[Cycle] Ciaphas Cain / Sandy Mitchell

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Albéric
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[Cycle] Ciaphas Cain / Sandy Mitchell

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Résumé de Pour l'empereur :
Le commissaire Ciaphas Cain, héros de l'Imperium, est réputé à travers toute la galaxie pour sa bravoure et son héroïsme. Envoyé sur un monde frontalier de l'empire Tau, Cain et ses hommes doivent maintenir le calme parmi la population humaine. Toutefois, l'ambassadeur xenos est assassiné et la situation devient rapidement incontrôlable. Cain et son régiment de Valhalla se retrouvent en plein milieu d'une guerre civile difficile à contenir. Le héros du peuple parviendra-t-il à découvrir le vrai responsable
des événements tragiques qui embrasent la planète avant qu'elle ne soit perdue pour l'Imperium ?

Rendons à César ce qui appartient à César : c’est la critique de fnitter qui m’a donné envie de me lancer dans cette série.
J’ai tout de suite vu qu’on empruntait aux très populaires outre-manche (més)aventures de Sir Harry Paget Flashman, antihéros victorien créé par George MacDonald Fraser pour démonter en bonnes et dues formes l’idéologie raciste, machiste et impérialiste de cette époque regrettée avec nostalgie par les conservateurs britanniques. D’ailleurs le 2 séries sont présentées sous formes d’archives : les mémoires du personnage ont été remaniées par un tierce personne car trop bordéliques pour être publiées tel quel…
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Comme Flashman, Ciaphas Cain est lâche et égoïste, pleutre et menteur, rusé et manipulateur, toujours prompt à rester planqué ou à tire les marrons du feu. Il n'a mérité aucune des récompenses qu'il a reçues, et s’en moque éperdument car il chanceux et malin. Sauf qu’au fil du temps sa réputation augmente, et qu’il se retrouve pris au piège de sa propre légende en gestation : supérieurs et subordonnés attendent de lui qu’il résolve tous les problèmes possibles et imaginables. De temps à autres l’auteur oublie (ou pas ^^) qu’il est dans l’univers Warhammer 40000 et nous gratifie de piques contre sa Gracieuse Majesté ou contre la propagande impérialiste naguère utilisée par les Rosbeefs et désormais utilisée par les Yankees (la simple protection des intérêts commerciaux est toujours synonymes de conquête à court terme et d’annexion à moyen terme pour les malheureuse victimes désignées)
Néanmoins le personnage remanié par Sandy Mitchell reste sympathique, car débarrassé des aspects les plus détestables de son modèle d’origine (Flashman était un butor misogyne persuadé que les femmes n’existent que pour se pâmer à ses pieds et satisfaire tous ses fantasmes… Ouf amies lectrices, on l’a échappée belle ! ^^).
Il est même attachant dans sa manière de cacher ses véritables origines, dans sa manière de constamment se dénigrer alors qu’il n’est pas si mauvais que cela, dans la manière dont il finalement il essaie de protéger ceux dont il a la charge, dans sa relation avec le loyal mais singulier Ferik Jurgen, et bien sûr dans son histoire d’amour vache avec celle avec laquelle il ne pourra jamais conclure… Presque un anti-Flashman en fait ! mdr

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C’est en cours de lecture que j’ai également identifié les emprunts à la série Blackadder, plus précisément à la saison 4 intitulée Blackadder Goes Forth qui se déroule durant la Première Guerre Mondiale :
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- le capitaine Blackadder (interprété par Roman Atkison) qui fait tout pour ne jamais donner l’assaut sur la tranchée adverse, c’est notre sympathique froussard héroïque
- l’ordonnance S. Baldrick et ses problème hygiéniques et vestimentaires, c’est discret mais loyal Ferik Jurgen
- l’idéaliste lieutenant George Barleigh (interprété par Hugh Laurie alias Docteur House), c’est la lieutenante Fenit Sulla qui meurt d’envie d’accomplir moult actes héroïques pour entrer dans l’Histoire militaire
- les rôles du général Melchett (interprété par Stephen Fry) et du capitaine Darling qui ne peut pas saquer Blackadder, sont repris par le Seigneur Général Zyvan et colonel Mostrue, qui ne peut pas saquer Ciaphas Cain

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Dans ce tome 1, Ciaphas Cain nouvellement muté doit affronter un nouvel avatar de la guerre des sexes entre le régiment masculin du 301e Vahalla et le régiment féminin du 269e Valhalla. Et cela commence très mal par une émeute au mess qui dégénère en bain de sang et s’achève à la cour martiale de la flotte impériale (qui a dit parodie du JAG ? ^^) par 5 condamnations à mort ! Notre antihéros et son régiment réformé du 597e Valhalla sont alors envoyés dans la planète Gravalax, un trou paumé de l’espace au bord de la guerre civile : les Loyalistes n’attendent qu’une occasion de donner l’assaut au palais de l’ambassadeur Tau, et les Xénoistes n’attendent qu’une occasion de donner l’assaut au palais du gouverneur…Et comme les 2 camps ont réussi à infiltrer à proportion égales les unités des Forces de Défense Planétaire, tout le monde n’attend qu’une occasion de se mettre joyeusement sur la gueule… Donc la capitale est une véritable poudrière où cela peut vite mitrailler sec !
Or l’Imperium a d’autres chats à fouetter de combattre la technosorcellerie tau dans un trou paumé de l’espace, et l’Empire Tau a d’autres chats a fouetter que de s’enliser dans un guerre d’usure avec la Garde Impériale dans un trou paumé de l’espace… Bref, les autorités humaines et extraterrestres collaborent plus ou moins pour empêcher les choses de déraper ou de dégénérer…
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Mais un assassinat hautement symbolique met le feu aux poudres et tout part rapidement en cacahouètes ! lol
Le Commissaire Ciaphas Cain et une sémillante inquisitrice aux cheveux blonds et aux yeux bleus, doivent enquêter sur les véritables instigateurs du chaos… Ils explorent les égouts de la capitale planétaire en prenant la tête d’un commando disciplinaire composé… des fortes têtes condamnées par Ciaphas Cain au début du roman ! Qui a dit mission suicide ? mdr
J’appelle les Douze Salopards divisés par 2 :
- Bella Trebek, spécialiste du close combat
- Tobias Kelp, une brute vicieuse
- Tomas Hobenbi, un infirmier geignard
- Grieslda Veladde, poissarde de service
- Maxim Sorel, un tireur d’élite au sang froid et aux nerfs d’acier
Et ce n’est qu’en collaborant à plusieurs reprises avec les Xenos honnis et maudits que notre froussard héroïque aura peut-être une chance de sauver sa peau et de pouvoir remonter à la surface pour avertir les uns et les autres du grave danger qui les menace tous. D’autant plus que la mission tourne vite au cauchemar, puis à l’horreur une fois démasqués les traîtres à l’humanité…
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On alterne combats de blindés, gunfights au pistolaser et duel à l’épée tronçonneuse… Longue vie au cape & laser !!!


C’est bien souvent le jeu de la narration à la 1ère personne, mais les personnages secondaires manquent souvent d’épaisseur. Pire lors de l’opération commando dans les égouts, comme dans un mauvais slasher on les met en avant et les développe juste un peu avant qu’ils ne meurent (salement le plus souvent). Il n’y guère que notre sémillante inquisitrice transformiste qui tire son épingle du jeu en entraînant dans son sillage notre froussard héroïque. C’est dommage, car il y avait clairement matière à faire avec cette galerie de personnages parfois hauts en couleurs…
Sinon on est entre les intrigues et les investigations de la trilogie Eisenhorn et les scènes d’action des Fantômes de Gaunt. On est un ton en dessous des 2 cycles de Dan Abnett, auteur phare de la franchise Warhammer 40000 à laquelle Sandy Mitchell fait quelques emprunts comme les psykers négatifs ou le frère caché de Cuu le psychopathe) mais on est d’abord et surtout dans un récit assez pour ne pas dire très 2e degré car l’humour est omniprésent à plusieurs niveaux :
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- un 1er niveau dans le comique de situation (voire de répétition, dont use parfois un peu trop l’auteur), les ennuis ayant la fâcheuse habitude de suivre à la trace Ciaphas Cain, lui-même assez régulièrement victime de la fameuse Loi de Murphy
- un 2e niveau, avec les commentaires de Ciaphas Cain plein d’ironie et de sarcasme sur lui-même, ses actes supposés héroïques et la manière dont tout le monde se trompe sur sa personne et ses intentions
- un 3e niveau avec les notes de bas de page de l’Inquisitrice Amberley Vail qui commente les commentaires de Ciaphas Cain, montrant que le mine de rien notre froussard héroïques est finalement plus héroïque que froussard
- un 4e niveau avec les extraits des récits qui sont là pour nous donner une vue d’ensemble sur le conflit en cours :
« Exterminez les coupables ! Un compte rendu impartial de la libération de Gravalax », écrit par Stententious Logar, un gros con démagogue qui gobe tout ce que balance la propagande impériale et passe son temps à cracher son venin sur le libéralisme, le libre échange et les libres marchands…
« Comme le Phénix Naît des Flammes ; la fondation du 597e », écrit par la Générale Fenit Sulla (qui n’est encore que lieutenante dans le présent opus), qui s’y croit à mort en faisant de l’epicness to the max, quitte à reprendre quelques citations du gros bourrin d’Apocalypse Now qui aime l’odeur du napalm petit matin… ^^
Les deux témoignages se contredisent joyeusement sur toute la ligne, et tous deux sont bien loin de la vérité telle qu’elle est contée par le Commissaire Ciaphas Cain ou explicitée par l’Inquisitrice Amberley Vail… ^^

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Bref de la littérature franchisée bien troussée, qui ici prend la forme d’un petit roman dense et rythmé qui mélange habilement action et humour. C’est même presque dommage que l’auteur (ou le traducteur Gilles Chassignol, on ne sait jamais…) n’ait pas eu davantage d’ambitions littéraires, car une prose une peu plus travaillée aurait apporté une jolie plus value à l’ensemble et j’aurais pris encore plus de plaisir à ce premier opus.
La série toujours en cours compte à ce jour 9 tomes. J’ai un peu peur que la formule se s’essouffle à moins d’y insuffler une dose de « vachement bien » (Steven Brust copyright). Quand je vois les jeux de mots des titres des derniers volumes en date, j’ai bon espoir de prend encore beaucoup de plaisir par la suite !

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PS : j’ai lu Pour l’Empereur dans l’omnibus Ciaphas Cain, Héros de l’Imperium, et la structure du recueil évente un peu le suspens puisque qu’à chaque fois l’ennemi du roman à venir est mis à l’honneur dans la nouvelle qui le précède…
Modifié en dernier par Albéric le 28 déc. 2014, 17:53, modifié 1 fois.
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Albéric
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Re: [Cycle] Ciaphas Cain / Sandy Mitchell

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Résumé du tome 2 : Labyrinthe de glace
Le commissaire Ciaphas Cain : héros de l'Imperium, respecté par ses pairs et une inspiration pour ses hommes — c'est du moins ce que le miroir déformant de l'Histoire aimerait vous faire croire. La réalité est bien différente, étant donné que Cain cherche avant tout à éviter les ennuis. Alors qu'il est affecté, avec son régiment de gardes de Valhalla, sur le monde glaciaire de Simia Orichalcæ, sa quête d'une petite existence tranquille est soudainement interrompue lorsque l'agitation gagne les ouvriers de la mine. Des rumeurs concernant une présence malveillante circulent dans cette insignifiante colonie minière reculée et Cain est désigné pour enquêter sur les événements mystérieux qui s'y déroulent.
A son insu, la planète se trouve sur le passage d'une incursion ork de grande envergure et, alors que les peaux vertes se lancent à l'assaut, une puissance maléfique commence à s'agiter au plus profond des cavernes de glace.

Dans ce tome 2 des archives Cain, notre commissaire militaire après avoir empêché de s’entre-tuer les membres masculins du 301e Vahalla et les membres féminines du 269e Valhalla, doit empêcher les rapprochements trop intimes au sein du tout nouveau tout beau 597e Vahalla… ^^
Mais rapidement on sonne le rappel des troupes et pour se porter au secours d’une immense raffinerie de prométhéum située sur le monde glaciaire de Simia Orichalcae, menacée par l’amorce d’une waaagh ork qui se rapproche de sa position.
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Le roman est construit de la même façon que le premier, c’est-à-dire que l’inquisitrice Amberbey nous présente un récit tiré du foutoir autographique du légendaire commissaire Ciaphas Cain. Donc on retrouve à plusieurs niveaux le chassé-croisé entre comique de situation et comique de répétition avec les remarques sarcastiques et les autodénigrement de Cain, les notes de pages malicieuses d’Amberley, les digression sur l’apparence et l’odeur de Jurgen, la régulière annonce des emmerdes à venir, et cerise sur le gâteau, les extraits des mémoires de Jenit Sulla, qui ressemble de plus à la version féminine de l'adjudant Édouard Mahuzard des Morfalous (oui, celui qui pense que toute perte inférieure à 100% est négligeable dans l’accomplissement de la mission).

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Labyrinthe de glace sort donc du même moule que Pour l’Empereur ! puisque Ciaphas Cain et son majordome malodorant passe le plus clair du roman dans les tunnels qui s’étendent en dessous du site industriel tandis que le 597e Vahalla est chargé de contenir la waaagh ork en surface. Sauf que dans le tome 1, c’était l’inquisitrice Amberley Vaill qui avait réquisitionne Cain pour sa mission suicide souterraine, alors qu’ici c’est de son plein gré qu’il va fureter en sous-sol (pour échapper au froid, aux combat et à ses soi-disant crises d’agoraphobie qui surviennent toujours durant les conflits).
En plus, ce couillon s’y colle 3 fois, et à chaque fois c’est pire que la fois d’avant. Parce qu’on est un peu quand même dans un slasher de science-fiction !!!

Les clins d’œil à Predator, Aliens, Predator versus Alien, Jason Vorhees (Vendredi 13), Leatherface (Massacre à la tronçonneuse), Terminator, Le Trou Noir (déjà mis à contribution par Dan Abnett dans Eisenhorn, le capitaine Reinhardt et l’inquiétant Maximilian étant ici remplacés par le capitaine Durant et la sinistre Mazarine), Les Montagnes Hallucinées (Lovecraft)… sont réjouissants pour qui apprécie le genre horrifique.
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Car tous les codes dudit genre sont ici détournés : la mystérieuse série de disparitions / accidents / meurtres, le groupe qui se sépare (et dont on ne reverra jamais les membres qui partent à gauche… ^^), les traînards qui disparaissent dans les sombres tunnels souterrains, la monstrueuses créature venue d’ailleurs, pas si esseulée qu’on voudrait bien le croire, le geek tourmenté par une curiosité qui va provoquer moult catastrophes; la sombre conspiration pour amener des colons sur un site xénos dangereux voire mortel, les notables qui devant le danger préfèrent parler productivité et rentabilité, les horreurs indicibles et leur aura de terreur nécessitant plusieurs jets de SAN pour ne pas sombrer dans folie (les joueurs de L’Appel de Cthulhu comprendront ^^)…
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Pour parfaire le tableau, il ne manquait plus que la bimbo blonde s’écriant « on va tous mourir ! » ^^

Au final un bon moment de littérature populaire, un peu gâché par une fin quelque peu expédié (je commence à avoir l’habitude avec les auteurs de SFFF anglais) et par un manque d’ambition dans la prose et le style, bref dans la littéralité. J’ai presque envie d’enchaîner de suite avec la suite intitulé La Main du traître !

PS : en cours de lecture, soyez attentif pour repérer le pilote fan d’une vieille série intitulée Les Têtes brûlées... ^^
[video]http://www.youtube.com/watch?v=yvIypwzeAG8[/video]
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