Résumé du tome 3 : Les Feux d'Azeroth
Une forêt luxuriante, une rivière ombragée par des chênes magnifiques... Vraiment un endroit paisible où il ferait bon se reposer ! Mais Morgane et Vanye n'ont pas le temps de s'attarder. Ils ont une tâche à accomplir : fermer la dernière Porte Temporelle.
Hélas, ils ne sont pas les seuls à la rechercher ! Roh, le cousin de Vanye, les a précédés à la tête d'une horde de Qhals, de Bâtards et d'hommes des marécages qui ont fui Shiuan dévasté. Des êtres impitoyables que rien n'arrête... Pour eux, pas question de laisser Morgane obstruer le passage vers d'autres mondes !
La lutte est inégale et la mission de la Reine Blanche bien périlleuse. Surtout qu'ici, à Azeroth, Qhals et humains vivent en harmonie. Morgane va-t-elle une fois encore, malgré elle, semer la désolation et provoquer la guerre ? Rude destin que le sien...
Toujours merci à finitysend qui m’a donné envie de me lancer dans les univers
C. J. Cherryh. Après la belle découverte des
Portes d’Ivrel et la jolie confirmation du
Puits de Shiuan,
Les Feux d’Azeroth m’ont un peu déçu. Ce qui est un peu normal pour le 3e opus d’un cycle qui mise surtout sur son ambiance mélancolique.

La formule du cycle repose sur un équilibre entre les dits, les non-dits et les descriptifs des mondes traversés, sauf qu’après les descriptions des paysages enneigés d’Andur-Kurh et les descriptions des paysages immergés de Shiuan, j’attendais beaucoup plus de celles des paysages sylvestres de Slathan… L’équilibre rompu, le roman d’ambiance devient vite bancal avec la multiplicité des non-dits habituels, même si le duo entre Morgane l’impitoyable et Vanye de le compatissant continue de fonctionner. Les personnages secondaires sont un poil plus présent que dans les tomes précédents avec Merir le sage (une sorte d’Elrond), Lellin et Sezar, le reflet du duo Morgane / Vanye, Hetharu, Shien et Fwar les leaders des envahisseurs, mais force est de constater que le conflit intérieur entre le noble Roh et le vil Zri/Liell n’est pas spécialement bien rendu. J’ai même trouvé ce tome plus verbeux que les précédents avec pas mal de digressions linguistiques durant la mise en place du roman.
Une fois n’est pas coutume la série commence par une ellipse : après avoir franchi la Porte des Etoiles, Morgane et Vanye se perdent dans la sylve de Slathan, tandis quel la horde de 100 000 pillards et réfugiés qui les ont suivi commencent la conquête d’Azeroth, une planète qui n’a pas connu la guerre depuis 1500 ans.
Depuis le tome 1, il existe des ponts avec la mélancolie tolkienienne (Changeling pouvant être un lointain parent de l’Anneau Unique). C’est ici encore plus sensible avec les Qujals sylvestres possédant sagesse immémoriale, longévité mais faible fertilité, obliger de composer avec humains éphémères certes mais ô bien plus nombreux.

Depuis le tome 1, il existe des ponts avec la geste arthurienne (ainsi par exemple Morgane et Vanye partageant la même couche séparés par le tranchant d’une épée). L’auteure a beau brouiller les pistes avec en emmêlant plusieurs types de féodalités, tout tourne autour des liens entre Vanye le vassal qui pioche chez Lancelot, Perceval et Yvain, et Morgane la suzeraine qui pioche chez Arthur, Guenièvre et Merlin.

Depuis le tome 1, il existe des thématiques écologiques et sociales étroitement liées :
- c’est l’abus de magie d’un tyran qhal qui a provoqué le refroidissement d’Andur-Kursh
- c’est l’abus de magie d’une oligarchie qhale qui a provoqué l’engloutissement de Shiuan
- c’est les Qhals encore, qui ici menacent de détruire le bel équilibre social et écologique qui a été établi entre leurs lointains frères de race qui ayant décidé que les inégalités ne menaient absolument nulle part à long terme vivent en harmonie avec leurs anciens serviteurs humains et les Harilims indigènes (qui ici jouent presque le rôle des esprits des bois des récits de chevalerie)
Liberté, égalité, fraternité, sans haine ni violence, sans mépris ni indifférence : certains ont tout compris hein !
Comme d’habitude on vit le récit à travers Vanye, et là apparaissent des redondances car la suzeraine Morgane qui se carapate pour laisser son vassal Vanye aux mains de l’ennemi pour la 3e fois… Et donc Vanye capturé et Morgane en cavale, on ne fait qu’effleurer les querelles de pouvoir parmi les envahisseurs venus de la Porte des Etoiles.
Car d’un côté il existe une opposition ethnique entre les Hias, dont le peuple a déjà traversé une Porte il y a mille ans de cela, les Shias, qui viennent de traverser une porte pour la première fois en passant d’un monde liquide à un monde sylvestre, et les Khals sang-mêlés mis au fait des secrets des Portes depuis des lustres.
Car d’un autre côté, il existe une opposition entre les anciens maîtres qui veulent rétablir leur domination et leurs privilèges et les anciens serviteurs qui veulent faire du passé table rase. Qui a dit lutte des classes ? ^^
Bon nombre d’œuvres de l’auteur présentent d’une manière ou d’une autre les difficiles relations entre maîtres et/ou classes supérieurs, et serviteurs et/ou classes inférieures. Dans cette optique, l’épilogue de ce tome 3 apporte une belle note d’optimisme quant aux relations Qhals / Humains à travers un duo adolescent plein d’espoirs pour l’avenir de leurs peuples…
Pour finir, j’ajoute que les fins connaisseurs des cultures antiques pourront trouver du plaisir à repérer tel ou tel clin d’œil, comme le détournement de la célèbre phrase de l’empereur romain Caligula « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent ! », qui ici sert de maxime aux homines crevarices habituels (et j’ai bien peur qu’IRL se soit également la même chose…).
PS : c’est dingue comment la franchise Stargate a pillé cette saga, si on remplace le background moyenâgeux par un background égyptianisant, c’est quasiment la même chose sur tellement de points que cela méritait un article à part entière !
