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http://www.yozone.fr/spip.php?article10809Annales de la Compagnie Noire (Les) – T.8 & 9 : Elle est les Ténèbres
Glen Cook
J’Ai Lu, Fantasy, roman traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 318 & 416 pages, mars & juillet 2009, 7€ & 8€
Toubib et Madame ne sont finalement pas morts, ils ont réintégré leur place au sein de la Compagnie Noire qui a survécu au siège de Dejagore. Sous l’impulsion de Toubib, elle quitte Taglios et se dirige vers le Sud, en direction du Khatovar.
Sur leur route se dresse la citadelle d’Ombrelongue, le dernier Maître d’Ombres. La puissante forteresse et les alliés d’Ombrelongue : Mogaba et Lame, les deux traîtres, Hurleur et le chef des Félons, apparaissent comme des obstacles insurmontables.
Mais Toubib a un plan et Madame recouvre ses pouvoirs. De plus, l’esprit de Fumée, un sorcier dans le coma, leur permet d’espionner leurs ennemis. À ce jeu, Murgen est passé maître.
Après « Saisons Funestes », « Elle est les Ténèbres » poursuit les aventures de la Compagnie Noire sur le chemin du Khatovar. Toubib est obsédé par cette recherche des origines. Pourtant, aucun des survivants de la compagnie ne connaît ce lieu mythique, alors après quoi courent-ils ? La vérité, aussi horrible soit-elle…
Dans la compagnie, on se contente d’obéir aux ordres, même si leur finalité peut paraître douteuse. En général, Murgen, une des sources principales d’information du capitaine, n’est pas plus dans la confidence qu’un homme de troupe lambda. La réussite d’un plan repose souvent sur le secret.
Comme l’histoire est racontée du point de vue de Murgen, le lecteur est donc pris tout autant au dépourvu que lui à chaque surprise de Toubib.
Il est amusant de voir Toubib critiquer le travail d’annaliste de Murgen, son successeur. Il lui reproche notamment de trop s’étaler sur les évènements, de trop mettre en avant sa petite personne. Tout à fait les remarques nous venant à l’esprit, car les premiers affrontements entre la compagnie et les forces d’Ombrelongue sont sanglants, avant que le siège de Belvédère ne s’enlise et que Murgen ne s’étende sur sa condition.
Glen Cook combine habilement l’horreur des combats à l’attente. Il dédramatise la situation avec les magouilles du sorcier Qu’un-Œil, toujours à la recherche de quelque chose à distiller ou d’un coup foireux à tendre à son comparse Gobelin. « Saisons Funestes » a aussi été l’occasion d’adjoindre à chaque membre de la compagnie présent à Dejagore un garde du corps Nyueng Bao. Qui sont-ils vraiment ? Quel est leur intérêt ? D’autant qu’ils en savent plus qu’ils ne veulent l’avouer. Leur présence, toute énigmatique soit-elle, offre un piment supplémentaire à ce roman.
De plus, les Asservis de la première heure ne sont jamais vraiment morts, certains continuent de rôder et de fomenter la perte de Toubib et de ses hommes. La fin n’est d’ailleurs pas à leur bénéfice et nous laisse songeur quant à la suite.
« Elle est les Ténèbres » dépasse les 700 pages ; la faute à Murgen trop bavard ou à Glen Cook s’amusant à malmener sa création ? Murgen n’est pas forcément un esthète de l’écriture, ses tournures relèvent surtout du langage parlé et ses phrases ne sont pas polies à l’extrême pour que la lecture n’accroche jamais. Bref, ça sonne juste, ressemble à du vécu.
Rien que cet aspect change de la majorité de la production de fantasy. La Compagnie Noire c’est l’assurance de plonger, entre horreur et humour, dans les affres de la vie d’un soldat.
La Compagnie Noire ne recule jamais, elle obéit aux ordres pour le meilleur et pour le pire. Lire ses annales revient à s’immerger dans son Histoire, apprendre à apprécier cette bande peu recommandable et c’est justement ce qui est si séduisant.
« L’Eau Dort » n’attend que de nous livrer le sort de Toubib, Madame, Murgen… Quoique Glen Cook ne soit pas à un renversement prêt.
Pour l’instant, seul le premier tome de « L’Eau Dort » est disponible en version poche chez J’Ai Lu.
Titre : Elle est les Ténèbres (She is the Darkness, 1997)
Série : Les Annales de la Compagnie Noire, tome 8 & 9
Auteur : Glen Cook
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Frank Reichert
Première édition française : L’Atalante Tome 8 & Tome 9 (2004)
Couverture : Johan Camou
Éditeur : J’Ai Lu
Collection : Fantasy
Site Internet : Tome 8 & Tome 9 (Site éditeur)
Pages : 318 & 416
Format (en cm) : 11 x 17,8 x 1,6 & 11 x 17,8 x 2,1
Dépôt légal : mars & juillet 2009
ISBN : 978-2-290-01271-0 & 978-2-290-01272-7
Prix : 7 € & 8 €
À lire également la chronique du tome 7 : « Saisons Funestes »
François Schnebelen
30 août 2010
Annales de la Compagnie Noire (Les) – T.7 : Saisons Funestes
Glen Cook
J’Ai Lu, Fantasy, roman traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 416 pages, janvier 2008, 8€
La Compagnie Noire est assiégée dans la ville de Dejagore par les troupes du sorcier Tisse-Ombre. Leur capitaine et annaliste, Toubib, est tombé au combat. Murgen l’a remplacé pour tenir les annales de la compagnie et les anciens se fient à lui pour prendre les décisions.
Mogaba, le troisième dans la hiérarchie après Toubib et Madame, tous deux disparus, s’est dispensé d’élections pour s’autoproclamer capitaine, ce qui n’est pas de tous les goûts.
Comme si le siège ne suffisait pas, la Compagnie Noire est scindée en deux camps et une lutte de pouvoir se profile…
Quand on pense à Glen Cook, il y a de grandes chances que son nom soit associé à la Compagnie Noire, célèbre troupe de mercenaires qui cherche le Khatovar, sa terre d’origine. Pourtant il est aussi l’auteur de romans de science-fiction (« Le Dragon ne Dort jamais »), d’autres romans de fantasy (« Qushmarrah, le Prix de la Liberté ») ou du personnage Garrett, détective privé (« La Belle aux Bleus d’Argent ») dans des livres mélangeant les genres.
Avec Les Annales de la Compagnie Noire et ses personnages non recommandables, il a donné un bon coup de pied à la fantasy. Ici, l’honneur est plus un défaut qu’une qualité, il n’y a pas de chevaliers, mais des hommes prêts à tout pour survivre.
« Saisons Funestes » entame la troisième série des Annales de la Compagnie Noire, celle consacrée à la Pierre Scintillante et comportant quatre volumes en langue anglaise (« Saisons Funestes », « Elle est les Ténèbres », « L’Eau Dort », « Soldats de Pierre »). Il est à noter que les trois derniers titres ont donné lieu à chaque fois à des publications françaises en deux parties.
Dans ce septième volet, l’histoire n’est plus consignée par Toubib mais par Murgen, le porte-étendard de la compagnie. De surcroît, Murgen est victime d’un sortilège, qui le ramène sans cesse au siège de Dejagore pour revivre les jours peut-être les plus sombres de la compagnie. C’est ainsi que deux périodes distinctes, séparées de plusieurs années, se côtoient de façon assez anarchique. Au début, le lecteur est même pris à partie par l’utilisation du tutoiement s’adressant à Murgen.
Malgré une impression de confusion, tout à fait conforme à l’état d’esprit de Murgen, trimballé par des forces qu’il ne maîtrise pas, on se prend vite à l’histoire et ce, d’autant plus que la Compagnie Noire nous est familière.
Pour ma part, j’ai trouvé que Les Annales de la Compagnie Noire perdaient de leur intérêt après une première trilogie flamboyante (Les Livres du Nord comportant : « La Compagnie Noire », « Le Château Noir » et « La Rose Blanche »). Mon envie de suivre ces hommes rudes s’était réduite comme peau de chagrin au fil des tomes 4, 5 et 6, Les Livres du Sud, respectivement « Jeux d’Ombres », « Rêves d’Acier » et « La Pointe d’Argent ». D’ailleurs, « Rêves d’Acier », raconté du point de vue de Madame, recouvre en partie les évènements de « Saisons Funestes ». « La Pointe d’Argent » n’était même pas consacré à la compagnie.
Avec « Saisons Funestes », Glen Cook trouve un second souffle, il revient à un point de vue plus conforme à l’esprit de la compagnie en redonnant la parole à l’annaliste.
L’auteur nous prouve de belle manière qu’il n’a pas dit son dernier mot et que cette troupe à la recherche de ses origines a encore de passionnants moments à nous faire vivre.
Même si cela paraît, à dessein, brouillon par moments, on ne peut qu’être heureux de voir ces beaux salopards de retour à de meilleures dispositions.
C’est-à-dire dans la mouise jusqu’au cou…
Les deux volumes d’« Elle est les Ténèbres » nous diront jusqu’à quel point leur cas est désespéré.
Titre : Saisons Funestes (Bleak Seasons, 1996)
Série : Les Annales de la Compagnie Noire, tome 7
Auteur : Glen Cook
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Alain Robert
Première édition française : L’Atalante (2003)
Couverture : Johan Camou
Éditeur : J’Ai Lu
Collection : Fantasy
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 416
Format (en cm) : 11x 17,8 x 2
Dépôt légal : janvier 2008
ISBN : 978-2-290-00818-8
Prix : 8 €
À lire également sur la Yozone :
- un avis (très négatif) d’Henri Bademoude sur Les Livres du Nord
François Schnebelen
26 août 2010