
Pourquoi ce topic ? C'est simple, à part la fantasy et les littératures de l'imaginaire, mes romancières préférées sont anglaises, ont vécu au XIXe siècle et ont connu une triste fin.
Je voue une tendresse particulière à Jane Austen (1775-1817) dont j'ai lu tous les romans (achevés) : Raison et sentiments, Orgueil et Préjugés, Emma, Mansfield Park, Persuasion et Northanger Abbey. Il existe aussi un petit roman épistolaire, Lady Susan, dans la collection Folio 2€.
Ces romans traitent le plus souvent d'un même sujet : la naissance des sentiments avant un mariage, développant les diverses intrigues qui se nouent autour. Présenté comme ça, je vois la gente masculine de ce forum hausser un sourcil sceptique tout en se disant que ça doit être d'une niaiserie sans fond. Détrompez-vous ! Jane Austen et niais sont deux notions aussi antinomiques qu'il est possible de l'être. Bien au contraire, avec retenue, élégance et distinction, l'auteur se livre à une ironie féroce, n'épargnant aucun des petits travers et médiocrités de tout un chacun. Ses portraits féminins sont subtils, toujours très intéressants et certains auteurs actuels devraient en prendre de la graine ! Jamais elle ne tombe dans un romantisme échevelé comme l'époque a pu en produire, bien au contraire, je la trouve d'une étonnante modernité. Conclusion : je conseille sa lecture à tous et à toutes.
Charlotte Brontë (1816-1855) est surtout connue pour son Jane Eyre. Dans ce livre, on est vraiment dans la passion amoureuse, dans ce qu'elle peut avoir de romantique (au sens littéraire et non amoureux) et de destructeur, là aussi pourtant sans niaiserie. C'est amusant car je l'ai relu il y a quelques jours après l'avoir lu une première fois étant au collège. La première fois, j'avais été emballée, transportée par cette histoire d'amour sans vraiment analyser ce qui la compose. Là, j'ai mis plus de temps à entrer dans l'histoire. Les sentiments passionnés de l'héroïne m'ont déconcertée, son style reflètant d'avantage l'époque qui l'a vu naître (enfin style qui reste prodigieux, hein). Puis au final, je suis de nouveau rentrée dans l'histoire qui est quand même assez extraordinaire. Jane Eyre est une jeune femme qui revendique son indépendance d'esprit tout au long du livre dans des situations qui même maintenant feraient jaser (je vois mal dans un roman ou un film actuel, le protagoniste vouloir épouser l'héroïne alors qu'il est déjà marié et que sa première épouse est folle sans pour autant passer pour un fieffé enfoiré, alors pour l'époque...). Et l'auteur réussit le tour de force de ne la sacrifier ni à son amour dévorant ni au sens des conventions de l'époque; Jane Eyre réussissant à rester fidèle à sa propre morale. J'ai beaucoup aimé.
Alors concernant Emily Brontë et les fameux Hauts de Hurlevent, là aussi ma lecture date de l'époque collège. J'attends de le relire avant d'en parler.