[Cycle] Les Lames Cosaques / Harold Lamb

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Albéric
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[Cycle] Les Lames Cosaques / Harold Lamb

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Résumé tome 1 : Le Loup des steppes
On le nomme Le Loup, le Père des Combats, l’Homme au Sabre Incurvé… Aventurier et vagabond, Khlit le Cosaque parcourt les montagnes et les déserts d’Asie en guerrier intrépide, ne répondant qu’à l’appel du sang et de l’acier. Mercenaire à la ruse légendaire, ce vétéran aux cheveux gris se défait de ses nombreux ennemis aussi bien grâce à son esprit affûté qu’au tranchant de sa célèbre épée. Toujours armé de cette lame que tous redoutent, il sillonne le monde en loup solitaire, l’oreille tendue. Car là où résonnent les trompettes de la guerre, Khlit n’est jamais loin… Doté d’une plume singulière et directe, Harold Lamb est un maître de l’aventure. Complots, batailles, épée mystérieuse… autant d’éléments qui font le génie de ce virtuose du récit.
La petite structure Callidor lance sous la direction de Thierry Fraisse la collection « Âge d’Or de la Fantasy »… Vous pensez bien que je me devais d’être de la fête ! (en attendant, l’absence des prescripteurs d’opinion se fait cruellement sentir, mais connaissant les bestiaux je n’en suis aucunement surpris…)

Sous la plume d’Harold Lamb traduite par Julie Pettonnet-Vincent, c’est entre la Russie des Riourikides et la Chine des Ming, que nous explorons la frontière entre civilisation et barbarie avec les nomades cosaques, turcs et mongols qui nous offrent moult batailles monumentales et sombres trahisons.
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Car vint Khlit le Loup, le regard sombre, l’épée au poing, aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joies, pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la Terre… (Ce vétéran de la steppe est le frère caché de Conan ou d’El-Borak (R.E. Howard), à moins qu’il ne s’agisse du père caché de Druss la Légende ou de Dakeyras dit Waylander (David Gemmell) !)


Khlit : novembre 1917
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Au milieu du Dniepr, au sein du Sietch des Cosaques Zaporogues, le vétéran Khlit et la vipère Taravitch parient toute leur fortune sur l’arrivée en fanfare ou la non-arrivée en fanfare de Menelitza le fils adoptif de Khlit. Le rusé Taravitch multiplie les fourberies, mais au final tel est pris qui croyait prendre ! Que voilà une sympathique introduction…

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La Gueule du Loup : janvier 1918
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Alors que les Cosaques sont partis en guerre contre les Polonais, les Tatars de Mira Khan en profitent pour multiplier les leurs razzias en territoire ennemi… C’est donc tout naturellement que Khlit resté au pays part à leur poursuite pour récupérer la belle Alevna pour laquelle se pâme son fils adoptif Menelitza, et grâce à l’aide du marchand juif Yemel, il monte un stratagème pour prendre à son propre jeu le Khan des Tatars de Crimée !

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Tal Taulai Khan : février 1918
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Devenu trop vieux aux yeux des siens devenus envieux de sa réputation, Khlit le Loup est poussé à la retraite dans un monastère… Mais il rompt alors avec eux en partant à l’aventure au-delà de la Mer de Sel (la Mer Capsienne) pour se porter à la rencontre du célèbre Khan des Kallmarks noirs. Il y retrouve son ennemi juré Mira Khan qui souhaite s’allier avec son homologue pour écraser les Cosaques Zaporogues... Seul, entouré d’ennemis, promis à une mort certaine, Khlit parvient à retourner la situation à son avantage en retournant les uns contres les autres ! L’Occident est sauvé mais ne saura jamais rien de celui qui l’a sauvé…

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Alamut : août 1918
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Khlit, le Cosaque serviteur du Christ, et Toctamish, le Tatar serviteur d’Allah, deviennent bon gré mal gré frères d’armes au service de la belle persane Berca qui ne vit que pour se venger d’Halen ibn Shaddah le Cheik des Refiks, Maître d’Alamut et héritier du Vieux sur la Montagne des Assassins ! Ouais, une buddy story débutant 60 ans avant les buddy movies avec un chrétien et un musulman s’en allant ensemble casser la gueule aux fascistes de DAESH !!! ^^
Tandis que la strong independant woman organise la perte de son ennemi juré, le Père des Combats cosaque doit découvrir dans un véritable panier de crabes quelle est la véritable identité dudit ennemi juré… Difficile de ne pas voir la parenté plus qu’explicite avec La Mort à Triple Lame de R.E. Howard et ses différents avatars !

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L’Invincible Guerrier : octobre 1918
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On commence comme dans une histoire de chasse au trésor et on finit comme dans Braveheart ! Mais quel gros kif !!!
Khlit s’associe au marchand Mir Turek pour retrouver le tombeau caché de Gengis Khan (remember la quête du trésor de Tranicos par Conan), pour finir entre les mains d’Hang-Hi, le bras droit de l’Empereur Ming Wan Li, qui assiège Altur Haiden, le dernier refuge des fils de la steppe infinie…
Alors que les nomades tatars se résignent à leur anéantissement, le Maître de la Terre agit par delà la mort à travers son descendant qui porte dans une main l’étendard de guerre de Gengis Kan et dans l’autre main l’épée de Qaïdu, héros fondateur de la Horde d’Or… Et c’est un européen blanc et chrétien qui devient le sauveur des nomades turco-mongols ! L’auteur nous offre un « Liberté, Egalité, Fraternité » à une époque où l’Occident est dominé un « Racisme, Suprématisme, Colonialisme… » Rien que cela, c’est déjà très fort !
Mais c’est la relation entre Khlit et Kerula qui est le mieux traitée : d’un côté nous avons un vieil homme qui se prend d’affection pour une fille qui devient femme, porteuse de tout le passé du monde de la steppe, d’un autre côté nous avons une adolescente fascinée par un vieil homme qui devient légende, porteur de tout l’avenir du monde de la steppe… Et c’est traité avec une pudeur, une retenue et une mélancolie qui forcent le respect !

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[video]https://www.youtube.com/watch?v=G4Ym9zokSZo[/video]


Le grande force du récit vient de son héros en fin de carrière qui mise plus sur sa ruse que sur sa force (car ses stratagèmes sont tous plus réjouissants les uns que les autres ^^)… Khlit le Loup se met en avant, puis se fait oublier, pour que ses adversaires se fassent la part belle, avant de revenir en pleine lumière !
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On applique toutes les recettes du western à l’Eurasie du XVIe siècle donc on est dans le eastern ! Et bien que tout cela date de la fin des années 1910, j’ai pourtant eu la furieuse impression que si on passe quelques trucs vintages, c’est presque aussi moderne que ce qui a été écrit autour des années 2010… C’est incroyable, et pour un peu on ringarderiserait les œuvres de J.R.R. Tolkien postérieures d’une génération ! ^^
Impossible de ne pas voir la parenté entre la Sword & History d’Harold Lamb et la Sword & Sorcery de R.E. Howard d’abord, de David Gemmell ensuite. Héroïnes douces mais pas faibles, héros durs mais pas impitoyables, ambiance crépusculaire, alliances de circonstances, trahisons de tous les instants… Ces auteurs piochent aux mêmes sources quand ce n’est pas dans la même boîte à outils ! Vivement le tome 2 intitulé « Le Khan blanc » !!!
Mon nom est Khlit, et je suis le Porte-Étendard de Gengis Khan. J’arrive de la tombe du Maître de la Terre avec la bannière du soleil et de la lune pour la grande bataille à venir. Une bataille telle qu’on n’en a pas vu depuis des années… Depuis la mort des Grands Khans !
L’imprimeur lithuanien Standartu Spaustuve a réussi à nous offrir un libre-objet d’un très appréciable rapport qualité/prix, les illustrations de Ronan Marret bien que pas exceptionnels apporter un plus bien appréciable et la jolie carte de l’Eurasie est une véritable invitation à l’aventure !)… Cela me navre au plus haut point qu’en termes de qualité de travail une Small Press se place bien au-dessus des gros éditeurs dont on taira les noms par pure charité chrétienne.
Fans de Gemmell ? Venez nous rejoindre : http://david-gemmell.frbb.net/
Albéric
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Re: [Cycle] Les Lames Cosaques / Harold Lamb

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Résumé tome 2 : Le Khan Blanc
On le nomme Le Loup, le Père des Combats, l’Homme au Sabre Incurvé… Aventurier et vagabond, Khlit le Cosaque parcourt les montagnes et les déserts d’Asie en guerrier intrépide, ne répondant qu’à l’appel du sang et de l’acier. Mercenaire à la ruse légendaire, ce vétéran aux cheveux gris se défait de ses nombreux ennemis aussi bien grâce à son esprit affûté qu’au tranchant de sa célèbre épée. Toujours armé de cette lame que tous redoutent, il sillonne le monde en loup solitaire, l’oreille tendue. Car là où résonnent les trompettes de la guerre, Khlit n’est jamais loin…
[video]https://www.youtube.com/watch?v=sHDmXtW9Yx0[/video]

Comment croire que tout cela date du début du XXe siècle, tellement cela n'a pas vieilli ?! Il a même un paquet de romans historiques ou fantasy datant du XXIe siècle qui ont davantage vieilli que ceux d'Harold Lamp. Ce tome 2 des aventure de Khlit le Loup, le vieux héros cosaque, est divisé en 3 novellas et l'auteur continue de transformer un serial en grande saga car chaque nouvelle est un rouage s'insérant parfaitement dans la grande machine littéraire qu'il a conçue :


Le Khan Blanc : décembre 1918
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A la fin du tome 1, nous avons laissé Khlit sur les remparts d'Altur Haiten, en tant que champion des enfants de la steppe et que vainqueur des légions chinoises de Hangi Hi, l'épée incurvée de Qwaïdu dans la main gauche et la bannière de guerre de Gengis Khan dans la main droite... Il quittait ainsi les pages de l'Histoire pour entrer dans celle de la Légende ! (du coup c'est dommage que la courageuse adolescente Kerala qui avait accompagné notre antihéros cosaque de l'Asie Centrale à l'Asie Orientale) quitte elle les pages du récit en épousant Berang le prince ordu)

Mais l'Empereur Dragon n'a pas dit son dernier mot, et somme les khans de lui remettre le loup cosaque. Ce dernier ne fuira pas et ne se cachera pas, car pour lui la meilleure défense c'est l'attaque ! C'est ainsi qu'il chevauche seul vers la Muraille de Chine et son nouvel ennemi désigné, Li Jusong le héros de la guerre d'Imjin, vainqueur des samouraïs du shogun Toyotomi Hideyoshi... Et ce sans savoir que le stratège chinois compte dans ses rangs un magicien capable de lire l'avenir et qui connaît déjà tout de son destin !
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Arrivé à Sin-Kiang on sent la peur de la cité en état de siège, même si c'est trop court, on sent également la terreur de la ville mise à sac dans la panique et la violence la plus absolue, même si c'est trop court... Le vieux guerrier cosaque souhaitait joueur au plus malin avec le redoutable stratège chinois, mais il est immédiatement identifié, démasqué et emprisonné... Toujours est-il qu'après moult rebondissements, Khlit parvient à échapper à ses geôliers et qu'au final le sort du monde se joue dans la Tour des Cinq Faucons, où un vieux cosaque et un jeune mandchou font face aux soldats chinois à l'aide d'un douzaines de mannequins fabriqués avec les restes de ses défenseurs tombés face à l'ennemi...
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ça ne vous rappelle rien ? Moi si : Two Against Many ! (et en plus la résistance de la Tour de David lors du siège de Jérusalem en 1099 a été également été reprise par R.E Howard dans La Mort à triple lame, et par David Gemmell dans La Quête des héros perdus ^^)
[video]https://www.youtube.com/watch?v=oq9dspskCEE[/video]
Oui mais non en fait, le sort en était déjà jeté car notre rusé héros avait déjà tout préparé : tout se termine par la confrontation entre 100000 guerriers nomades et 200000 soldats wangs dans une baston générale laconique certes mais ô combien épique, qui finalement n'a rien à envier à la célébrissime Bataille des Champs du Pelennor ! Khlit n'est plus, vive King Khlit, l'homme qui est devenu khan de ses propres mains... Nous la voila enfin contée, la suite de Conan le Barbare qu'on attend depuis 1982 ^^
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Au-delà de ses nombreuses qualités cape et épée, l'intérêt repose sur l'ambivalence pour ne pas dire l'ambiguïté de l'ensemble des personnages qui tous présentent deux visages :
- Hotai Khan est-il un ami ou ennemi ?
- Chepé Braga est-il un adversaire ou un allié ?
- Cho Kien l'eunuque est-un un pion ou un joueur ?
- Wen Shu le marchand est-il un lâche ou un justicier ?
- le général Li Jusong est-il un grand conquérant ou un boucher parmi tant d'autres ?
- Chagan le porteur de bouclier est-il un excellent vassal ou un excellent espion ?
- l'archer mandchou Arslan (oui je t'ai reconnu, Ghîb des Chroniques d'Arslan de Yoshiki Tanaka : le cape et épée vaincra !) est-il un vantard ou un héros ?
- le magicien aveugle Li Chan Ko est-il spectateur ou acteur du destin, pire ne joue-t-il pas avec lui pour châtier les Chinois qui jouent avec ses prophéties ?
- Khlit le Loup est-il un aventurier opportuniste ou un leader machiavélique ? Quand il est rejeté par ceux qu'il a adoptés et protégés, le Fils du Ciel Wanli lui offre fortune et gloire à son service s'il décide de changer de camp pour devenir son talisman... Même pas en rêve aurait dit David Gemmell ! ^^
L'auteur balade ses personnages, et surtout nous balade nous autres lecteurs avec un succession de twists parfaitement maîtrisés. Ah ça c'est du bon suspens, que n'aurait pas renié Alfred Hitchcock ! ^^

L'Empire du Milieu vient de perdre coup sur coup deux de ses plus grands champions... La peur change de camp, et les enfants de la steppe promis à l'extinction reprennent l'ascendant : quelques décennies plus tard la tempête viendra du Nord pour emporter avec elle la Dynastie Ming... Mais ceci est une autre histoire !


Changa Nor : février 1919
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Khlit devenu Kha Khan des Jüngars doit veiller sur le peuple qui l'a choisi comme guide. Et les temps sont durs : l'hiver vient, et leurs alliés Mandchous sont repartis vers l'Est et leurs alliés Kallmarks vers l'Ouest. Ces derniers lorgnent d'ailleurs sur leurs meilleurs pâturages, et le Cosaque répugne à partir en guerre contre eux : non seulement il faudrait affronter d'anciens compagnons d'armes, mais le conflit causerait trop de perte aux enfants de la steppe... Les visions du shaman pourrait mettre fin à leurs problèmes : Gurd le maître des bêtes connais les secrets de la forteresse perdue et maudite de Changa Nor, où serait caché un fabuleux trésor qui permettrait d'acheter les paix avec les Kallmarks !
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Entre une mer de sable et une rivière de pierre, Khilt découvre ce qu'il reste du Royaume du Prêtre Jean, et entre sa amour pour son Dieu et son amour pour son peuple, il est obligé de faire un choix.
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Le héros est plus en retrait, donc les personnages secondaires sont à la fête :
- on a un triangle amoureux entre Gurd le maître des bêtes chrétien et pacifiste, Chepé Braga la bête de guerre païenne qui découvre qu'il qu'au-delà de la guerre il y a l'amour, et Chingi la princesse à la blonde chevelure que tout le monde considère comme une petite chose fragile mais qui s'avère une sacrée strong independant woman (et dire que cela a été écrit au lendemain de la WWI !). On a quasiment la même chose entre Einar, Erik et Morgane (interprété par Kirk Douglas, Tony Curtis et Janet Leigh) dans le film Les Vikings de Richard Fleisher réalisé en 1958...
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- on a un chouette numéro de duettistes réalisé par un prêtre chrétien et un guerrier païen, qui se haïssent cordialement avant de se comprendre et de se respecter mutuellement : en combattant côte à côte, le prêtre chrétien se fait guerrier et le guerrier païen se fait prêtre ! Trop cool c'était... et dire que cela a été écrit au lendemain durant la Première Guerre mondiale, durant laquelle les occidentaux impérialistes, colonialistes et racistes s’entre-tuaient sur les champs de bataille européens... Soupirs !
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- cette pourriture de shaman païen Lhon Otai est de toutes les fourberies, allant jusqu'à vendre son peuple à un autre pour obtenir plus d'or et plus de pouvoir (la peste soit des prêtres, des sorciers, des shamans, des magiciens, des banquiers et des politiciens !), et au milieu de nulle part un vieux prêtre, une jeune fille, deux guerriers tatars et un aventurier cosaque se dressent face à la horde sauvage avant que ne se s'abatte sur les mécréants la Colère de Dieu ! Exploit ou miracle ? Les deux sont possibles certes, mais dans les deux cas on est dans la transposition en Mongolie du film Le Miracle des loups réalisé par André Hunebelle en 1961 ^^
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Un petit bémol sur les magnifiques mais trop courts moments où le récit semble basculer dans le fantastique :
- dans les marais sibériens où Gurd se rend dans un cimetière de mammouth sous la garde de son fauve apprivoisé
- dans la forteresse maudite de Chaga Gor où la Team Khlit se rend compte qu'elle est livrée à elle-même entourée de fantômes et de légendes


Sur le Toit du Monde : avril 1919
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La nouvelle semble sortie du même moule que la précédente : les Kirghizes convoient les terres des Jüngars, la guerre menace à l'horizon, un oracle se propose de solutionner tous les problèmes, le fourbe shaman Lhon Otai est remplacé par le fourbe dalaï-lama Dongkor Gelong, et Khlit et Changan doivent de nouveau chevaucher ensemble pour trouver la meilleure voie à arpenter pour leur peuple...
Le récit est initialement plus à ambiance qu'à intrigue ou qu'à action (sombre ambiance dans la ville fantôme de Talas entourée de sables mouvants servant de cimetière aux ennemis de dalaï-lama, avec un antique temps païen lieu de tous les complots). Et la différence se joue essentiellement au niveau du personnage de Sheillil de Samarcande, engagée par le mago psycho faisant office de vilain of the week pour séduire les khans Kirghizes et les attirer dans un piège mortel dans lequel Khlit et Chagan sont forcés de jouer le rôle d'assassins et de boucs émissaires... Sauf que la strong independant woman joue dans les deux camps pour jouer son propre jeu ! Bien malin celui qui parvient à saisir les objectifs de celle qui a les manières d'une danseuse de bazar mais les propos d'une fille de khan... Du coup les héros et leurs adversaires se retrouvent pris au pièges des intrigues et des complots d'une Milady de Winter musulmane qui souhaite réécrire son destin pour devenir reine de ses propres mains ! (ah Milady de Winter, best personnage féminin ever ^^)
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La Chasse à l'Amour devait ainsi être un tournoi où serait vainqueur celui qui attraperait la belle danseuse qui s'avère émérite cavalière et dangereuse tacticienne, mais au final Iskander Khan, Bassanghor Khan, Khlit et Chagan doivent lutter ensemble pour sauver leur peau face aux mercenaires des marchands du temple !



Le grande force du récit vient toujours de son héros en fin de carrière qui mise plus sur sa ruse que sur sa force (car ses stratagèmes sont tous plus réjouissants les uns que les autres ^^)… Khlit le Loup se met en avant, puis se fait oublier, pour que ses adversaires se fassent la part belle, avant de revenir en pleine lumière !
On applique toutes les recettes du western à l’Eurasie du XVIIe siècle donc on est dans le eastern ! Et bien que tout cela date de la fin des années 1910, j’ai pourtant eu la furieuse impression que si on passe quelques trucs vintages, c’est presque aussi moderne que ce qui a été écrit autour des années 2010… C’est incroyable, et pour un peu on ringarderiserait les œuvres de J.R.R. Tolkien postérieures d’une génération ! Le seul défaut vient des ficelles qui sont utilisées pour démarrer le récit rapidement et le faire avancer suffisamment bien pour qu'il tienne dans le cadre étroit d'une novella...
Impossible de ne pas voir la parenté entre la Sword & History d’Harold Lamb et la Sword & Sorcery de R.E. Howard d’abord, de David Gemmell ensuite. Héroïnes douces mais pas faibles, héros durs mais pas impitoyables, ambiance crépusculaire, alliances de circonstances, trahisons de tous les instants… On voit bien qu'Harold Lamb a beaucoup innové avant d'être repris, mais du coup on saisit mieux les apports des uns et des autres à la formule d'origine (ainsi pour le créateur de Conan, désormais le fils caché de Khlit le Loup, la noirceur, l'horreur, le pessimisme, le nihilisme, la maîtrise magistrale du huis-clos, les descriptions des grands espaces inspirés du Texas, les scènes d'action magnifiquement chorégraphiées, et au bout du bout la dernière prisonnière de la Boîte de Pandore à savoir : l'Espoir !)

L’imprimeur lithuanien Standartu Spaustuve a encore réussi à nous offrir un libre-objet d’un très appréciable rapport qualité/prix, mais il faut ajouter l'excellence préface de Stephen Michael Stirling qui met les points sur les « i » (chouette auteur blacklisté par les bobos hispters et les caïds de cour de récré qui l'ont catalogué gros facho pour des raisons que le raison ignore), quelques réponses apportés par Harold Lamp lui-même en appendices, une superbe carte véritable invitation à l'aventure, et les illustrations de Ronan Marret qui ont bien gagné en qualité depuis le tome 1 !… Cela me navre au plus haut de devoir signaler qu'ici une Small Press réalise un travail nettement supérieure aux gros éditeurs dont on taira les noms par pure charité chrétienne.
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