Voici un recueil de sept nouvelles qui, comme l'indique le titre du livre, dépeignent chacune un trouble bien précis.
Le ton est donné dès la première, "Agueusie", où une jeune cheffe cuisinière chevronnée va chaque jour devoir satisfaire un vicomte qui a totalement perdu le sens du goût.
L'écriture d'Antonio Latsis possède une bonne balance entre descriptions détaillées et effets percutants qui permettent une lecture tant immersive que rythmée. Des caractéristiques que l'on retrouvera dans les six autres nouvelles.
On comprend, à la fin de ce premier récit, que la saveur de ce recueil va être des plus amères et nous laisser un arrière-goût dérangeant.
Dans "Dépression", c'est le quotidien de deux sans-abris qui est narré avec révolte. Au fil du récit, nous découvrons leur histoire et la misère qui les entoure. Il y a dans cette nouvelle un sentiment profond d'injustice qui nous amène à revoir certains préjugés.
Touchant, pathétique, réaliste. Une déambulation grinçante dans les bas-fonds d'une société viciée.
La conclusion s'avère diablement efficace et appuie encore davantage l'empathie ressentie à l'égard de ces "clodos".
La nouvelle la plus longue est "Paranoïa", et nous glisse dans la peau d'une jeune fille placée dans un centre d'accueil pour mineurs. Son histoire, sordide, bien que malheureusement vécue par trop d'enfants, nous interpelle dès le début. On devine très vite que ses tourments ne vont pas s'améliorer...
Dédain, manipulation, chantage, ainsi que d'étranges phénomènes qui conduisent à une chute fatale.
Pour conclure ce recueil, vous aurez le droit dans "Sadisme" à deux personnages particulièrement marquants. Lorsqu'un solitaire amoureux de nature et de bagnoles rencontre une véritable ordure, ça fait des étincelles...
Et puis ce n'est pas si souvent qu'on mentionne le groupe Carcass dans un récit !
Je vous laisse découvrir les autres nouvelles, toutes imprégnées de noirceur, de folie, de désillusions et d’écœurement face à des comportements abjects.
J'ai beaucoup aimé l'utilisation de ces troubles afin d'amener le lecteur à réfléchir sur telle ou telle situation, sur ce que l'homme et la femme sont capables de produire comme comportements dans des contextes où la raison est malmenée.
Troublante lecture, mais porteuse de réflexions et d'éléments de narration à même de tenir le lecteur en haleine. À noter, une mise en page non conventionnelle, dotée d'une police d'écriture plus grande que la normale (surtout pour un format poche) et de marges elles aussi plus importantes, fournissant un confort de lecture pour tout un chacun.
