[Cycle] Grand Central Arena / Ryk E. Spoor

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Albéric
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[Cycle] Grand Central Arena / Ryk E. Spoor

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Résumé Grand Central Arena :
Ce ne devait être qu'un vol d'essai automatisé et la pilote, Ariane Austin, n'interviendrait qu'en dernier recours ; fort de la propulsion Sandrisson, le Graal allait franchir le dernier obstacle à l'expansion de l'humanité : le mur de la lumière. Mais c'est sur un autre mur que bute le vaisseau car la propulsion supraluminique ne conduit pas vers les étoiles, elle conduit à l'Arène. Piégé dans cette colossale enceinte qui dépasse l'imagination, l'équipage du Graal va devoir en apprendre les règles pour y survivre. S'y faire respecter parmi les multitudes d'espèces extraterrestres qui la peuplent, s'en échapper et protéger le destin de l'humanité. Le space opera de l'âge d'or de la s.-f. américaine est de retour ! De l'action, de la manipulation, de grands enjeux et de rudes affrontements, de l'exotisme et tout un bestiaire d'extraterrestres baroques.

Il était une fois l'Âge d'Or de la SF, quand les aventures de John Carter, Buck Rogers, Flash Gordon et Captain Future amenaient par millions les lecteurs aux œuvres d'Heinlein, Clarke, Van Vogt, Asimov... Mais tout a une fin, et alors que grâce aux mass medias le phénomène Star Wars démocratisait et popularisait définitivement le genre, en marquant de son empreinte l’imaginaire collectif du monde entier, la SF littéraire se coupait de son public en s'intellectualisant... Et plus elle s'intellectualisait, et plus les ventes s'effondraient et puis le public se réduisait... Alors que des auteurs résistaient vaillamment au Côté Obscur de l'intellectualisme, d'autres ont essayé encore plus encore vaillamment de repartir à la reconquête du peuple sfiste : ainsi naquirent le New Space Opera, qui marient la Hard Science et le cyberpunk au Space Opera, et le Sword & Laser qui comme son aïeul le Sword & Planet mise tout sur le côté aventure...
Grand Central Arena est à la jonction de ces deux dernières tendances de la Science-Fiction, basculant encore en cours de route du NSO au Sword & Laser, voire à la Science-Fantasy. Et dès le mot d’introduction de l'auteur nous avons un vibrant hommage à E.E. Smith (le papa de la saga Fulgur à laquelle l’auteur emprunte beaucoup car il s’agit tout simplement du Space Opera le plus ambitieux de tous les temps) et au « sense au wonder » si cher à mon cœur... Tout cela est alléchant, mais qu'en est-il vraiment ?
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Le Professeur Sandrisson déçu par ses premières expériences supraluminiques, recrute un équipage pour un premier vol habité au-delà de la vitesse de la lumière... pour aboutir dans l'Arène, superstructure au-delà de l'imagination dont la surface est recouverte de sphères de 20000 kilomètres de diamètre au nombre égal à celui des étoiles dans l'univers !
Voilà nos pionniers menés par la commandante improvisée Ariane Austin, qui vont devoir apprendre au pas de course les us et coutumes des milliers d'espèces soumises aux règles de l'Arène. Et en tant que premiers émergents, ils attirent l'attention de ses principales factions :
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les Molothos, militaristes xénophobes, les Bienheureux, esclaves d'IA suprématistes, la Foi, qui voit dans l'Arène un miracle de la Religion, l'Analytique qui voit dans l'Arène un miracle de la Science, la Vengeance, qui voit dans l'Arène un geôlier intergalactique contre lequel il faut se révolter, les mystérieux techno-mages surnommés Tisseurs d'Ombre qui se gardent bien d'expliquer aux uns ou aux autres leurs buts véritables, ainsi qu’Orphelin qui âgé de plus de 3000 ans constitue une faction à lui tout seul. Suite à une heureuse coïncidence savamment calculée il est leur guide dans l’Arène, celui qui est surnommé le Tueur d'Esprits par ses compatriotes et le Survivant par les autres extraterrestres possède manifestement ses propres objectifs à atteindre quitte à faire des cachotteries voire des fourberies à ses nouveaux compagnons de route…


Alors je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit, c'est bien, mais pas vachement bien... L’auteur est un passionné de Science-Fiction et balaie ses références de Mary Shelley à Dan Simmons, mais au finale on retrouve les sensations de Stargate et de Farscape, et comme ces séries télévisées ou comme nombre de classiques du genre on suit avec joie les codes de la Portal Fantasy, tout en ajoutant un côté survival assez inspiré par les émissions de téléréalité (les équipes, les défis, les explications et les convocations de la Voix et tutti quanti) !
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Mais j'aurais largement mieux aimé que l'auteur lâche du lest sur la Hard-Science, parce que les passages sur les Quarks, la constante de Planck, le seuil de Turing, le paradoxe de Fermi et autres trucs plus ou moins destinés aux ingénieurs en sciences alourdissent un récit qui se veut d'abord et surtout pulpien. De la même manière pourquoi nous bombarder durant toute la mise en place du récit de nanomachins, de cybertrucs et d'IAbidules pour que tous les e-schmiblicks tombent en rade dès l'arrivée dans l'Arène ? C'est assez incohérent de la part d'un auteur qui se pose en rupture de l'intellectualisme...
Mais le gros deus ex machina qui conclut le climax de ce tome 1 a gâché mon plaisir, même si le principe de Clarke qui nous emmène des terres de la Science-Fiction à celles de la Fantasy n'est pas gênant en soi. L'auteur s'est montré assez complaisant avec le fait religieux pour ne pas se mettre en porte-à-faux avec les tenants du « in god we trust » : que tout le roman tienne sur la foi en un miracle a douché mon enthousiasme (pas convaincu par toute les déductions analytiques et les explications scientifiques pour démystifier le truc à posteriori)...
Mais j'ai des réserves sur les personnages : je passe sur le triangle amoureux qui ne sert à rien vu qu'on ne dépasse pas le stade du flirt et du béguin, mais pourquoi avoir pris comme personnage principale une texane geek fan de courses de nascars, alors qu'elle se fait complètement voler la vedette par ceux dont les histoires sont tellement intéressantes qu'elles pourraient constituer de super romans en soi ?
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DuQuesne (oh, le bel hommage à l’œuvre de E.E Doc Smith !), super-vilain construit de toutes pièces par des apprentis sorciers aficionados de téléréalité, qui s'est battu tout sa vie contre une expérience de Milgram humaine pour se retrouver pris au piège d'une expérience de Milgram extraterrestre (imaginez grosso modo un X-Men passant du Truman Show à Le Prisonnier ^^)
Orphelin, conçu pour être l'espion ultime, qui a pris la tête de la rébellion qu'il devait détruire avant de devenir son unique représentant donc l'ultime espoir de son peuple esclave d'IA à la Matrix. Whaou, c'est John Connor à la puissance 10 !

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J'imagine qu'il a sans doute allégorie et private joke sur l'héroïne Ariane qui guide ses compagnons dans le labyrinthe cosmique qu'est l'Arène, les personnages cités ci-dessus ayant si on y réfléchit bien une bonne tête de Thésée, avant de prendre les armes pour les défendre en personne... Strong Independant Woman ou Wonder Woman ? ^^
Le surchapitrage aurait pu hacher le rythme, mais vu que presque tout est raconté du point de vue d’Ariane, avec quelques alternances avec ceux de ses prétendants, ce n’est finalement pas très enquiquinant. Par contre à l’image de The Expanse de James S.A. Corey, on sent que les twists et les cliffhangers ont été placés en fonction d’une future adaptation à l’écran, que j’attendrai avec impatience certes, mais c’est un peu chiant quand même…


3,5 étoiles arrondies à 3 étoiles. J’ai passé un bon moment et les scènes d’action sont réussies, mais elles sont quand même assez délayées et cela aurait été autrement plus rythmé avec 200 pages de moins. Maintenant que le cadre à été posé et que les enjeux et les factions ont été présentés, il ne reste à l’auteur qu’à passer la vitesse supérieure ! (et drôle de personnage que cet auteur, diplômé en mathématiques, sciences, psychologie (d’où son horripilante marotte de décrypter le langage corporel de tous les interlocuteurs de ses personnages), sciences de l’information, et qui a été libraire, caissier, responsable de production et qualité, éditeur de jeux de rôles, coordinateur en recherche et développement… attention à l’adage américain qui dit « bon à tout, bon à rien »…)
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Albéric
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Résumé tome 2 : Sphères d'influence
S’il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ? Ainsi se formule ce qu’on appelle le paradoxe de Fermi.
Eh bien, ils sont dans l’Arène, répond Ryk E. Spoor.
Et, de fait, ils y sont des multitudes, dans cet inimaginable univers condensé, soumis à des règles édictées par on ne sait qui ou quoi. D’innombrables espèces représentées par leurs factions, parmi lesquelles, depuis peu, celle de l’Humanité.
Leader de la faction Humanité : une charge qu’Ariane Austin, ci-devant pilote spatiale de course d’obstacles, doit assumer en dépit de tous les dangers, complots et trahisons, dont certaines fomentées dans son propre camp.
Par bonheur se tient désormais auprès d’elle Sun Wukong, le Roi des Singes hypérion, le plus redoutable des gardes du corps. Il ne sera pas de trop pour surmonter les épreuves que la cohabitation conflictuelle réserve aux résidents de l’Arène…

Pour commencer, je dois rendre à César ce qui appartient à César : un grand merci aux critiques d'Apophis qui m'ont fait découvrir cette sympathique série qui mise tout sur le cool et sur le fun !
Dans ce tome 2 joliment intitulé Sphères d'influence la Team Ariane Austin retourne sur Terre pour annoncer à leurs concitoyens les bonnes nouvelles : nous ne sommes pas seul dans l'univers, toutes les civilisation extraterrestres se côtoient dans l'Arène qu'ils ont découverte, et parmi les 5000 factions qu'elle abrite on est déjà en guerre contre deux d'entre elles (les Molothos, impérialistes, expansionnistes et xénophobes, et les Bienheureux de Servir esclaves d'un SkyNet à plusieurs têtes, avatars dystopiques certes mais hautement possibles de l'avenir de l'humanité)... On reprend les bonnes idées de la série télé Stargate et la Team Ariane Austin qui se fait débriefer par la hiérarchie militaire et par la hiérarchie civile est censée passer la main à de véritables professionnels... Mais rien n'est moins sûr ! J'ai senti la tentation du power-up puisque les membre la Team Ariane Austin semble attiré par chacune des factions majeures de l'Arène et les super-pouvoirs qui vont avec : la Foi, la Vengeance, l’Analytique et les Tisseurs d'Ombre. Et tandis que les têtes jouent Planetebase en vrai, les jambes expliquent les règles du jeu galactique aux nouveaux venus, qui comprennent dans leurs rangs pour le meilleur et pour le pire la mystérieuse super-héroïne dénommée « K » (bordel de merde, c'est qui à la fin ! ^^) et Marie-Sue la super-vilaine schizophrène qui se prend pour une super-héroïne... Alors Ariane doute, Ariane a le blues, Ariane se remet en cause, car Ariane est loin d'être persuadée de constituer la personne la plus appropriée pour être le leader de la Faction Humanité... Mais de toutes les manières tout le monde est plus qualifié que ces connards de politiciens qui évidemment trahissent à la première occasion pour assouvir leurs ambitions !

J'ai bien aimé, mais malheureusement une bonne partie de la coolitude du cycle vient du fait que l'auteur ressuscite et remet au goût du jour toute la Science-Fiction de « Doc » E.E Smith que je ne connais que de réputation (et c'est bien dommage).... Toutefois j'ai encore ressenti avec cette série de bonnes sensations : j'avais l'impression de déambuler dans le Point Central de Valerian & Laureline avec les personnages de Stargate !
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Un autre gros point fort c'est le personnage de Marc DuQuesne, post-humain fabriqué de toutes pièces pour incarner un super-héros / super-vilain de l'Âge d'Or de la SF (c'est quand même assez gênant que le récit dans le récit soit plus passionnant que le récit lui-même ^^) : créature artificielle par le corps et par l'esprit, il cherche dans ce tome à recruter ses anciens amis pour augmenter les chances de survie de l'humanité, et en bon fan de mangas l'auteur met en scène Sun Wukong alias Son Goku ! Le personnage a fait le bonheur de la mythologie indienne puis le bonheur de la mythologie chinoise avant de conquérir l'Orient puis l'Occident... Ici il est à la fois profondément humain et foncièrement inhumain, mais surtout il s'éclate dans l'Arène car passé un certain niveau de maîtrise technologique il n'y a plus aucune différence entre la science et la magie : pour lui la réalité se pare enfin des atours de la Fantasy ! (car après tout, au temps béni du Sword & Planet il n'y avait aucune frontière entre les genres de l'imaginaire ^^)
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Il y a bien sûr tous les secrets d'Orphelin (remember Perfect Cell d'Akira Toriyama ^^) qui entraînent ses alliés dans ses games of thrones bien particuliers (avant de recruter dans la faction dont il est l'unique membre le candidat le plus improbable qui soit ^^),
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les Molothos qui enragent de prendre leur revanche sur l'humanité, et les Esprits des Bienheureux de Servir qui aimeraient bien pouvoir agir à leur guise dans l'Arène (les pouvoirs de l'Arène sont-ils exclusifs à l'Arène ou existe-t-il un moyen de court-circuiter ses règles ? Car après tout on ne sait rien de ses créateurs et de leurs intentions ^^)... Mais surtout il y a le risque pour l'humanité de succomber aux beaufs militaristes ayant la même mentalité que les Molothos, mais également de succomber aux IAs revanchardes qui attendent patiemment leur heure : la civilisation humaine a interdit les IAs de niveau supérieur à 5, mais l'incident Hypérion à accouché de quelques IAs en cavale de niveau 10 ! Liberté, égalité et fraternité ou la mort entre intelligences biologiques et intelligences technologiques ? La cyber-révolution est-elle en marche ?? A moins qu'il ne s'agisse d'une véritable guerre cybernétique ???

J'ai presque honte de ne pas lâcher les étoiles, d'autant plus que l'auteur a appris de ses erreurs en lâchant du lest sur les I-machins, les nanotrucs et le décryptage du langage corporel, mais il y a beaucoup de blablas dans ce tome 2 pour expliquer aux nouveaux personnages ce qu'on a déjà expliqué aux lecteurs dans le tome 1... Du coup l'intrigue démarre vraiment passée plus de 300 pages sur 500 : je suis désormais partisan de l'efficacité, donc pour moi cela ne va pas ! De plus si c'était  fort aimable de la part de l'auteur de résumé dans ce tome 2 son tome 1 (d'ailleurs tous les auteurs devrait le faire, n'est-ce pas GRR Martin ? ^^), force est de constater que c'était assez maladroitement fait. A sa décharge je n'ai pas cru une seconde à son utopie libertarienne car depuis les années 1970 toutes les décisions prises par la ploutocratie mondialisée nous obligent à considérer que demain sera pire qu'aujourd'hui (c'est le TINA reagano-thatchérien que nous subissons chaque jour que les dieux font et qui nous impose le monde de merde dans lequel nous vivons !)...
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