
Tout émoustillé par la Fille Automate que j’ai lu le mois dernier, et bien qu’il soit estampillé « jeunesse », j’ai emprunté Ferrailleurs des Mers dès que je l’ai vu à la médiathèque. Et résultat des courses, je n’ai pas été déçu ! Paolo Bacigalupi transforme l’essai de brillante manière et vient de rejoindre le club select de mes auteurs fétiches aux côtés de Miéville, Bordage, Damasio ou McDonald.Fin du XXIe siècle, ère post-pétrole, les États-Unis sombrent dans le tiers-monde. Dans un bidonville côtier de Louisiane, Nailer, un jeune ferrailleur, dépouille avec d'autres adolescents les carcasses de vieux pétroliers pour récupérer des métaux qu'ils revendent pour survivre. Mais un jour, il découvre un voilier naufragé ultramoderne qui renferme des richesses phénoménales et une belle jeune fille en très mauvaise posture.
Nailer va-t-il la sacrifier pour partager le trésor avec les siens, ou la sauver et vivre les aventures maritimes dont il rêve depuis toujours ?
Finaliste du National Book Award, prix Locus du premier roman jeunesse, best-seller aux USA, un phénoménal roman d'aventures pirates !
Ferrailleurs des mers se passe dans le même monde en déliquescence que la Fille Automate. L’action se situe en Louisiane sur les côtes du golfe du Mexique. Les Etats-Unis se sont pris la crise due au chaos de l’ère post-pétrole de plein fouet et sont, en une petite centaine d’années, devenus un pays présentant tous les stigmates du sous-développement : misère, famines, épidémies… La vie est âpre et courte.
Nailer est un jeune ferrailleur. Avec son équipe de « légers » il dépèce les supertankers échoués sur les plages du bidonville de Bright Sands Beach. Le travail est rude mais au moins n’est-il pas obligé de se prostituer ou de vendre ses organes pour survivre. Sa vie est rythmée par les éreintantes et dangereuses journées de travail et les raclées que lui colle son alcoolique de père. Comme tous ces forçats de misère, il rêve de réaliser le « Lucky Strike » qui lui permettrait de s’enfuir à bord d’un voilier.
Sa vie va basculer quand au sortir d’un titanesque ouragan, Nailer va découvrir, échoué au fond d’une crique isolée, l’épave d’un navire rempli à ras bord de trésors technologiques. Lucky Strike ?
Je trouve juste dommage, que le roman ait été écrit en catégorie « Young Adult ». On est pas pris au piège notez bien et de plus, et surtout il n’y a rien de rédhibitoire. Tout juste peut-on signaler la facilité déconcertante qu’ont parfois les personnages à se sortir des situations les plus épineuses. Mais le plus dérangeant à mon goût est le manque de crédibilité de certaines conversations entre adultes et adolescents. Mais bon ce n’est pas vraiment gênant, le roman fait même preuve d’une étonnante maturité dans son world-building, et on échappe par bonheur à l’intrigue à 2 balles (l’ado qui sauve le monde) et aux personnages caricaturaux qui sont monnaie courante en « YA ».
Ces réserves mises à part, Ferrailleurs des Mers est excellent. C’est dépaysant de par son cadre : un chantier-naval de démantèlement et un bidonville, ça change des châteaux-forts et astroports. C’est haletant à l’image d’une des premières scènes où Nailer explore les soutes d’un tanker. C’est aussi parfois surprenant là où on ne s’y attend pas. Tool, le mi-bête est un personnage très intéressant. On ne fait que l’effleurer mais j’aimerai beaucoup en savoir plus sur lui par la suite. Ce qui ne devrait pas tarder.
Le second tome de « Ship Breaker » paraîtra en novembre prochain sous le titre « Les Cités Englouties ». Autant dire que j’ai déjà hâte d’y être.