Pleine Lune / Antonio Muñoz Molina

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muaD
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Pleine Lune / Antonio Muñoz Molina

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Une histoire banale. Un inspecteur de police est muté du pays-basque dans une ville du sud de l'Espagne. Sa femme n'a pas supportée la tension et l'attente du retour de son mari tous les soirs. En dépression, elle est dans une clinique. L'inspecteur ne vit que pour résoudre le meurtre d'une petite fille. Dans son enquête, il rencontre l'institutrice de l'enfant. Une histoire d'amour nait. Et en parallèle, on suit l'assasin.

D'abord un peu difficile, du fait des longues phrases, du rythme lent de l'histoire, des grandes descriptions, on rentre petit à petit dans le monde de l'écrivain et tout se transforme. C'est superbement écrit, les personnages sont profonds, leurs émotions magnifiquement traduites. On est vraiment pris dans la toile d'arraignée tissée par l'auteur. Un livre que l'on quitte avec regret, sur une fin un peu attendue mais bon.

Je ne connaissais pas cet auteur et je crois que j'y reviendrais de temps en temps. Il affiche une bibliographie conséquente. A lire par les amateurs de beau texte.

Dans une petite ville du sud de l'Andalousie battue par la pluie et le vent, une fillette est retrouvée morte sur le talus d'un parc. Couverte de terre, elle ne porte que ses socquettes, et sa culotte a été enfoncée dans sa bouche pour l'asphyxier. L'hiver et la peur tombent sur la ville tandis que se font entendre, comme une trame en continuelle expansion, les voix des personnages liés entre eux par des bribes de passé et l'horreur d'une cruauté gratuite. L'inspecteur, un homme muté du pays Basque, miné de l'intérieur par la violence terroriste, obsédé par la recherche de l'assassin comme si d'elle dépendait son propre salut. Susana Grey, l'institutrice, dont la sensibilité, l'ouverture sur le monde et les autres vont bouleverser la vie de l'inspecteur. Le père Orduna, ancien prêtre ouvrier, persuadé que les yeux sont le reflet de l'âme et que ceux de l'assassin sont vides. Paula, la seconde victime, elle aussi retrouvée sur le talus, mais vivante à force de courage et de ténacité, protégée par la tendresse de son père. Le médecin légiste, dissimulant sa solitude et son désenchantement sous sa conscience professionnelle et sa tendresse pour l'enfance. L'assassin enfin, personnage névrosé et énigmatique, ordinaire et ignoble, qui ne sait vivre que dans la haine et la soumission du plus faible. Témoin symbolique de cet entrelacs d'horreur et d'humanité, la clarté lunaire tantôt illumine l'amour rédempteur de l'institutrice et de l'inspecteur, tantôt pousse l'assassin au plus noir de lui-même. On ne sort pas indemne de ce livre dense, qui s'appuie sur une prose précise et une construction sans faille, animé d'un souffle poétique admirable et qui s'enfonce, entre passé et présent, dans l'obscure et lumineuse matière humaine. Pleine Lune révèle la profonde cohérence du monde narratif d'Antonio Munoz Molina, l'un des plus grands écrivains de notre temps. Traduit de l'Espagnol par Philippe Bataillon.
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