Résumé :
Juin 1940. La France est en guerre depuis dix mois, et vient de s'en apercevoir. Après moins d une semaine de Blitzkrieg, les Nazis sont aux portes de Paris. Depuis 1939, la Banque de France, anticipant sans doute une brillante victoire de l'armée nationale, a prudemment évacué l'intégralité de ses réserves d or loin de la capitale. À Paris, tous les coffres sont vides... Ou presque. Deux tonnes d'or ont été oubliées dans une chambre forte de Saint-Ouen. Deux tonnes qu un fourgon blindé doit transférer en urgence de Paris à Bordeaux. Sauf que Franck Propp et Ange Sambionetti ont un autre plan pour la tirelire.
Deux tonnes d or sur les routes, au milieu du bordel ambiant, un complice dans le fourgon, deux autres dehors avec eux. C'est parti ! À eux cinq, ils vont braquer la Banque de France.
En 1970, l’américain
Brian G. Hutton et l’anglais
Troy Kennedy-Martin sortaient le film
Kelly’s Heroes / De l’Or pour les braves, où à la fin de Seconde Guerre Mondiale une troupe de bras-cassés anti système allait au-delà de la ligne de front réaliser un casse d’anthologie. En 1995, le français
Pierre Siniac sortait le roman
L’Or des fous / Sous l’Aile noire des rapaces, où au début de la Seconde Guerre Mondiale une troupe de bras-cassés anti système tentait en pleine débâcle une casse d’anthologie… En 2015, les français
Xavier Dorison et
Fabien Nury s’inspirent des uns et de l’autre pour nous offrir en bande dessinée Comment faire fortune en juin 1940 ! J’ai adoré…
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https://www.youtube.com/watch?v=1U2EmgE9UI0[/video]
Renseignée par Labeyrie, tire-au-flanc de la Banque de France, une fine équipe se met en place pour braquer le convoi transportant en lieu sûr les 2 tonnes d’or oubliées à Paris par les gratte-papiers de la haute finance. Frank Propp, un boxeur looser, Sambionetti, un mafieux corse, Kurtz, un camionneur allemand voulant échapper à la folie nazie, et Ninon, une strong independant woman aux doigts de fée tant pour le crochetage que pour les explosifs, sont partis pour une folle aventure qui sent bon les films anti système des années 1970 (remember
Le Bon, la Brute et le Truand ! blink^^)
Car nous sommes en juin 1940, la Drôle de Guerre a accouché de la débâcle à cause de l’incurie caractérisée des élites tant politiques que militaires qui se sont foirées sur toute la ligne durant au moins une décennie (perso, moi je pense qu’elles se foirent depuis toujours donc qu’elles ne méritent pas leur qualificatif d’élites)… Difficile de planifier quoi que se soit avec presque un quart de la population sur les routes pour échapper à l’envahisseur allemand, qui lui aussi lorgne sur le magot !
On tire à boulet rouges sur tout ce qui bouge avec des dialogues qui sentent bon
Audiard,
Verneuil,
Lautner,
Aldrich et
Leone ! Les ploutocrates soutiennent une guerre tout en planquant leur magot à l’étranger avant même le début de la guerre, ceux qui manifestent le plus explicitement leur patriotisme sont des traîtres (oui je te vois Chabert ! ^^), ceux qui se prétendent être de vertueux serviteurs de l’Etat ne pensent qu’à leurs petits intérêts personnels et les bien-pensants qui fustigent le manque de nationalisme de la populace déroulent le tapis rouge au IIIe Reich… Nous sommes donc dans un œuvre populares où la haute société ne sert tellement à rien pour rester poli que seuls les personnages underground peuvent être porteur de valeurs dignes de ce nom (et tous les personnages de cette bande dessinée s’inscrivent dans cette belle tradition avec une fin à
Buch Cassidy et le Kid et un épilogue à la
Le Jour le plus le long !) C’est tellement bon que j’en oublie que je ne suis pas fan des dessins de
Laurent Astier assisté aux couleurs de
Laurence Croix ! Et pour ne rien gâcher le livre-objet édité par Casterman est soigné et nous offre 120 pages de qualité !!!
Tout cela aurait fait un film du tonnerre, et d’ailleurs au départ c’était destiné à l’être puisqu’il s’agissait d’un scénario pour le projet cinématographique intitulé
Omaha Beach. Mais on est en France, ce pays qui se dit cultivé mais qui comparé aux autre pays développés n’est pas loin d’être illettré… L’histoire est trop accessible pour les bobos intellos et trop intelligente pour vendre du temps de cerveau disponible pour les classes travailleuses donc aucun espoir de voir cela en salles un jour. La bande dessinée française ne se porte pas trop mal grâce aux nombreux transfuges du ciné et de la télé barrés par tous ces nababs qui pondent bouse après bouse dont se gargarise l’establishment culturel français isolé dans tour d’ivoire. VDM ou MDM ?