Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Épisode IV : Un Nouvel Espoir
C'est une époque de guerre civile. A bord de vaisseaux spatiaux opérant à partir de bases inconnues, les rebelles enchaînent défaites sur défaites face à l'abominable Empire Galactique. Mais quand l'Impératrice Lionnepierre XIV décrète la proscription du Seigneur de Virimonde Owen Traquemort, personne ne sait encore qu'elle vient d'offrir à la résistance sa plus grande chance de victoire...
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https://www.youtube.com/watch?v=tGsKzZtRwxw[/video]
Après la saga de la famille Skywalker, la saga de la famille Deathstalker ? Merci bien à
Simon R. Green !!!
Sur de bons conseils (merci Tarentio, arsenie, Ryuuchan, fnitter) je me suis lancé dans ce bon gros cycle. Et grand bien m'en a pris car l'auteur anglais nous offre un space-opera classique certes, mais carrément jouissif. Enfin des livres de SF qui offrent les mêmes sensations que les films de
George Lucas !
On sent les saines références en matière de space-opera : les héritiers de
Buck Rogers et de
Flash Gordon, magnifiés par le duo formé par
Edmond Hamilton et
Leigh Brackett, les pape et papesse du genre, sont associés au
Dune de
Frank Herbert (le premier, celui qui est presque fantasy avec sa féodalité et ses vendettas intersidérales, pas les autres avec leurs réflexions philosophiques qui n'en finissent plus...), à la saga
Starwars (empire, rebelles, contrebandiers...), à l'univers
WK40000 (mutants, hérétiques, xénos...) et à quelques trucs cyperpunk bien sentis !
Mieux, on sent que les Traquemorts pourraient constituer une version mainstream des
Métabarons de
Jodorowsky. C'est le jeu des influences croisées, vu que ce dernier est le revival grimm & gritty de
Dune...
Mieux, on sent arriver à grands pas
Farscape, la série télé SF la plus cool de tous les temps !!! Cathy DeVries, l’assassine contorsionniste, c’est quasiment Jenavian Charto la courtisane espionne de l’épisode multiple
Look at the Princess. C'est le jeu des influences croisées, vu que ce dernier est le revival grimm & gritty de
Buck Rogers...
Et en plus, le Labyrinthe de la Folie, plus qu’un clin d’œil est un chouette emprunte à la Marelle d’Ambre de
Roger Zelazny : Simon R. Green est vraiment un auteur populares comme je les aime !
Les héros sont très sympathiques et on les adore tout de suite, les méchants sont très antipathiques et on les déteste tout de suite, et certains passent d'un camp à l'autre au fil des péripéties. ^^
Les chapitres se déroulant sur Golgotha sont tous assez tragiques, avec Lionnepierre et Dram qui complotent, psychotent et manipulent à qui mieux-mieux, le clan Wolfe qui résolument décidé joué le rôle jadis dévolu au clan Harkonnen dans la saga Dune, et d'un autre côté Finlay Campell qui seul contre tous se la joue Flash Gordon.

En face, en cavale de Virimonde à Habiden en passant par Brumemonde et Shandrakor, on a des rebelles multipliant un peu les vannes : les différent métiers d'Hazel, tous moins reluisants les uns que les autres, les vieux souvenirs de Jack Hazard, Giles Traquemort qui se la joue
Harlock de
Leiji Matsumoto (ah ça,
Le Dernier Bastion vaut bien
l'Arcadia !) ou
Ivanhoé de
Sir Walter Scott (de l'honneur, de l'honneur et encore de l'honneur !), Tobias Lune l'épéiste cyborg pince-sans rire à la recherche de ses origines, Rubis Voyage la chasseuse de prime alcoolique et amorale qui se demande bien pourquoi elle a rejoint cette bande de bras cassés... et Owen Traquemort le bobo geek passionné d'histoire condamné à être le héros de la galaxie !
C'est super sympa de retrouver les détournements de personnages de la saga légendaire :
- Luke le paysan voulant devenir guerrier devient Owen le guerrier voulant devenir historien
- Leia se dédouble en Hazel d’Ark, qui emprunte presque tout autant à Han Solo, et en Evangeline Shreck
- Rubis Voyage emprunte autant à et Lando Calrissian qu’à Boba Fett
- Obiwan Kenobi et Maître Yoda se retrouvent alternativement dans Jack Hasard le vieux rebelle dépressif et dans Giles Traquemort le vieux général old school
- C6PO le droïde diplomate devient Tobias Lune le cyborg guerrier
- R2D2 le droïde roublard devient Ozymandias l'IA chafouine
- Chewbacca le boute-en-train devient Wulf le loup-garou philosophe
- Dark le bras droit de l'empereur devient Dram le premier guerrier de l'empire
- l'empereur Palpatine devient l'impératrice Lionnepierre
En plus, l'auteur assume cela avec des clins d’œil aussi réjouissants que savoureux, un joli festival que tout amateur de SFFF populaire va apprécier à sa juste valeur, contrairement à certains commissaires littéraires :
- Comment s’appelle le héros qui ne veut pas participer aux games of thrones de l’empire et qui vit sur une planète paumée ? Owen. Comme l’oncle de Luke Skywalker qui vie sur une planète paumée et qui veut rester à l’écart des grandes manœuvres de l’empire…
- Quel est le mot de passe de la résistance à l’empire ? « Nouvel Espoir ». Comme l’épisode IV de Starwars. mdr
Et pour ne rien gâcher c'est truffé de piques anti homines crevarices. Passé un cap, ce n'est pas très subtile, l'auteur se répétant dans ses diatribes contre les aristos qui se croient au-dessus du commun des mortels et qui n’hésitent pas à tirer dans le tas pour que la plèbe reste à la place qui est la sienne c'est-à-dire obéir et servir... L'auteur est anglais et écrit sa saga au lendemain des détestables années fric, ceci explique cela.
Ainsi l'impératrice Lionnepierre XIV, Caligula au féminin persuadée que la réalité doit se plier à ses caprices d'enfant pourrie gâtée (Cersei de
GoT, je te vois !), règne sur les quarterons d'aristocrates sociopathes de la Chambre des Lords, et sur des pléthores de ploutocrates comploteurs de la Chambre des Communes. Derrière la Garce de Fer, l'auteur ne se donne ainsi même pas la peine de cacher son aversion pour le modèle d'origine : la détestable et détestée Dame de Fer, alias feue Margaret Thatcher, qui fut bien accueillie en bas…
Sur le fond, mine de rien tout y est pour les amateurs de SF cool et fun, mais pas prise de tête :
- les IA rebelles de Shub qui autant qu’à celles des
Cantos d’Hypérion de
Dan Simmons, ressemblent aux machines des
Berserkers de
Fred Saberhagen, donc on est entre le Skynet de la saga
Terminator et les horreurs nekrons de
WK40000
et c’est un peu vrai que guerriers fantômes cybernétiques ressemblent à une horde de morts-vivant…
-
Matrix ? Vous avez dit Matrix ? Comme c’est Matrix avec les mystères de la matrice avec les cyber-rats (qui sans surprise appartiennent clairement à la très rebelle littérature cyberpunk)
- la cybernétique, avec les humains améliorés d'Habiden-la-Perdue (cf. les silicates de
Space 2063)

- les psioniques (avec le Kwizach Haderach de
Dune, mais aussi le corps psi et la drogue psi qui semblent tirés de la série TV culte
Babylone V qui elle-même reprenait les œuvres d’
Alfred Bester sur le sujet) et les mutants dotés de super-pouvoirs (
X-Men forever !), défendus par les terroristes elfes (sur lesquels le commissaire littéraire de Bifrost n’a pas manqué de rager, alors qu’il n’a même vu qu’il s’agissait juste d’un jeu de mot acronymique sur l’Espsi Front of Liberation, mais bon depuis quand les dézingueurs du dimanche sont-ils de bonne foi ?)

- les aliens avec la foire aux monstres du Défilé des Innombrables, mais aussi les Dormeurs de Grendel, frères bodybuildés du Gritch, et les mystérieuses 2 nouvelles races présentées comme agressives et technologiquement plus avancées que l’humanité

Il y a là-dedans pas mal de foreshadowing, puisque que ce tome 1 bien rempli ne fait parfois qu’effleureur ou évoquer ces différents éléments appelés à jouer des rôles de plus en plus importants dans les suites…
Nous sommes ici clairement dans l’un des nombreux enfants du roman feuilleton, éminent avatar de l’universalité et de la pérennité de la culture populaire. Et comme dans tous les grandes populaires, on fait la part belle au tragi-comique, mais pour que cela marche il faut que le dosage soit bien réussi et que comique marche aussi bien que le tragique.
Je dois avouer que le comique n’a marché qu’une fois sur deux avec moi, la faute au comique de répétition certes mais aussi à des répétitions pure et simples dues aux techniques d’écritures de l’auteur qui nous a gratifié de 50 ans bouquins très cool en moins de 25 ans. Effectivement à ce niveau-là c’est moins fignolé que les auteurs qui ont bichonné des années durant l’œuvre de leur vie…
Mais cela fait quand même bizarre, d’autant plus que comme les chapitres, qui constituent autant d’épisode d’un feuilleton, sont longs, de passer des sanglants combats des arènes aux joutes verbales entre Owen et Hazel ; de l’exploration de Grendel par l’équipe du capitaine John Silence digne de la saga Alien à phase de recrutement sur Brumemonde (où s’ils rebellent restent en vie, c’est qu’ils parce qu’ils n’ont aucun sens de l’orientation, et que leurs poursuivants se tirent dans le pattes quand Tobias Lune ne leur tombe pas dessus à bras raccourcis… alors qu’à chaque étape on tombe sur de vieilles connaissance d’Hazel, qui meurent d’envie de raconter à Owen quelques anecdotes croustillantes sur son passé tout pourri…), ou de la glauquissime attaque du Silo 29 à un comité de réunion de réunion du Scooby Gang de rébellion.
Parfois c’est même d’un paragraphe à l’autre qu’on change radicalement de ton voire de registre…
Comme Stevie Blue n°4 qui après avoir entartrée l’impératrice se fait mettre en pièces par ses dames de compagnies cannibales qui ressemblent peu ou prou aux dévoreuses d’abyssaux du seinen
Claymore…

Petit bémol également, le dénouement de cet tome 1 n'ait pas été à la hauteur de mes espérances (d’un autre côté, tout le reste était tellement alléchant, que j’avais mis la barre un peu trop haut hein…) : les deus ex machina sont nombreux, pas très exploités (où sont donc les pouvoirs et les superpouvoirs que les rebelles se vantent de posséder ?), la plus grosse baston est traitée hors champ, le comic relief vient casser le côté epicness to the max, et tout est bien qui finit bien... Quant au grosbilisme shonenesque, on l'aime ou on le déteste, mais bon cela participe à la coolitude du truc. Qu’importe, j’ai envie de kiffer cette série !
Au final on s’éclate avec ce chouette cycle de cape & laser, le tout étant clairement supérieur à la somme des parties malgré des trucs pulpiens un peu prévisibles et un comique de répétition pas toujours super efficace.
Le résultat est même assez populares, et c’est une preuve de plus qu’on adresse à tous les publics, pour être transposé sans grande difficultés à un univers fantasy (on voit bien que l’américain
Brent Weeks et le frenchie
Thomas John lui empruntent mine de rien pas mal de trucs très cool), un univers fantastique ou un univers historique (je crois même qu’on pourrait aller sans difficultés vers un peplum grimm & gritty à la Spartacus vu comment sont réussies les scènes de gladiature).
Sur ce je vous laisse à vos lectures, car je m'en vais de ce pas rejoindre mes compagnons de la rébellion...
La lutte contre la Garce de Fer Lionnepierre XIV continue mes amis ! Justice Forever ^^
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https://www.youtube.com/watch?v=cxezTlYuZuk[/video]
PS :
A cause des hipsters qui ne jurent que par la SF intello, le grand public voit le genre comme des livres chiants et compliqués nécessitant un master en sciences pour être lisibles. Or il faut de tout pour faire un monde, alors si vous avez kiffé l'attaque de l’Étoile Noire et la Bataille d'Endor, dites non à la dictature de l’élitisme et de l'intellectualisme franco-français et venez rejoindre la rébellion en lisant l'« insipide » (sic) Owen Traquemort, l'« insupportable » (sic) Honor Harrington ou l'« ennuyant » (sic) Miles Vorkosigan...