'est loin d'être certain.
Désavantages : Les mêmes que pour les plate-formes. L'auteur va passer beaucoup de temps à assurer la promotion de son livre pour un résultat qui ne sera pas forcément à la hauteur de ses espérances. S'il fait appel à des prestataires extérieurs, cela peut finir par coûter assez cher, etc.
Les gros rigolos qui font croire que c'est le livre du siècle mais qu'il faut quand même payer 2000 €
Enfin, il existe des structures qui se présentent comme des maisons d'éditions et qui proposent des contrat à compte d'auteur. S'il y a une chose qu'un auteur débutant doit se mettre dans le crâne, c'est qu'une vraie maison d'édition ne demandera JAMAIS à un auteur de payer pour éditer son livre. JAMAIS.
Ces structures vont jouer sur la corde sensible des auteurs et sur leur inexpérience concernant le monde de l'édition pour leur extorquer des sommes rondelettes.
Comment les repérer ? Elles se présentent comme des maisons d'éditions, sollicitent l'envoi de manuscrits, répondent très rapidement, disent que c'est un livre exceptionnel et demandent ensuite de payer. C'est là qu'il faut savoir dire stop et ne pas hésiter à demander conseil dans son entourage et/ou sur des forums de jeunes écrivains sur Internet.
Avantages : Aucun.
Désavantages : Une promotion à la charge de l'auteur, auteur qui a engagé beaucoup de frais et perdu beaucoup d'illusions pour un résultat franchement médiocre.
Conclusion : si son texte a été refusé par toutes les maisons d'éditions à compte d'éditeur et qu'on veut absolument le voir publié en petite quantité il vaut mieux se tourner vers les plate-formes d'impression à la demande. À condition de faire bien attention au contrat qu'on va signer et aux options demandées.
Les maisons d'édition classiques :
La plupart des livres que vous avez lus ont été édités par des maisons d'édition qui proposent des contrats à compte d'éditeur. Concrètement, cela signifie que l'auteur n'a rien à payer et que la maison d'édition va tout prendre en charge (les corrections dans le texte, la mise en page, l'impression, la livraison du livre auprès des libraires, etc.). Ça veut aussi dire qu'après avoir écrit son texte et travaillé avec l'éditeur sur les corrections et réécriture, l'auteur n'a plus qu'à s'installer les doigts de pied en éventail. Le reste de la fabrication et surtout de la promotion du livre va se faire tout seul. Bon, techniquement, ça n'est pas tout à fait exact. L'auteur va devoir assurer une partie promotion du livre (dédicaces, participations à des salons, interviews, etc.) mais pas démarcher les libraires un à un pour qu'ils mettent un de ses livres en vente.
Comme les maisons d'édition ne vivent pas d'amour de la littérature et d'eau fraîche, elles vont financer tout ça sur le prix de vente du livre. Grosso modo, le prix du livre physique peut se découper en tranches : 10 % pour l'auteur, 20 % pour l'éditeur, 20 % pour l'imprimeur, 10 % pour la diffusion (donner envie aux libraires de commander le livre pour le mettre en vente dans leur magasin), 10 % pour la distribution (la logistique) et 30 % pour la librairie (ou autre vendeur du livre).
Face à ces frais, une maison d'édition ne va donc sélectionner que des textes auxquels elle croit et/ou qu'elle est sûre de vendre. Conséquence, la sélection des textes va être drastique. Chaque maison d'édition reçoit une quantité ahurissante de manuscrits et, sur cette masse, une quantité infime va être éditée. Les délais de réponse sont aussi souvent très longs.
Du coup, elles sont faciles à identifier : elles ne réclament pas de manuscrits et parfois les soumissions sont même suspendus.
Avantages : L'auteur ne paye rien de sa poche et ne perd pas une énergie folle à démarcher libraires et autres pour la vente de son livre. Son texte va être corrigé par des professionnels. Si l'éditeur fait bien son travail, l' objet livre sera soigné. Et surtout, son livre intégrera le circuit classique de la vente des livres et pourra aller partout où se trouve son public potentiel (librairies, bibliothèques, …).
Désavantages : Beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Les lettres types de refus sont vraiment barbantes (par contre, un refus un peu argumenté est une aubaine formidable pour s'améliorer).
Les plate-formes d'auto-édition :
Sur Internet, des plate-formes proposent d'éditer son livre en format numérique ou en impression à la demande. Comment les distinguer d'une maison d'édition classique ? Elles vont répondre assez rapidement et accepter le texte (sauf s'il tombe sous le coup de la loi : plagiat, racisme, diffamation, etc.). Globalement, elles vont assurer la fabrication du livre et un service minimum gratuit. Sauf s'il souscrit à des options payantes auxquelles il faut être vigilant, l'auteur ne va rien mettre de sa poche. En revanche, son texte ne sera pas amélioré s'il a besoin de l'être (orthographe, répétitions, etc.)
Le revers de la médaille ? L'auteur va devoir assurer tout seul la promotion de son livre. Cela signifie créer un site Internet, aller voir librairie après librairie pour les convaincre de mettre le fameux livre dans leurs rayons. Or, la plupart des libraires seront très réticents à accepter un livre venant d'une de ces plate-formes. Pourquoi ? À cause du circuit du livre actuellement en place et de ce qu'on appelle l'office-retour. Quand un libraire reçoit un livre d'une maison d'édition classique, il va l'acheter à la maison d'édition et le payer plus tard. Cela lui laisse un laps de temps pour le vendre. S'il ne le vend pas, il peut le renvoyer à la maison d'édition qui lui fait un avoir (je schématise) pour commander un autre livre à la place qui, lui, sera peut-être vendu.
Avec une plate-forme d'auto-édition, le libraire va acheter le livre une fois pour toutes et, même s'il ne le vend pas, il ne pourra pas le renvoyer à la plate-forme. Sachant que les librairies sont victimes de ce qu'on appelle la surproduction éditoriale (en gros, les éditeurs publient et leur envoient beaucoup trop de livres), qu'ils fonctionnent en flux tendu et que leurs finances sont fragiles. Ils hésiteront donc à prendre le risque (sauf s'ils sont amis avec l'auteur ou qu'ils croient vraiment au livre en question).
Avantages : Si l'auteur fait attention à son contrat (et aux fameuses options), cela peut ne rien lui coûter. Si on veut juste avoir son livre imprimé sans se ruiner, ça peut être un choix tout à fait valable. Quoiqu'il en soit, il faut bien lire son contrat avant de le signer (et si on est pas juriste, le faire lire à quelqu'un qui s'y connaît d'avantage).
Désavantages : L'auteur va passer un temps fou à faire la promotion de son livre s'il veut le vendre en dehors de son entourage. Son texte ne sera pas amélioré s'il a besoin de l'être. Son livre ne sera pas disponible dans le circuit classique du livre (mais commandable sur Internet). Les droits d'auteur ne sont pas forcément plus mirobolants que ceux des maisons d'éditions à compte d'éditeur. Il faut aussi que l'auteur soit conscient qu'il a peu de chances d'en vendre plus d'une centaine (des exceptions existent toujours mais mieux vaut partir du principe qu'on ne sera pas cette exception).
L'auto-édition pure et dure
L'auteur va se mettre en relation avec un imprimeur (un vrai) et tout faire de A à Z (les corrections de son livre, la maquette, la diffusion, la vente, etc.). Il va devoir acheter son stock de livres à l'imprimeur (et donc avancer l'argent pour le faire). L'ennui, c'est que la fabrication d'un livre ne s'improvise pas et que faire de la mise en page est un vrai métier (autant que des corrections). Donc soit l'auteur sait tout faire (ça peut exister), soit il engage des frais supplémentaires auprès d'un maquettiste et d'un correcteur, soit son livre aura un aspect amateur qui ne donnera pas forcément envie de l'acheter.
Avantages : L'auteur est seul maître de son stock de livres, il en fixe le prix, etc. Un libraire sera peut-être plus enclin à en mettre un ou deux exemplaires dans sa librairie si l'auteur le met en dépôt-vente (c'est-à-dire que le libraire paiera l'auteur après avoir vendu le livre et non avant) mais c'est loin d'être certain.
Désavantages : Les mêmes que pour les plate-formes. L'auteur va passer beaucoup de temps à assurer la promotion de son livre pour un résultat qui ne sera pas forcément à la hauteur de ses espérances. S'il fait appel à des prestataires extérieurs, cela peut finir par coûter assez cher, etc.
Les gros rigolos qui font croire que c'est le livre du siècle mais qu'il faut quand même payer 2000 €
Enfin, il existe des structures qui se présentent comme des maisons d'éditions et qui proposent des contrat à compte d'auteur. S'il y a une chose qu'un auteur débutant doit se mettre dans le crâne, c'est qu'une vraie maison d'édition ne demandera JAMAIS à un auteur de payer pour éditer son livre. JAMAIS.
Ces structures vont jouer sur la corde sensible des auteurs et sur leur inexpérience concernant le monde de l'édition pour leur extorquer des sommes rondelettes.
Comment les repérer ? Elles se présentent comme des maisons d'éditions, sollicitent l'envoi de manuscrits, répondent très rapidement, disent que c'est un livre exceptionnel et demandent ensuite de payer. C'est là qu'il faut savoir dire stop et ne pas hésiter à demander conseil dans son entourage et/ou sur des forums de jeunes écrivains sur Internet.
Avantages : Aucun.
Désavantages : Une promotion à la charge de l'auteur, auteur qui a engagé beaucoup de frais et perdu beaucoup d'illusions pour un résultat franchement médiocre.
Conclusion : si son texte a été refusé par toutes les maisons d'éditions à compte d'éditeur et qu'on veut absolument le voir publié en petite quantité il vaut mieux se tourner vers les plate-formes d'impression à la demande. À condition de faire bien attention au contrat qu'on va signer et aux options demandées.